Et si on en parlait :  Mariages précoces au Mali Un mal qui persiste sous nos cieux !

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Le mariage précoce consiste à marier une personne (fille ou fillette) connue ou inconnue contre son gré. Le mariage précoce revêt souvent plusieurs formes. A la  naissance, lorsque le nouveau-né est de sexe féminin, la demande de main est lancée par une autre famille, un allié de la famille ou un ami de la famille. Celui-ci  suit de près l’évolution de l’enfant jusqu’à un certain âge. La plupart du temps, la victime atterrit dans les bras d’un homme déjà marié et est contrainte de vivre avec ce dernier.

Il arrive souvent que ces unions forcées tournent au drame et au divorce, mais la plupart du temps, les victimes n’ont pas d’autre choix  que de résister et de faire face à une responsabilité prématurée. De plus, les filles font souvent l’objet d’enlèvement et de séquestration. Une pratique qui n’est pas visible dans la capitale Bamako, mais qui persiste dans certaines localités de notre pays. Comment peut-on comprendre qu’en ce 21ème  siècle, ce mal puisse toujours persister dans notre pays ? Un homme qui est sur le point de rendre l’âme dans quelques jours, porte son choix sur une fille de 12 à 15 ans. Au Mali, le mariage précoce sur lequel on ne dispose pas de statistiques officielles, touche les jeunes filles de12, 13, 14, 15 ans.  De nombreuses petites filles de cette tranche d’âge sont souvent déscolarisées par les parents pour être mariées de force. Aucune contrée du pays n’échappe à ce phénomène. Malgré l’interdiction du mal par les institutions de Nations-Unies, au Mali, les lois sur papier ont peu d’influence sur la réalité sur le terrain. De nombreuses filles continuent d’être victimes de pratiques traditionnelles comme le mariage précoce qui accroissent leur valeur sur le marché du mariage. La pauvreté de certains parents est à la base de cette pratique.

Il y a six ans, Fatim était élève dans une école à Mopti, une région située à environs 800 kilomètres au Nord du Mali. Aujourd’hui, âgée de 20 ans, Fatim, qui tient ses trois  bébés dans ses bras, regrette son statut matrimonial parce que certaines filles de sa promotion ont déjà obtenu leur baccalauréat, et certaines mêmes sont à l’Université. Elle aurait souhaité poursuivre plus loin ses études et gagné autrement sa vie. Mais, ses parents ont décidé autrement. Victime du mariage précoce, cette dernière mène une lutte quotidienne pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants.

Fatim avait 14 ans lorsqu’elle se retrouva sous le toit d’un homme qui rendait souvent visite à son père.  «Je suis revenue un soir de l’école et comme d’habitude, j’ai fait mes travaux domestiques. Après le repas, je me suis couchée. Dans la nuit, on m’a réveillé et on m’a emmenée de force chez mon mari. Je ne savais pas que mon père arrangeait un mariage  pour moi, sinon j’aurais pu fuir de la maison», raconte-t-elle.

Chaque année,  plusieurs filles sont enlevées pour être mariées de force. Le comble est que ces filles qui sont données en mariage par leurs parents, sont souvent de brillantes à l’école. Tel est le cas de Mariam qui à 13 ans, a été mariée contre sa volonté pendant les vacances dernières. Son défaut, c’est d’avoir vite poussé les seins et d’être très intelligente. «Je n’ai jamais demandé à avoir un mari. Mais, alors que je travaillais bien à l’école, mes parents m’ont enlevée pour me donner  à un homme que je n’aime pas. Un ami de mon père qui venait chez nous à la maison et m’appelait souvent affectueusement ma fille. Je ne savais pas que c’est à cause de moi qu’il était fréquent chez nous et qu’il me donnait parfois de petits cadeaux», témoigne-t-elle, le visage troublant. Voilà en somme le calvaire que vivent dans notre pays, ces fillettes victimes de mariages précoces. Un calvaire auquel on peut bel et bien mettre fin en passant par des campagnes de sensibilisation, d’information et de formations de nos populations.
Destin GNIMADI

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