L’ONG espagnole Cooperacció a organisé, au cours de l’année 2013, plusieurs rencontres avec des organisations féminines maliennes, des ONGs de défense des droits des femmes et de nombreuses personnes ressources, afin de débattre et définir les actions prioritaires à mener le contexte actuel du Mali, à partir des besoins et intérêts exprimés par les femmes elles-mêmes.
C’est le lundi 31 mars dernier qu’a eu lieu la restitution des résultats de ces larges concertations, regroupés dans un document qui a été distribué à un auditoire attentif et dont les conclusions ont été présentées par Me Kadidia Sangaré, Présidente de la CNDH (Commission nationale des droits de l’homme).
Auparavant, dans son discours introductif, la représentante de Coopéracció au Mali, Carolina Martin Tirand, après avoir remercié la Fondation Intervida et l’Agence Espagnole de Coopération Internationale au Développement (AECID), qui financent son programme dans notre pays et qui ont bien voulu soutenir cette initiative inédite avait demandé aux décideurs présents et aux leaders féminins de «bien vouloir tenir compte des demandes et recommandations qui vont être formulées, pour alimenter leurs programmes et leurs stratégies».
Ce sont pas moins de 80 représentantes d’organisations féminines et d’organismes et institutions travaillant pour les droits des femmes, venant de tout le Mali, qui se sont réunies à Bamako en Octobre 2013 pour valider l’état des lieux de la situation des femmes au Mali et les recommandations et autres propositions contenus dans le document. Le processus suivi était des plus participatifs, car l’ONG Cooperacció a organisé, dans le cadre du programme «Contribution à l’exercice des droits sexuels et reproductifs des femmes de Kayes», une première rencontre, en juillet 2013 avec une trentaine d’organisations féminines pour définir un thème général et des thèmes prioritaires.
Par la suite, une rencontre s’est déroulé du 1er au 3 octobre 2013 à la Plateforme de veille pour des élections sans violence et équitables, entre le CNDIFE et le Centre Aoua Kéita. Le document final est le résultat de ces trois jours de travaux et de ceux d’un groupe restreint de personnes ressources. Il fait le point de la situation des femmes au Mali, des principales problématiques et difficultés que rencontrent les femmes et formule des recommandations sur les pistes de solutions à ces problèmes.
Dans la première partie, «Analyse de la situation», l’état des lieux est implacable. Nous citons le document sur les priorités des femmes du Mali, très explicite et assez exhaustif. «Au Mali, les femmes constituent plus de la moitié de la population (50,01%). Cependant, et malgré leur majorité, les femmes sont sujettes aux obstacles liés aux pesanteurs socioculturelles. Le Mali a souscrit à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) du 10 Décembre 1948, à la Charte Africaine des Droits de l’homme et des Peuples (CADPH) du 21 Juin 1981 et au Protocole Additionnel Relatif aux Droits des Femmes en Afrique.
Malgré les efforts d’amélioration du Gouvernement Malien, force est de constater que les femmes, et surtout les femmes issues du milieu rural, n’exercent pas pleinement leurs droits personnels, sociaux et économiques au sein de la famille, des organisations et de la société.
Les principaux problèmes qui persistent et qui empêchent les femmes d’exercer pleinement leurs droits, identifiés par les représentantes d’organisations et institutions qui ont participé à la rencontre, sont: – le taux de pauvreté en général et la pauvreté des femmes en particulier ; – les pesanteurs socioculturelles et religieuses ; – la méconnaissance de leurs droits fondamentaux ; – l’insécurité dans certaines zones du pays et les difficultés pour l’autonomisation économique des femmes. Même si c’est une situation assez généralisée, certains groupes de femmes ont des difficultés particulières: les femmes déplacées et réfugiées, les femmes de retour dans leur lieu d’origine, les femmes vivant dans des régions zones isolées, les femmes en situation de handicap».
S’y ajoutent aussi les difficultés pour garantir la souveraineté alimentaire, y inclus le droit à l’alimentation, le droit à la terre, les droits économiques, l’inadaptation des modèles productifs au travail des femmes rurales, la faiblesse du niveau d’instruction des femmes, le taux d’analphabétisme élevé, les difficultés pour l’accès à l’éducation et le maintien des filles à l’école, les difficultés dans l’accès, le transport, le logement, le mariage précoce.et les mauvaises conditions de santé générale pour beaucoup de femmes.
Et ce n’est malheureusement pas tout le noir tableau de l’existant! Nous y reviendrons très prochainement.
Ramata Diaouré