Entretien avec Mme Coulibaly patronne d’aide ménagère : ‘’Une bonne n’est pas une esclave‘’

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femme xQuelle est la relation qui unit patronne et bonne ?

J’ai toujours entretenue une relation de proximité avec toutes les bonnes qui sont passées chez moi. La bonne entente entre une aide ménagère et une patronne découle de la volonté de chacune d’elles pour entretenir une relation durable. Souvent, le désaccord provient du fait que la bonne est paresseuse. C’est-à-dire qu’elle n’aime pas le travail.

Combien d’heure travail doit effectuer votre bonne ?

Chez nous, en Afrique, il n’y a pas d’heure précise pour le travail des bonnes. Tout dépend des patronnes. Il ya des patronnes qui sont aimables envers les bonnes. Par contre, d’autres sont très dures envers elles. Les relations sont souvent réciproques. Il y a des bonnes qui travaillent du matin au soir, sans repos. D’autres ont la faveur de vire dans une bonne famille dans laquelle elles ont le minimum de respect, de considération et de repos.

Quel est le montant du salaire d’une aide ménagère ?

Le salaire des aides ménagères varie selon les familles d’accueil. Mais, il faut reconnaître qu’il n’est plus facile d’avoir une aide ménagère à Bamako à 5 000 Fcfa par mois. Pour une petite fille, c’est 7 500 Fcfa. Une fille dans une famille décente gagne 15 000 Fcfa, voire 20 000 Fcfa comme salaire suivant le travail qu’elle effectue par jour.

Il y a des patronnes qui gardent le salaire des aides ménagères jusqu’à un certain temps. Ainsi, l’argent accumulé ne sera pas trouvé facilement quand la bonne décide de rentrer au village. C’est souvent ce qui la maintient dans sa famille d’accueil parce que il n’y a pas d’argent pour la payer sur le champ.

Les 52 tombent souvent en état de grosse. Qui est à l’origine ?

La plupart des causes relève de l’irresponsabilité. Souvent, elles usent de tous les moyens pour aller à des rencontres vectrices de grossesse, dont l’auteur est la plupart du temps introuvable. Lorsqu’une bonne veut travailler chez moi, je lui dis, pour commencer, si jamais tu sors et tu te fais enceinter, je ne suis pas responsable. Il peut arriver que la fille ait une bonne patronne qui peut la prendre en charge le temps que l’auteur soit trouvé. Aussi, le temps qu’elle accouche en règle. Par contre,  d’autres patronnes ont des cœurs très durs et elles chassent leur bonne sans remord, ni pitié.

Arrive-t-il souvent qu’il y ait une bonne entente la patronne et l’aide ménagère ?

Bien sûr ! Tout dépend des patronnes. Moi, je ne crée jamais de différence entre la bonne et mes enfants. Je considère la bonne comme un être humain, comme moi, à qui on doit du respect. A l’heure des repas, nous mangeons dans la même assiette. Il y a des patronnes qui n’acceptent même pas que la bonne reste dans le salon. Elles les traitent come des esclaves.

Le malheur des bonnes relève du comportement des femmes sataniques au foyer.

Une bonne n’est pas une esclave.

Propos recueillis  par Jean DIARRA

(Stagiaire)

 

 

Exode rural

Au Mali, comment ça se passe ? Les jeunes filles ou garçons quittent la campagne pour la grande ville pendant la saison sèche pour combler cette période de soudure. Beaucoup ne retournent plus travailler la terre. Les unes deviennent des prostituées et les autres muent en bandits de grand chemin.

Qu’est-ce qui pousse ces jeunes à l’exode rural ou les retiennent en ville. Pour le cas des jeunes filles, il y a diverses raisons.

La première raison, la plus fréquente d’ailleurs, c’est qu’elles viennent chercher de l’argent pour assurer leur mariage et acheter un équipement. Appelées à devenir femmes au foyer, elles travaillent donc pour acquérir des ustensiles de cuisine et un trousseau de mariage. Chaque jeune fille cherche à ce que rien ne lui manque dans son futur foyer. Traditionnellement, la belle mère de la mariée fournissait ce minimum vital. Avec la dégradation de la société, aucune jeune fille ne veut plus être sous la coupole de sa belle mère. Ainsi, elles décident, d’elles-mêmes, de remplacer leur future belle mère.

La deuxième raison provient du mariage précoce. Dans la culture traditionnelle, surtout dans les campagnes, les parents donnent leurs filles en mariage, au minimum, à l’âge de 15 ans à des hommes de différents âges. Pour éviter le mariage forcé, elles quittent la campagne, souvent à l’insu des parents pour se refugier dans les grandes villes. Certaines vont jusqu’à couper tout contact avec leurs proches pour éviter de rejoindre un indésirable domicile conjugale.

 

Droit aux oubliettes

Le travail des domestiques demande beaucoup de réflexion au Mali. Puisque déplorable à tout point de vue.

Comme dans toutes les sociétés du monde, le phénomène fait rage au Mali. Ici, c’est plus que phénoménal.

Au Mali, les aides ménagères ignorent tout de la loi. Ces jeunes filles ne savent même pas qu’elles peuvent déposer une plainte au niveau de la police pour réclamer justice. Sans doute, un jour leur ignorance appartiendra au passé. Pour que tout le monde sache que leur situation est plus qu’esclavagiste, un mot banni du dictionnaire du XXIe siècle.

Timidement, elles commencent à donner de la voix. Elles viennent justement d’exprimer, pour la deuxième fois, leur ras-le-bol, à l’occasion de la Fête du travail, sous la houlette du Groupe de recherche action-droits de l’enfant au Mali (Gradem).

Victime de grossesse, dont le responsable demeure souvent invisible, beaucoup d’entre elles prenne maintenant langue avec le Gradem qui mène dûment l’enquête et oblige l’auteur à assumer ses responsabilités.

Pour améliorer les conditions de vie et de travail des domestiques, cette Ong ne cesse d’envoyer des requêtes au gouvernement pour qu’il mette fin à leurs souffrances.

Qu’il sache que ces jeunes filles appartiennent à la société. Qu’elles ont des droits que  bafouent régulièrement les patronnes, dont les plus sadiques refusent de les payer après plusieurs mois de travail harassant.

Voilà en bref, la principale cause de l’échec de nombreuses jeunes filles.

Pour renverser la vapeur, il n’existe, pour le moment, qu’une seule issue : la signature par le Mali de la Convention 189 de l’Organisation internationale du travail qui dort dans l’oubliette du gouvernement.

 

Travail domestique

Le travail de domestique consiste à exécuter sans répit des tâches ménagères moyennant un salaire minable. Ces jeunes filles viennent de différentes ethnies. La majeure partie appartient à l’ethnie dogon. Le salaire le plus élevé, pour les plus chanceuse, atteint 20 000 Fcfa et le plus faible, pour les malheureuses, avoisine 7 500 Fcfa, pour un horaire de travail indéterminé. Debout, à 06 h du matin, elles n’arrêtent de travailler, au plutôt, qu’à 22 h. Sans tenir compte des gronderies, des petites mesquineries de la patronne. Celles qui ont la chance d’être dans une famille aisée rentrent au village avec une cagnotte, du matériel de cuisine, des habits et des parures.

 

Un bien-être  en lambeaux

 

Pour lutter efficacement contre le travail forcé des enfants, l’Organisation internationale du travail (Oit) concocte sans cesse conventions et recommandations pour une application bienveillante de leurs droits légitimes.

Beaucoup pays les adopte, les yeux fermés, pour la bonne cause. Sauf le Mali en ce qui concerne, bien entendu, la Convention 189 qui régit le travail des aides ménagères, communément appelées 52. Combien de bonnes travaillent dans le palais de Koulouba et celui de Sébénikoro pour soulager la Première dame du Mali, pardon la femme chérie d’Ibrahim Boubacar Kéïta ?

A travers le monde, le travail qu’effectue les mineurs, garçons et filles, relève en partie de leur volonté pour survivre dans la jungle du plus malin. Ainsi, les fils de Satan profitent de leur vulnérabilité et leur ignorance pour abuser d’eux sur le plan sexuel et financier. Pour davantage combattre cette pratique grégaire digne du colon blanc,  l’Oit calibre, via la Convention 138, l’âge minimum du travail et le type de travail compatible, au moins, à 18 ans, notamment les besognes dangereuses et nuisibles à la santé.

Pour les boulots légers, l’âge minimum oscille en dents de scie. Il va crescendo de 13 à 15 ans, à la seule condition que le job ne nuit, ni à la santé ni à la sécurité du môme.

Les conventions de l’Oit symbolisent une fondation sur laquelle repose, à tout jamais, les droits et le bien-être des enfants. C’est qu’à l’Oit, tout est fertile comme la terre qui reçoit de l’eau, le droit.

A quand la fin de la rançon de la gloire aux dépens des misérables du Mali ?

 

 

Jeu de  cache-cache

Où travaillent ces jeunes ? Lorsqu’elles fuient la campagne dans des circonstances troubles, elles ne choisissent plus parmi les genres de travail. Il suffit qu’elles aient un coin pour se cacher, manger et dormir. A tout prix. Ainsi, le travail d’aide ménagère leur suffit amplement.

 

Une institution grégaire

Le travail de domestique ne date pas d’aujourd’hui. C’est une institution qui existe depuis l’antiquité, période de l’esclavagiste remplacée par la société féodale. C’est-à-dire, avec l’évolution de la civilisation, des valides travaillent pour des nantis, notamment les grands serfs féodaux. Dans celle d’aujourd’hui, il y a le même système de vie, mais modernisé, en ce sens que le travail relève de la volonté personnelle. Au Mali, le même phénomène existe depuis toujours.

 

Histoire de tradition

Pour se rappeler de la tradition, un groupe de jeunes filles de la même la même zone hantent assez souvent les espaces verts ou les terrains de jeu pour. Comme au village, elles battent nuitamment le tam-tam ou les mains, chantent et dansent à tour de rôle dans un cercle fermé. Quant aux garçons dogon, ils organisent des combats de lutte chaque année. Les jeunes dogons cherchent ainsi à  conserver leur culture.

 

 

Enquête dirigée par Mister NO avec Jean Diarra (Stagiaire)

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Je crois qu’il y a certains aspects qui sont entièrement occultés dans ces interventions; les bonnes créent aussi beaucoup de torts à certaines femmes travailleuses; destructions de leurs ustensiles, comportements ingrats, mensonges. C’est dommage de voir que malgré de moult efforts de certaines femmes travailleuses ces “bonnes” se comportent très mal envers elles. Qu’Allah fasse en sorte que ces deux parties s’entendent pour le bonheur de nos multiples foyers. Ne donnez pas totalement raison à ces “bonnes” SVP.

  2. Le jour où ces “52” regroupées en associations partiront engrève, beaucoup de foyers ne déjeuneront pas à Bamako.J’en connais toujours à Bamako qui faisaient même dormir la bonne dans la cuisine.
    Il faut ajouter aussi que les femmes se rivalisent dans le recrutement de ces saisonnières si bien que même des couples sans enfant avec madame au foyer ont leur bonne!A quoi servira Madame alors en dehors de la chose là? :mrgreen:

  3. ” Une bonne n’est pas une esclave” bien dit, mais qu’allons faire tous, pour parer à ce problème qui touche la dignité de ces filles?
    “Le travail libère l’Homme” cela ne concerne pas les “bonnes” ou certaines “bonnes” du Mali.

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