Salou Kébé, jeune entrepreneur kayesien, est le président-directeur général de l’agence immobilière « Goundiourou ». Employé dans une boutique au grand marché de Bamako comme agent comptable, le natif de Goundiourou, nom soninké (Dougouba en bambara), signe son retour à Kayes ville. Il crée son entreprise évoluant dans les achats, ventes et location de terrain, et la construction de maisons à Kayes, Ségou et Kita. Goundiourou emploie une vingtaine de personnes, dont plusieurs femmes.
Comment est venue cette idée ?
Natif de ‘’Goundiourou’’, localité située dans la commune de Liberté Dembaya, ce trentenaire, de retour à Kayes, et étant sur les chantiers, a vite embrassé ce rêve d’être un entrepreneur. C’est ainsi que l’idée lui est venue de créer une agence immobilière pour les achats, les ventes de terrain et les constructions de maisons.
« Après mes études, j’étais comptable dans une boutique au grand marché de 2014 à 2016. La vie à Bamako n’est pas facile pour nous qui sommes du village. Et comme ce n’est pas non plus une tâche aisée d’être un employé de bureau, alors que les charges de ma famille commençaient à être insoutenables pour moi. J’ai donc décidé de retourner à Kayes, après 2 ans dans le marché, pour tenter ma chance. C’est ainsi qu’en 2018, l’idée de créer une agence immobilière m’est venue car je travaillais sur les chantiers comme ferrailleur ou apprenti maçon. Et à travers mes connaissances et mon courage, petit à petit, j’ai pu réunir les conditions avec l’appui constant de ma femme », a-t-il expliqué.
Tout est parti du premier marché
A en croire Kébé, en fin 2018, il a été appelé par un de ses amis de longue date, qui était à la recherche d’une parcelle. En ce moment, il n’avait pas son agrément qui était dans le circuit. C’est ainsi qu’il a activé ses réseaux pour exécuter ce marché qui lui a permis d’accélérer le processus d’acquisition de son agrément et louer un bureau pour mettre en place son agence immobilière qui prend le nom de son village natal, Goundiourou. Aujourd’hui, ‘’Goundiourou’’ est parmi les meilleures agences immobilières de Kayes de par sa bonne réputation. Cela, grâce à la vigilance et à la vision éclairée de sa femme, avec qui il avait partagé son rêve. Un rêve bien porté par sa femme.
« J’ai eu de l’argent, je voulais acheter une moto, ma femme m’a dissuadé d’acheter plutôt les matériels pour aménager un bureau, afin de réaliser d’abord son rêve. On a loués une chambre unique en banco, non loin du goudron, ici à Bencounda, un quartier de la ville de Kayes. J’ai donc aménagé le local et installé une plaque indiquant les lieux », se souvient-il.
Les difficultés rencontrées ?
Comme dans toute chose le début est difficile, Salou Kébé n’a pas fait exception à cette règle. Il a été confronté d’abord à des problèmes d’acquisition de marchés. Après le coup de fil de son ami qui lui a permis de s’installer, les marchés sont devenus rares. Vu qu’il n’est pas beaucoup connu à Kayes, car natif d’un village de la région qui a passé la quasi-totalité de son temps à Bamako, il fallait donc sortir de son bureau pour aller pousser les portes afin de s’imposer dans un milieu où les clients sont méfiants, surtout avec les agences nouvellement créées.
« Chaque matin, je venais au bureau, seul. Et le soir, je retournais à la maison. L’argent que j’avais aussi ne restait plus. Il fallait donc sortir pour aller chercher les marchés avec le peu de gens que je connais dans le milieu. Ainsi, j’ai eu quelques maisons pour les locations et je faisais moins de vente de parcelle. Je me débrouillais ainsi jusqu’en 2020, où j’ai eu un marché de lotissement de plus de 2 hectares sur la route de Sadiola avec un de mes clients. Malheureusement, ce site appartenait à quelqu’un d’autre. Il l’a acheté avec la mauvaise personne. Et grâce à moi, les propriétaires terriens, qui connaissaient mon père, lui ont donné 7 lots pour compenser. Et il se trouvait qu’eux aussi cherchaient un chef d’agence pour le lotissement d’un site de plus de 35 hectares dans leur village. C’est ce qui m’a ouvert beaucoup de portes, même au sein de l’administration », a-t-il fait savoir.
Aujourd’hui, il a beaucoup de marchés, avec des chiffres d’affaires avoisinant 3 millions de FCFA. L’entreprise Goundiourou emploie une quinzaine de personnes. En plus des ventes, à Goundiourou cherche des titres fonciers et des permis pour les clients. Elle fait aussi les avant-projets pour les sites.
« Pour devenir un grand chef d’agence immobilière, il faut avoir la confiance des clients et être beaucoup attentif car même si tu n’es pas dans les affaires louches, d’autres partenaires peuvent d’entrainer dedans et cela n’est pas sans conséquence. S’il n’y a pas de confiance, tu fermes boutique. Aujourd’hui, Dieu merci, grâce à la confiance, j’ai eu beaucoup de marchés. Et Goundiourou est en train de faire bonnement son petit chemin », a-t-il indiqué.
Aux dires de Kébé, autres difficultés qu’ils rencontrent à Kayes dans le cadre de leur travail, sont liées aux problèmes de licenciement dans les sites miniers. Beaucoup de travailleurs qui étaient leurs clients sont au chômage. Et les banques aussi qui achetaient des terrains pour leurs clients et employés se font rares.
Il conseille aux jeunes de se lancer dans les entreprenariats, surtout dans les domaines qu’ils aiment. C’est ainsi qu’ils pourront exceller. « Il ne faut pas penser aux difficultés. Il faut surtout penser aux succès qui viendront après les avoir surmontées. Avec le courage et la persévérance les objectifs seront atteints », a-t-il conseillé.
En plus de Kayes, l’agence Goundiourou a son bureau à Ségou et à Kita. Il souhaite étendre Goundiourou partout au Mali. Car leur objectif : c’est « chaque Malien, un toit ».
Moussa Sékou Diaby