Entre-Nous : Mahmoud Dicko comme JUAN GUAIDO?

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Après avoir en synergie réussi avec brio avec le Chérif de Nioro du Sahel et la jeunesse islamique et les patriotes, Mahmoud Dicko, un grand meeting dimanche 10 février dernier qui a drainé au stade du 26 mars de Yirimadio, une marée humaine jamais égalée dans la capitale, les langues se délient, les débats font rage entre les pros imam et les supporters invétérés du régime. Ce qui est clair, la montée en puissance des religieux sur la gestion d’Etat ne fait l’ombre d’aucun doute.

La conférence de presse du vendredi dernier à « la Maison de la Presse » qui a réuni la quintessence des associations faitières ayant soutenues le Président IBK lors de la présidentielle de l’année dernière, a vu des jeunes fustigé à leur tour la sortie de l’imam Dicko qui avec le Chérif de Nioro du Sahel ont réclamé la démission sans condition du PM SBM.

Wahabite bon teint, Mahmoud Dicko, symbolise à travers ses propos et actions et de l’avis général des maliens, un vrai espoir au Mali. Une sorte de « Juan Guaïdo » à la malienne de par sa popularité qui va crescendo.

Dans le livre sur la pénétration Wahabite en Afrique, paru récemment de Laurence-Aïda AMMOUR, sociologue et analyste de son état en sécurité et défense pour l’Afrique du Nord-Ouest, associée au Centre d’études stratégiques de l’Afrique (Washington D.C.) et au  Groupe  d’analyse  JFC-Conseil  (France),  et  membre  de  la communauté du Centre des hautes études de Défense et de Sécurité (Dakar, Sénégal),  la percée de ce courant religieux proche de l’Arabie Saoudite et ses réalisations sur le continent africain et singulièrement au Mali, n’explique-t-il pas cette montée de l’Imam Mahmoud Dicko, cet érudit incontestable qui en duo avec cet autre érudit, le Chérif de Nioro du Sahel, Bouyé Haïdara, font peur au régime IBK et même aux hommes politiques.

Selon l’auteur de ce livre, « bien  que  la  diffusion  du  wahhabisme  en  Afrique  remonte  aux années 1960, c’est l’avènement du pluralisme politique dans les années 1990 dans de nombreux États africains qui a permis à l’Arabie saoudite de renforcer son offensive idéologique sur le continent. Alliant prédication et actions sociales et  humanitaires, les ONG islamiques, les organisations transnationales musulmanes. Cela a vu les fondations saoudiennes investir financièrement et idéologiquement sur le continent africain –  souvent  avec  la  complicité  des  États  –  pour  imposer  leur interprétation conservatrice de l’islam, outil par excellence de la “diplomatie religieuse” des Saoud ».

Tout en nous référant au cas de l’imam Mahmoud Dicko, il demeure ; selon des spécialistes, sociologues de leur état, comme l’un des relais sûrs des « Saoud » qui, « après des décennies d’une stratégie d’influence ininterrompue, pour  mieux s’implanter face aux bases des hiérarchies traditionnelles de l’islam africain, telles que les confréries soufies et les  pratiques  religieuses  ancestrales », peut-on lire dans ce livre.

Pour le même auteur, « Les  nouveaux adeptes africains du wahhabisme formés dans les universités du Golfe s’opposent ouvertement aux institutions maraboutiques afin d’assujettir l’espace public aux normes spirituelles rapportées d’Arabie saoudite. Cette lame de fond a conduit à une fragmentation doctrinale croissante de l’islam africain qui se traduit par une prolifération de groupes professant des interprétations extrêmement sélectives des principes religieux ».  C’est ainsi que l’auteur rappelle aussiqu’ : « Aujourd’hui, les groupes terroristes qui sévissent au Sahel et en Afrique du Nord-Ouest profitent d’un environnement de plus en plus pétri de l’idéologie wahhabite où le conservatisme religieux s’est banalisé  par  des  décennies  d’une  insidieuse  pénétration  doctrinaire.  L’islam  fondamentaliste  saoudien  est  le  terreau  sur  lequel sont  nés  et  prospèrent  le  salafisme  et  le  djihadisme  armé  qui minent les sociétés africaines et s’exportent au-delà des  frontières».

Au Mali, avec un Islam tolérant, l’Imam Mahmoud Dicko par ses actions, son expérience acquise dans de grandes écoles sur le Continent (Egypte par exemple), ayant été élu président du HCIM, saura avec tact, parcimonie, réunir la famille islamique du Mali. En clair, son savoir-faire et son sens de l’écoute, le rendront populaire et craint.

En lançant le meeting le 10 février dernier au Stade du 26 mars de Yirimadio  avec comme parrain, le Chérif de Nioro du Sahel, l’imam de la grande mosquée de Badalabougou, sait avec le contexte sécuritaire préoccupant, la gestion actuelle du pays (malgré l’arrivée de SBM à la primature) qui fait débat partout, que son appel sera entendu et que les citoyens qui sont à plus 90% de musulmans pratiquant, viendront les écouter, avait vu juste puisque l’opposition a laissé un vide qu’il a su combler. C’est ce qui est arrivé.

A en croire Laurence-Aïda Ammour, « avec près de 350 millions de musulmans, l’Afrique représente un morceau de choix pour l’Arabie saoudite¹. Depuis plusieurs décennies,  Riyad  a  entrepris  de  diffuser  son  modèle wahhabite de croyance selon le principe du daawa wal irchad (prosélytisme et propagation de la foi) pour contrecarrer les autres  obédiences  musulmanes  et  les  pratiques  populaires de l’islam présentes sur le continent : soufisme², ibadisme³, chiisme⁴, animisme, culte des saints… ». Selon cet auteur,  « la  montée  de  l’islamisme  d’inspiration  wahhabite  est  à replacer dans le contexte du déclin du nationalisme arabe et de la montée en puissance de l’Arabie saoudite. La politique panislamiste  saoudienne  en  Afrique  remonte  aux  années 1960, sous le règne du roi Fayçal. Elle visait autant à diffuser le wahhabisme qu’à contrer l’influence panarabe nationaliste que les monarchies conservatrices percevaient comme une menace. Le wahhabisme s’opposait aux courants réformistes qui ont marqué l’histoire moderne de l’Islam ».

Mieux, dit-elle : « Le  pèlerinage  et  l’immigration  depuis  différentes  parties  du monde musulman vers le Golfe, associés au développement du  système  bancaire  islamique  et  à  la  prolifération  des organismes saoudiens de bienfaisance, ont été les facteurs clés  de  l’expansion  du  wahhabisme  saoudien.  Le  boom pétrolier  a  permis  d’investir  des  fonds  énormes  dans  la promotion de la prédication dont les fers de lance furent les prêcheurs-missionnaires wahhabites ».

En guise de rappel, poursuit l’auteur : « La  pénétration  wahhabite  s’est  renforcée  dans  les  années 1990 au moment de l’ouverture de l’espace politique dans de nombreux États africains, permettant ainsi au wahhabisme de  trouver  sa  légitimité  en  s’africanisant  et  de  devenir  un courant de l’islam politique local ayant pignon sur rue ».

Au Mali, avec l’avènement en 1991 de la démocratie, l’émergence d’une classe politique, qui s’est vite appuyée sur les religieux, pour mieux asseoir son pouvoir, a montré toutes ses limites après plus de deux  décennies de gestion d’Etat constatée. La conséquence a été que nos religieux ayant servi « d’escaliers » à nos hommes politiques pour accéder à la magistrature suprême, étaient toujours emmenés à expliquer à leurs fidèles pour quoi leur choix sur les candidats lors des élections présidentielles. Ces choix ont fini par exacerber les rancœurs au sein de l’opinion avec le mode de gouvernement émaillé de corruption à ciel ouvert, de gabegie,  de nos valeurs sociétales foulées aux pieds  avec la mise à sac de nos Us et coutumes.

L’émergence de l’imam Mahmoud Dicko et autres religieux de son cran, avec leur côte de popularité en hausse, rentrent dans ce cadre face  à une classe politique qui a montré ce dont elle était capable et parvenant aujourd’hui à peine, à mobiliser les citoyens.

Qu’on le veuille ou pas, l’imam Mahmoud Dicko, est devenu une icône de sa génération face à une classe politique qui a du mal à convaincre, encore moins, le citoyen lambda. Cette popularité du président du HCIM, que d’aucuns qualifient comme celle du Président par intérim du Vénézuéla, Juan Guaïdo, puisqu’à ce que chacun de ses appels, malgré les tentatives de sabotages, arrivent à mobiliser massivement nos compatriotes, est à prendre très au sérieux. « Le combattre ouvertement, augmentera sa popularité ; l’approcher, l’écouter, serait », nous confie un observateur de la place.

« Avec son discours direct, cohérent dans un vocabulaire simple et précis, l’imam Mahmoud Dicko, constitue de nos jours, une vraie force à prendre très au sérieux », nous confie notre interlocuteur.

 

Bokari Dicko

 

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