Hommes politiques, religieux et personnalités issues de la société civile, avec des convictions très diverses, se sont retrouvés pour sceller une alliance contre-nature avec comme objectif de déposer IBK et son régime en l’accusant de tous les péchés d’Israël afin d’avoir la caution populaire. Créé le 05 juin 2020, trois mois auront suffi à ce mouvement hétérogène, avec à sa tête le duo Imam Dicko – Choguel K Maiga, respectivement autorité morale et président du comité stratégique, pour atteindre son but. En effet, le 18 août 2020, après avoir battu le pavé à plusieurs reprises, par le soleil brûlant et par la pluie, la lutte du M5 est parachevée par des militaires réunis au sein du CNSP mené par cinq colonels.
Seulement voilà : alors que la transition bat son plein et que l’un des leurs occupe le poste de PM, le mouvement M5-RFP est sur le point de voler en éclats, sur fonds de clarification et de règlement de comptes entre ses acteurs.
Tout est parti de la dernière aventure de l’Imam Dicko, qui a tiré profit de sa récente cérémonie de lecture du Coran et de bénédiction pour le Mali, le 27 novembre dernier, pour apporter des éclairages sur le choix du Premier ministre de la Transition, en admettant avoir proposé Moctar Ouane aux militaires au détriment des 14 CV envoyés par le directoire du M5 avait envoyés aux militaires. Il aura suffi de quelques jours pour que Me Tall, un autre cador du mouvement, s’adonne à son tour à un recadrage des propos de l’Imam Dicko qu’il juge contraires à la vérité.
Depuis sa page Facebook, le président du CNID soutient avoir rencontré Mohamoud Dicko pour évoquer le cas spécifique du ministère des Affaires Religieuses et du Culte aux fins d’examiner un éventuel élargissement de son champ de compétences. C’est cet entretien, selon les explications de Me Tall, qui va tourner en proposition de l’Imam de le porter à la tête du gouvernement de la Transition à cause de son profil et de moult autres qualités dont il a été crédité par son interlocuteur. Expérience, connaissance du Mali, légitimité, désintéressement, la probité, etc., sont autant d’atouts évoqués par l’imam pour l’inciter à mettre le Mali au-dessus de son «agenda personnel», rapporte Me Tall expliquant du même coup les raisons pour lesquelles son nom figure sur la liste des 14 CV envoyés par le M5-RFP.
Et l’ex-ministre d’IBK d’en déduire que la version de Mahmoud Dicko sur le choix du premier Premier ministre de la Transition est truffé de contre-vérités.
Comme si cela ne suffisait pas, une autre branche du M5, avec à sa tête Abdel Kader Maïga, est passée à son tour devant la presse, samedi dernier, pour des éclairages sur la situation politique et sécuritaire du pays. Et, contre toute attente, d’autres révélations sur l’Imam Dicko se sont invitées à l’événement. Selon le conférencier, Abdel Kader Maïga, à la veille de sa cérémonie de lecture du coran, l’imam Mahmoud Dicko avait sollicité une condamnation par le M5-RFP des messages vidéos contre sa personne. «Nous avons refusé. C’est pourquoi il s’est attaqué au M5-RFP» sur le choix du PM, a-t-il indiqué M. en révélant que le même Iman Dicko s’était farouchement opposé à la nomination d’un des leurs, en l’occurrence Cheick Oumar Sissoko, au poste de premier ministre, sous prétexte qu’il est célibataire.
Dans une autre vidéo ayant fait le tour des réseaux sociaux, Cheick Oumar Sissoko s’attaque quant à lui au PM Choguel K Maiga, en laissant entendre qu’il ne dit jamais la vérité sur les propos qu’il tienne.
Cheick Oumar Sissoko a été rejoint par son ex-complice Oumar Mariko, un autre membre du M5, qui dans un élément audio, s’en est pris violemment à Choguel, lequel, dans un précédent audio, soutenait l’instrumentalisation de l’AEEM par les politiques tout en présentant les morts d’étudiants attribués à Moussa Traoré comme une grossière invention. Faux, a rétorqué le président de la SADI. Par le biais d’un enregistrement qui fait également le tour des réseaux sociaux, Oumar Mariko présente Choguel Maiga comme est un vulgaire menteur. Par rapport à l’AEEM, il a menti du début à la fin, soutient-il, ajoutant par ailleurs que l’actuel Premier ministre et «le mouvement démocratique sont deux faces d’une même médaille».
Ainsi, si le M5 a survécu, après l’annonce ironique de sa mort par Kaou Djim, aux lendemains des concertations nationales, tous les ingrédients sont désormais réunies pour le chant du cygne.
Amidou Keita