Enquête sur le réseau de fraude sur les hydrocarbures : Le principal suspect toujours en cabale

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Pour le moment, ces enquêtes avancent à petits pas car celui désormais considéré comme le principal suspect parce qu’importateur présumé du carburant, Mahamadou Doucouré DG de Coumba gaz, est à l’étranger après avoir pris un vol pour le Congo, à 6 heures du matin, le jour même où devait s’opérer la saisie des camions citernes. Les enquêteurs présument qu’il a été alerté, mais par qui ? Là gît le mystère à percer pour mieux comprendre la chaîne de complicité.

Rappelons qu’avec de fausses déclarations, des camions citernes contenant du supercarburant sont présentés comme transportant du gaz, parvenant ainsi à changer le régime de dédouanement pour sevrer l’Etat de plus d’une dizaine de millions de FCFA par camion-citerne. En effet, en provenance du Ghana où ils ont fait le plein de carburant, sept citernes sont passées par Kouri où ils ont été déclarées à la Douane comme transportant du gaz par le transitaire, Sylla Transit. Finalement, tout le convoi sera saisi par la douane.

Rappelons que l’alerte a été donnée par les douaniers burkinabé et le directeur général des douanes du Mali, Modibo Kane Keïta, a gardé l’information dans le plus grand secret, tout en mettant en place un traquenard pour prendre les membres du réseau en flagrant délit de fraude. Ce qui sera fait. Et surtout, il a pris le soin de mettre à l’écart le Bureau du pétrole pour confier l’affaire au Bureau des enquêtes douanières, avec des consignes fermes, avant de partir en mission à l’étranger.

Mais le convoi certainement avisé – on ne sait toujours pas par qui- a voulu semer les enquêteurs à l’entrée de Ségou où les fraudeurs commençaient à manœuvrer, notamment en changeant d’itinéraire après avoir dispersé les camions citernes.  C’est ainsi que quatre des camions avaient contourné Ségou pour prolonger vers Koutiala afin de rallier Bamako par Sikasso. Ils seront finalement pris à Hérémakono.

Quant aux trois autres véhicules, ils avaient fait cap sur Markala et cherchaient à se débarrasser du contenu qu’ils voulaient fourguer à des pétroliers de Markala. Mais la station d’essence BCF de Markala, bien qu’intéressée, était ferme sur les conditions de la transaction : pas d’achat avant dépotage.         En d’autres termes, ils n’allaient pas acheter si le produit n’était pas transbordé dans une citerne en règle pour du carburant.

Retranchés dans deux maisons différentes, ils avaient commencé à mener l’opération de dépotage et c’est suite à cela qu’ils ont été pris en flagrant délit et les citernes saisies.

Comme nous l’écrivions suite à l’éclatement de ce scandale, il faut reconnaître la rigueur du directeur général des douanes qui a tout mis en œuvre pour mettre fin à ce trafic, dès qu’il a reçu l’information. Tout comme il a arrêté les activités d’un autre réseau qui inondait le marché de carburant déclaré comme du pétrole lampant. Leur topo consistait à mettre du pétrole dans le carburant pour tromper la vigilance des soldats de l’économie. Ce procédé leur permettait de ne pas s’acquitter des vraies taxes car le pétrole lampant est de loin moins cher que le carburant en termes de frais de douanes.

D’ailleurs, le directeur de l’Office national des produits pétroliers (Onap) ZoumanaMory Coulibaly, vient de révéler que sur la base des inspections effectuées par ses services, près de 40% des stations visitées offrent du carburant ne répondant pas aux normes. Il y a donc lieu de doter son service d’un laboratoire fonctionnel, comme il en a formulé le souhait, afin que ses services puissent mieux travailler. Ce serait un des meilleurs moyens de juguler les fraudes sur les hydrocarbures. Mais à condition aussi que le Bureau du pétrole de la direction générale des douanes fasse preuve de plus de vigilance car selon les statistiques d’importation d’hydrocarbures au premier semestre 2015, une quantité anormale de pétrole lampant est entrée dans le pays. Ça, c’est sur les papiers. Dans la réalité, le Mali ne peut consommer autant de pétrole lampant et c’est la raison pour laquelle on soupçonne une importation massive de carburant en profitant de la baisse des cours mondiaux, mais le carburant se trouverait déclaré comme du pétrole lampant.

ABN

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