Enquête modulaire et permanente auprès des ménages (EMOP) au Mali : Un effort d’investissement de 434 milliards nécessaires pour éradiquer la pauvreté

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L’Institut national de la statistique (INSTAT) du Mali vient de publier son nouveau rapport de l’Enquête modulaire et permanente auprès des ménages (EMOP). Celle-ci a couvert la période d’avril 2015 à mars 2016. C’est un document de 102 pages qui traite de l’état de la consommation des ménages, du niveau de la pauvreté et du bien-être de la population. Il fait également  le lien entre la pauvreté et certaines considérations sociodémographiques et culturelles, l’état sanitaire de la population et sa distance d’avec un centre de santé, la dynamique de la possession de certains biens matériels, la consommation énergétique, entre autres.

L’Enquête Modulaire et Permanente auprès des Ménages (EMOP) a pour objectif de recueillir un large éventail d’indicateurs socio-économiques nécessaires pour suivre et évaluer les progrès réalisés dans l’amélioration des conditions de vie des ménages. Plus précisément, l’EMOP a été conçue pour mettre à jour les indicateurs du CSCRP arrimés à ceux des OMD ainsi qu’à ceux des programmes sectoriels mis en œuvre par le gouvernement du Mali. Les informations recueillies au cours de cette opération sont relatives à la démographie, au logement, à l’éducation, à la santé, à l’emploi, à la sécurité alimentaire, aux dépenses de consommation etc.

Niveau de la pauvreté

L’incidence (taux) de la pauvreté, c’est-à-dire la proportion de la population malienne qui n’arrive pas à dépenser 177 000 FCFA nécessaire pour satisfaire ses besoins de base, est estimée à 47,2 % en 2015. La pauvreté est largement répandue en milieu rural, plus de la moitié d’entre eux sont pauvres (53,1 %). Les ménages dirigés par les hommes contiennent plus de pauvres que ceux dirigés par les femmes (48,3 % contre 28,5 %).

L’effort d’investissement nécessaire pour éradiquer la pauvreté, mesuré par sa profondeur, c’est-à dire le déficit collectif moyen des dépenses des pauvres par rapport à la ligne de pauvreté pour l’ensemble de la population est estimé à 434 milliards de francs FCFA. Comme pour l’incidence de la pauvreté, l’effort est plus important à Sikasso (28,6 %). Il est plus faible à Bamako (2,2 %), à Tombouctou (2,6 %) et à Gao (2,8 %). En général, plus le nombre de pauvres  est important, l’investissement à apporter est conséquent.  La pauvreté est le fait pour un ménage ou une personne de ne pas disposer de ressources pour faire face à ses besoins essentiels. En effet, elle se caractérise par un manque d’utilité dans les divers domaines de la vie tels que l’éducation, la santé, le logement, l’emploi, etc. Pour bien cibler les pauvres, il est indispensable d’avoir une masse d’informations à travers laquelle ils sont identifiés en fonction de certaines caractéristiques propres aux personnes et aux ménages telles que le sexe, le niveau d’éducation, le statut dans l’emploi et la taille du ménage. En outre si un ménage est pauvre, tous les individus de ce ménage sont pauvres. Les indices de pauvreté se réfèrent aux individus, et non ménage. Le pourcentage de ménage pauvre peut donc être différent du pourcentage des individus pauvres dans chaque zone.

L’enquête montre qu’un ménage sur trois (32,1%) possède un téléviseur. C’est le milieu urbain qui explique en grande partie cette possession avec 66,3% contre 19,2% en milieu rural. Le pourcentage de ménages possédant un téléviseur a connu une augmentation significative entre 2006 et 2015, passant de 21,5 % à 32,1 %.

La possession du téléphone portable par les ménages a enregistré une progression significative entre 2006 et 2015, passant de 22,5% à 82,7%. Les proportions des ménages possédant ce moyen de communication sont estimées respectivement à 95,5% et 77,8 % pour les milieux urbain et rural.

La proportion de ménages ayant accès à l’eau potable est passée de 78,7% à 84,6% entre 2006 et 2015. En termes d’hygiène, l’enquête révèle une augmentation dans l’utilisation de la nature comme moyen d’aisance en milieu rural entre 2014 et 2015. On passe ainsi de 10,8 % à 11,7 %. L’enquête montre également que le bois reste la principale énergie utilisée par les ménages comme moyen de cuisson. La proportion des ménages ayant recours à ce combustible a connu une baisse passant de 83,8 % à 75,3% entre 2006 et 2015. Ce sont les ménages ruraux qui sont les plus grands utilisateurs de ce moyen (87,7 %) alors qu’en milieu urbain ce taux est de 42,5 %.

L’analyse révèle un progrès significatif quant à l’accès à l’électricité en réseau. En effet, au Mali, le taux d’accès est passé de 20,1 % en 2006 à 23,7 % en 2009 et 44,8% en 2015.

La dépense de consommation est un bon indicateur de bien-être du ménage à cause de sa stabilité contrairement au revenu. En effet, plus la dépense de consommation par tête du ménage est élevée plus le ménage est supposé satisfaire ses besoins vitaux. Les dépenses annuelles de consommation pour l’ensemble du pays sont estimées à 3 887 milliards de FCFA. En outre, 62 % de ces dépenses sont effectuées en milieu rural où résident plus de deux tiers de la population (75 % de la population est rurale). Les résultats montrent également qu’en moyenne, un ménage dépense annuellement 1 817 725 FCFA. Quant à la dépense par tête, elle est estimée à 267 843 FCFA contre 354 099 FCFA en équivalent adulte.

Youssouf Diallo

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