Les déclarations du Premier ministre Choguel Maiga aux détours d’un séminaire gouvernemental organisé jeudi ont tonné et détonné. Son patriotisme ne se manifeste pas par une complaisance à représenter le Mali comme la quintessence des progrès. Un souffle heureux a jeté sur nos terres les germes féconds du nationalisme. Leur reproduction, leur multiplication seront notre ouvrage. Dans sa représentation du nationalisme, le sentiment d’attachement apparait dans l’étroite dépendance de la prospérité des populations. Cet amour tient nécessairement au bien-être qu’il procure aux hommes et femmes du pays. Le sentiment d’attachement à la nation apparait tributaire bien-être des citoyens qui était elle-même dépendante de l’essor économique. Sans lui, sans la relance économique, nous gémirions à nouveau sous le joug du néocolonialisme. Partout où l’économie fait de bonds prodigieux, elle favorise l’indépendance et le progrès ; partout il contribue à adoucir les mœurs, à éviter l’ébullition du front social. Ce peuple est tenaillé par la faim et la soif, exposé aux morsures des maladies, dont les fils et les filles reposent au fond des océans ou sur du sable chaud du désert – devenus des cimetières à ciel ouvert – qu’ils tentent désespérément de traverser à la recherche d’un eldorado. En parler ne signifie pas un reniement de soi, une abdication, une rupture de ban avec le président de la transition, Assimi Goita. Que nenni ! Le Premier ministre se fait l’écho des plaintes émises au fond des chaumières pour nourrir le débat avec la nouvelle équipe gouvernementale à charge d’y apporter des réponses satisfaisantes. En d’autres termes, son discours reflète la volonté de donner un coup de barre de fer à l’économie à l’instar de l’armée dont les équipements ultramodernes ont fait bondir de fierté, de confiance chacun de nous. En somme, le nationalisme tient nécessairement au bien-être qu’il procure à ses enfants.
Il y a un temps pour tout. Un temps pour remettre le pays sur des rampes de lancement solides, un temps pour débarrasser le plancher. « Il faut travailler et partir à temps », cette vérité fait grincer des dents. A tort ! Le pouvoir use. Et les militaires sont généralement des hommes qui tiennent parole. Le Mali a pris des engagements qu’il va falloir honorer. Autant de raisons qui poussent Choguel Kokalla Maïga, ce vieux routier de la politique malienne, à ne pas s’aventurer sur le terrain glissant de la confiscation du pouvoir. Son speech sert le président de la transition, à l’opposé de ceux qui sont animés du dessein machiavélique de lui voir sortir par la petite porte.
Georges François Traoré