En grève depuis 72 heures : Les surveillants de prison projettent de continuer et de durcir le ton

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Les surveillants de prison sont en grève de 72 heures depuis le mercredi 2 mai dernier. Cet arrêt de travail devrait prendre fin aujourd’hui vendredi 4 mai. Mais le secrétaire général de leur  syndicat Abdoulaye Fofana, joint au téléphone, nous a fait savoir qu’après ce vendredi, une autre grève est prévue pour les prochaines heures si leurs préoccupations ne sont pas prises en compte. Cette fois-ci, ils comptent aller en grève de 96 heures.

En effet, cette grève intervient deux jours après l’ouverture des travaux de la première session de la Cour d’Assises de Bamako au titre de l’année 2018. Des assises qui se sont ouvertes le lundi 30 Avril dernier avec 82 dossiers inscrits au rôle impliquant 150 accusés dont 8 femmes.

«La grève a commencé le mercredi  et ça va se poursuivre jusqu’à vendredi 4 mai. Les surveillants de prison avaient fait leur cri de cœur. Nous avions attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale par rapport à notre situation. Nous avons une loi qui a été promulguée depuis juillet 2016, relative au statut des gardiens de prison. Nous souffrons de la non application de cette loi et de la non prise en charge des primes et indemnités. Pire, l’unique indemnité concernant la résidence que nous percevions a été coupée par la fonction publique depuis 2017. Ils l’ont coupé soit disant que la nouvelle loi sera revue à la hausse par rapport à l’ancienne, maintenant que nous nous sommes levés, ils veulent continuer avec cette prime de résidence. Nous disons non, que la nouvelle loi soit appliquée, c’est tout», a lâché Abdoulaye Fofana, secrétaire général de la section syndicale UNTM/SYNTADE.

«L’administration nous a demandé un cadre de concertation. Nous l’avons accepté et nous avons dit que nous souhaitons être alignés conformément aux aspirations du président IBK qui a affirmé que toutes les forces de sécurité seront alignées sur le même taux par rapport à l’indemnité de logement. L’article 147 de notre loi dit qu’on a droit à une indemnité de compensation de logement au cas où on n’est pas logé. Donc qu’ils nous donnent cette indemnité et après, le reste sera revu dans le cadre de la concertation. Ils ont opposé un niet catégorique à cette demande. Nous aussi, nous n’avons eu d’autre choix que d’observer la grève», a-t-il expliqué. Avant de prévenir qu’ils ne comptent pas s’arrêter là car, « l’administration est en train de bafouer une loi ». Toute chose qui n’est pas normale, a-t-il ajouté

«Après ce vendredi, une autre grève de 72 heures est prévue pour les prochaines heures. Si nos préoccupations n’ont pas été prises en compte, nous allons partir en grève cette fois-ci pour 96 heures. Nous sommes un syndicat responsable, nous avons instruit à nos syndiqués de renforcer la sécurité au niveau de tous les centres de détention. Toutes les équipes de garde sont mobilisées autour des Maisons d’Arrêt. Les visites ne sont pas autorisées durant les périodes de grève et il n’y aura pas d’escorte au niveau des tribunaux ni de transfèrement. Comme certains détenus ont besoin des plats de l’extérieur, nous acceptons de recevoir ces plats entre 10 heures et 13heures. Nous nous manifestons aussi pour les cas d’urgence comme les maladies, les cas d’expiration des peines des détenus…», a précisé  Abdoulaye Fofana. Qui n’a pas manqué d’interpeller le président IBK afin de trouver une solution à leur situation.

Aussi, il a exprimé les besoins réels de cette corporation pour faire dignement son travail.

«Nous demandons à IBK de s’impliquer personnellement car c’est lui qui nous avait promis un statut après l’assassinat de notre collègue Kola Sofara par le terroriste Wadoussène. Nous l’avons eu et nous lui adressons nos sincères remerciements. Pour ce qui en est de l’application de cette loi, le gouvernement s’oppose. Les gardiens de prisons sont confrontés à plusieurs difficultés liées au nombre d’effectif très insuffisant, au manque de formation et  d’équipements de travail. Aucune maison d’arrêt au Mali ne répond aux normes standards. Les normes internationales recommandent qu’il y ait un surveillant pour deux détenus ou même un surveillant pour quatre détenus avec des moyens de contrainte. Compte tenu de l’insuffisance de personnel, vous trouverez au Mali, un surveillant qui s’occupe de plus de vingt détenus » ,a-t-il déploré.

Moussa Sékou diaby

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