Emplois Jeunes au Mali : Des jeunes sans espoirs

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Ils sont légion à flâner dans les rues de Bamako, à boire du thé à longueur de journée ou à se refugier dans les mouvements religieux. Age de 22 à 35 ans, ces jeunes sont pour la plupart des diplômes qui n’arrivent pas à trouver du travail et dépendent entièrement de leurs parents.

 

 

Le bac scientifique en poche depuis 2002, Ousmane frôle les trente ans, il a souvent l’’esprit en l’air, regardant fixement un coin du mur. Traumatisé par son échec dans les études, Ousmane ne semble plus avoir goût à la vie. Lors de son inscription à la faculté des sciences et techniques de l’université de Bamako, il était pourtant débordant d’enthousiasme mais il a vite déchanté. Après trois années passées à l’université il n’a comptabilisé qu’une seule année académique avec seulement une session unique (octobre 2003) et un autre non validée (2004). Il a vite compris qu’il ne s’en tirerait pas. Son père est un administrateur à la retraite et lui n’a pas de bourse ni aide « Vous savez, les livres coûtent chers je ne pouvais pas m’en procurer alors je me suis rendu à l’évidence donc laisser tomber ! ». Aujourd’hui il squatte un tel centré géré par son frère ce tel centre, c’est son père qui l’a ouvert pour son frère alors qu’il venait de faire valoir ses droits à la retraite : « C’est un garçon sur qui je comptais. Brillant à l’école et discipliné » témoigne le papa d’Ousmane qui semble ne rien comprendre à ce qui arrive à son fils. Et d’ajouter « Aujourd’hui il devait me relayer en ce qui concerne les charges de la maison mais voilà qu’il est toujours là dépendant de ses parents encore pour ses besoins. Le plus désespérant c’est que nous ne voyons encore aucune perspective pour que les jeunes trouvent un emploi ». Cette situation de chômeur, Ousmane la partage à l’échelle de son quartier avec plusieurs autres jeunes et dans le pays avec plus de la moitié des garçons de sa classe d’âge, Alou est de ceux là. Dans son quartier de Lafiabougou, il a un groupe d’amis, des parties de thé ou noyer leurs ennui dans une cour assidues aux jeunes filles du quartier deux d’entre eux sont déjà pères.

 

 

L’émigration : seule alternative

« Je suis venu de la région de Koutiala avec mon bac en poche je logeais chez un parent à Sébéninkoro qui arrivait difficilement à assurer un repas par jour. Je marchais plus de 10 km pour pouvoir suivre les cours » témoigne Kader un étudiant en droit qui ne pense qu’à quitter le pays pour l’étranger. « Pour réussir aux concours il ne faut plus une tête pleine ou bien faite mais une recommandation » lâche Abdoulaye un diplômé en économie avec conviction même s’il n’a pas la preuve de ce qu’il affirme. Les jeunes ne voient comme alternative que s’expatrier. Ils pensent que leurs pays n’a rien à leur offrir. Les jeunes ne considèrent en effet que les structures mises en place pour faciliter leurs insertions dans le monde de l’emploi « Sont destinées aux populations qui ne les voient jamais » simplement parce que qu’ils sont convaincus de leurs « gestion clientéliste et politique ». Au Mali la situation des jeunes diplômes sans emploi a reçu une bouffée d’oxygène avec le système de volontariat initié par l’Apej mais globalement le problème de l’emploi des jeunes reste éminemment alarmant »

 

Delta Tribune , Zé Coulibaly

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1 commentaire

  1. The IBK administration in Mali: Why we are critics?

    En août 2013, le monde entier se félicitait de l’achèvement du retour à l’ordre constitutionnel normal au Mali et accourait à sa rescousse pour l’abreuver par des ressources financières et techniques de toute sorte.

    La communauté internationale promettait déjà 3,2 milliards d’euros d’aides au pays pour lui permettre son retour dans le concert des nations et se consacrer à son développement.

    Le régime IBK, issu des urnes des plus belles manières, comme il est rare en Afrique, attirait sympathie et à travers lui le peuple malien, quoique éprouvé par deux longues années de crises sécuritaires et institutionnelles, forçait le respect après moult humiliations.

    La manifestation la plus flagrante de ce respect et de cet estime fut, entre autres, la visite à Bamako de la directrice générale du FMI, du président français, du roi du Maroc et une nuée d’autres chefs d’État africains.

    Mais très vite le président IBK a cru bon de voir en cet engouement international pour le Mali une opportunité de s’adonner à ses vieux fantasmes du luxe inutile et mégalomane.

    D’interminables voyages d’apparats en jets privés très coûteux, marchés publics douteux et/ou truqués de plusieurs dizaines voire de centaines de milliards se succèdent comme par enchantement.

    Les préoccupations du pays, la paix au nord et le développement, sont repoussés aux calendes grecques.

    Les négociations avec les groupes armés ont été négligées alors qu’aucune option de remise sérieuse de l’armée en ordre de bataille n’est entamée.

    De l’autre côté, le régime IBK continue avec des déclarations mensongères pour masquer les réalités du pays à coup de grandes envolées lyriques.

    Le départ rocambolesque d’Oumar Tatam Ly de la primature et le voyage forcé de son successeur à Kidal, témoignent de la cacophonie et du pilotage à vue auxquels nous gratifie le régime IBK depuis maintenant 11 mois.

    La boulimie de disposer de façon légère l’argent public gracieusement prêté par les autres nations à notre pays et à un rythme proche de celui de la vitesse de la lumière, irrite d’abord les institutions de Bretton Woods, puis l’Union européenne et les travailleurs de l’UNTM.

    La relation controversée du régime IBK avec les bailleurs de fonds est présentée par une communication approximative de la présidence de la république comme un non-lieu total auquel l’opposition politique du pays s’arc-bouterait sans raison valable.

    Mais quand les décaissements du FMI, au profit du Mali, sont réellement suspendus jusqu’en septembre 2014, le régime IBK, toute honte bue, reconnaît les faits et essaie de nous dire que les dépenses de prestige incriminées par les Chicago Boys de Washington, n’étaient pas l’argent des partenaires financiers mais bien un emprunt public auprès d’une banque nationale.

    Mais je rêve ou quoi?

    Un crédit intérieur ou extérieur influe sur la solvabilité d’un État qui s’endette car il augmente ses engagements envers les tiers.

    Tout banquier qu’il soit privé, public, bilatéral ou multilatéral, ne peut négliger cet aspect du diagnostic financier (surtout si les dépenses financées par l’augmentation de l’endettement public ne sont pas créatrices de richesses ni aujourd’hui ni demain) au risque de s’exposer gravement et durablement à une défaillance de son portefeuille de crédit.

    Que cela ne soit pas compris à l’Hôtel des Finances au Mali, ni dans l’entourage du président IBK, est une préoccupation grave.

    Il démontre que nos autorités actuelles n’ont aucune expertise financière crédible en plus de leur pilotage à vue du pays.

    Donc nous avons deux problèmes fondamentaux avec le régime IBK:

    -Un premier problème de management d’Etat

    -Et un second problème technique de compréhension des mécanismes financiers et des concepts de rentabilité qui doivent sous-tendre la “priorisation” des dépenses publiques.

    Le premier explique l’absence de vision politique et de planification rigoureuse pour le concrétiser.

    Le deuxième explique la cacophonie et l’amateurisme ambiant qui polluent toutes bonnes relations du régime, sapent ses avantages et opportunités et multiplient ses faiblesses et échecs.

    Sur le plan de la défense nationale et de la sécurité, ces échecs sont visibles partout.

    Pas seulement la mémorable défaite militaire de Kidal de mai 2014, mais essayez de vous aventurer à une vingtaine de kilomètres de Gao ou de Tombouctou et vous mesurerez par vous-même cet échec patent du régime IBK en matière de défense nationale et de sécurité dans notre pays.

    Les négociations en cours précipitamment reprises à Alger dans le sillage de la bérézina de Kidal (et encore suspendues à la demandes des groupes armés, le Mnla jouant la technique de “Stop And Go” avec le gouvernement malien), sont une autre illustration de l’amateurisme et du pilotage à vue version IBK.

    Le Mali s’en va en négociation au moment même où il a la côte la plus faible et la marge de manœuvre la plus étroite de l’histoire.

    Et pire, il n’a plus la confiance de ses partenaires internationaux.

    Dans cette situation que faut-il faire?

    Il faut très vite restaurer la confiance en montrant pattes blanches:

    -Annuler les dépenses inutiles et de prestige et respecter les engagements de bonne gouvernance de l’État.

    -Tracer un cap clair de gouvernance et un planning d’exécution sans équivoque des objectifs dans tous les domaines.

    -Chercher les compétences les plus aptes à relever les défis dans tous les bords politiques et sociaux du pays.

    -Remettre les maliens au travail par des investissements productifs de l’argent public et en tendant la main au secteur privé qui mène une activité saine et créatrice de richesses et d’emplois.

    -Faire la promotion du mérite dans tous les milieux professionnels et bannir les promotions familiales dans la gestion de l’État.

    -Arrêter avec le faire semblant dans la lutte contre la corruption et le gaspillage de l’argent public.

    Sans ces préalables, aucune confiance ne sera restaurée à cours terme avec les partenaires techniques et financiers et les partenaires sociaux.

    Et surtout le pays court droit à un nouvel effondrement de l’État car sans l’aide étrangère et un contrôle strict des dépenses publiques, c’est la cessation des paiements garantie avec toutes les conséquences explosives sur le plan social que cela impliquerait.

    Wa salam.

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