Des centaines de milliers de jeunes diplômés sans travail, une économie à bout de souffle, de nombreux systèmes mafieux. Les décideurs maliens doivent sortir de ce cercle vicieux.
Une économie totalement déstructurée. Une masse de chômeurs diplômés vertigineuse. Une jeunesse majoritairement répulsive au labeur. Des clients européens qui se portent passablement bien. Des partenaires asiatiques qui ne rechignent pas à casser les prix. Voilà dans quel état se trouve le Mali après plus de 20 ans de renouveau démocratique. Quel programme économique le nouveau chef de l’Etat devrait-il mettre en place pour relever le pays et lutter contre le chômage, la mère de tous les vices ? Quelques pistes ont été tracées par les institutions internationales et les économistes.
De toute évidence, la fin d’année 2012 quelque peu tirée par les cheveux qu’a connue le Mali et la prolongation des effets de la crise au cours du premier trimestre de cette même année, ont impacté négativement la fragile croissance de l’économie du pays. Qu’à cela ne tienne, certains secteurs d’activité de l’économie malienne ne risquent pas de perdre grand-chose du dynamisme qu’ils ont connu au cours des années écoulées. Avec les maigres résultats des politiques de l’emploi, il est temps pour l’Etat malien de tout revoir. En effet, le taux de chômage atteint, selon les chiffres officiels, plus de 20%. Il est particulièrement élevé parmi les jeunes diplômés. Les ressources de l’Etat étant limitées, il faut mettre en place des mesures spécifiques destinées aux plus défavorisés. Certaines régions sont délaissées, il faut y lancer des projets de développement massifs. Autant de mesures qui auraient des effets immédiats sur l’emploi. Le Mali enfermé dans sa spécialisation qui est l’agriculture : il lui faut en sortir, conseille Kéita. T, agroéconomiste. Ce secteur représente près de la moitié des exportations. Mais pour combien de temps? En fait, l’agriculture n’est pas le secteur rêvé pour les diplômés d’université. De même, l’industrie touristique est un secteur très porteur. Malheureusement, il reste embryonnaire. Le pays ne devrait pas non plus s’en contenter.
Développer les services et le high-tech.
Le secteur représente 5% des services, lesquels comptent pour presque la moitié du produit intérieur brut malien. Beaucoup ont investi dans ce secteur, mais les profits sont limités: les propriétaires d’hôtels se voient forcés de casser les prix sous la pression de la rareté de la clientèle surtout dans les régions. La solution? Il n’y en a pas à court terme, il ne s’agit là que de long terme. Il faut investir massivement dans la recherche et le développement, promouvoir les services à forte valeur ajoutée. Les experts pensent aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le gouvernement doit donner un avenir à l’informatique en mettant en place un dispositif qui aide les jeunes entrepreneurs à créer leur entreprise sans mise de fonds. En effet, il faut satisfaire les besoins fondamentaux des populations, en éducation, en infrastructures et en équipements divers. Des études stratégiques portant sur ces secteurs sensibles ou porteurs ont été réalisées. Un projet de développement devrait être consacré à ces secteurs qui doit définir des objectifs à atteindre et les actions à mettre en œuvre pour les réaliser, conjuguant les efforts des divers acteurs et mettant à profit toutes les énergies positives. La bonne conjoncture internationale nourrie par une forte demande des matières premières de tout genre, le léger redressement de certains indicateurs macro-économiques dans les pays développés tout comme les impératifs de reconstruction post-crise au plan national continueront, sans doute, de les porter. L’agriculture et l’agro-industrie devraient surfer sur la vague de hausse des prix des matières premières. Les filières coton, acajou, mangues devraient les sentir très fortement. Ainsi, l’agriculture et l’agro-industrie maliennes verront probablement leurs activités boostées par l’inévitable hausse des importations mondiales. D’ailleurs, producteurs agricoles et agro-industriels ne font pas de mystère sur leur détermination à tirer le meilleur parti de l’embellie actuelle sur le marché des produits de base avant un retournement de tendance. De nombreux projets industriels dans les sous-secteurs énergie, mines, géologie et hydrocarbures sont à explorer.
Paul N’GUESSAN