Effritement des valeurs sociétales au Mali :L’abandon de l’enseignement de la morale à l’origine du mal

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Depuis plus de dix ans, la société malienne est en proie à un effritement de ses valeurs. Chaque jour qui passe, la jeunesse s’éloigne de l’usage et de la coutume. Autrement dit, c’est la dépravation des mœurs  au sein de notre société africaine. La raison est simple et même simpliste : l’enseignement de l’éducation civique et de la morale à l’école a été rayé de l’emploi du temps.

La jeunesse d’un pays est sans doute son avenir. Pour éviter la compromission de cette position, la jeunesse doit être soumise à une bonne éducation. Et cette préparation passe, nécessairement, par l’école et l’enseignement de la morale ainsi que l’instruction civique. Depuis la nuit des temps, toutes les sociétés organisées allaitent sa jeunesse avec  ces deux mamelles.

Par ailleurs, dans la société traditionnelle négro-africaine, comme au Mali, le fonctionnement du système des classes d’âge, qui préfigure les enseignements primaire, secondaire, supérieur et les grandes écoles occidentales, n’ont jamais été isolés de l’apprentissage de la morale qui enseigne les valeurs. Sans le respect desquelles, la décadence au sein de la société est inévitable.

Aujourd’hui au  Mali, l’enseignement de l’instruction civique et la morale sont à l’écart du système éducatif. Et cela, depuis l’avènement de la démocratie. Après le règne du président Modibo Keita et du Général Moussa Traoré, les régimes qui se sont succédés à la tête de notre pays n’ont pas pu résister à la pression des bailleurs de fonds, face au système éducatif. Du coup, l’enseignement de la morale a été remis aux oubliettes.

Par rapport à l’effritement des valeurs sociétales au Mali, les acteurs de la démocratie en ont beaucoup pour leur compte. Ils ont été supplantés par des travers. Au sens propre comme au sens figuré. Ce sont ces  nouvelles références de la jeunesse malienne qui sont des contre-valeurs à l’origine de la décadence dans le pays. Entre autres on peut citer, l’acquisition de l’argent facile, la compromission, l’absence de solidarité, la délation, le détournement des deniers publics, la corruption, la gabegie, la prévarication, l’irrespect de l’âge, (sauf à l’endroit des proches) et l’irrespect des institutions.

Actuellement,  l’enseignement de la morale à l’école est d’une rareté comme les denrées alimentaires lors d’une sécheresse imprévisible et implacable. Alors que cette morale devrait accentuer, du moins, entretenir l’émulation de la jeunesse malienne. 

Pourtant, l’écrivain Doumbi Fakoly, dans son livre intitulé « le Mali 50 ans après, de Modibo Kéita à ATT », précise qu’au temps de Modibo Kéita et du Général Moussa Traoré, les structures traditionnelles n’avaient pas été trop malmenées par la politique d’aliénation culturelle entreprise par la France coloniale.

« Les élèves maliens à cette époque continuaient de recevoir à l’école, sous d’autres formes, la même éducation  civique et morale. Leur chance dans l’appropriation des valeurs enseignées a résidé dans le fait qu’ils ont toujours eu  d’excellents modèles qui ont suscité en eux une véritable émulation », explique, Doumbi Fakoly. Avant de poursuivre : «  d’une manière générale, la jeunesse malienne s’est familiarisée. Au même moment, respecte l’âge, la hiérarchie, les institutions, les interdits, les emblèmes  etc. ».

Pour cette raison, l’écrivain s’insurge : « pour mieux circonscrire ces maux qui envahissent aujourd’hui, la société malienne, il faudrait revoir le système éducatif ». 

Oumar Diakité

 

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