«Violences faites aux femmes, quelles solutions pour le Mali» ? Tel était le thème de la journée de plaidoyer organisée par Soroptimist International Club Lumière de Bamako. Un thème disséqué par Mmes Aïcha Diarra et Kéita Joséphine Traoré ainsi que Pr. Lamine Boubacar Traoré. La modération était assurée par M. Bouréïma Allaye Touré, président du Conseil national de la société civile.
Le constat est que, parmi les Violences basées sur le Genre (BVG), celle faite aux femmes est la forme qui prend de plus en plus de l’ampleur. Selon des statistiques officielles publiées en 2014, 720 millions de filles ont subi le mariage précoce. Les conférencière, Mme Aïcha Diarra et Joséphine Traoré Kéita, ont abordé les violences faites aux femmes en fonction de leur typologie (violences physique, verbale, psychique, psychologique, économique, institutionnelle…) leurs causes (conflits, pauvreté, chômage, alcoolisme et consommation de psychotropes, les pesanteurs socioculturelles ou socio-économiques, inversion des valeurs…), leurs conséquence, les obstacles à leur éradication et les solutions (application stricte des conventions signées, respect des lois nationales, scolariser les filles et les maintenir à l’école…)…
Dans sa présentation, Pr. Lamine Boubacar Traoré a montré des images insoutenables sur les agressions sexuelles pendant les occupations des régions du Nord. «Une violence planifiée comme arme politique», a-t-il déploré. Chiffres à l’appui, il a mis en évidence la courbe ascendante des violences sexuelles au Mali qui passe de 211 cas en 2012 à 460 cas en 2015. Ainsi, selon son étude, 1421 cas de violences sexuelles ont été commis entre 2012 et 2015. «L’éducation est la clé universelle à l’émancipation de la femme, donc aux BVG, précisément les violences faites aux femmes. L’autre arme est aussi l’autonomisation des femmes pour leur donner un pouvoir économique», a préconisé Pr. Traoré.
Un avis largement partagé par les autres conférenciers, le modérateur et une partie des intervenants dans le débat. «Il faut protéger les futures générations de la violence, au niveau de la famille à travers notamment l’Education», ont prôné des femmes leaders dont Mme Kéita Joséphine Kéita. Ce changement de comportement et de mentalité devant commencer dans la famille, il est nécessaire de mettre fin aux stéréotypes dans l’éducation familiale. «Nous ne devons plus éduquer le garçon dans l’esprit du mâle dominant et la fille comme un être qui doit se soumettre à tous et à tout», a conseillé Pr. Lamine B. Traoré.
Il faut souligner que la campagne annuelle de 16 jours d’activisme pour accroître la sensibilisation du public sur la violence basée sur le genre, répond à l’appel des Nations unies pour un «Monde Orange». Cette campagne a débuté le 25 novembre, Journée internationale des Nations unies pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, jusqu’au 10 décembre, Journée Internationale des droits de l’homme. Durant les 16 jours, les ONG et les femmes du monde œuvrent à attirer l’attention sur cette violation des droits humains. L’initiative du Club Lumière de Bamako a véritablement atteint son objectif parce que les débats ont mis en évidence des pistes d’éradication des violences faites aux femmes. Il faut maintenant les emprunter pour concrétiser l’engagement et la forte mobilisation notée au cours de ces 16 jours d’activisme contre le fléau. Cela est loin d’être gagné d’avance !
Moussa BOLLY