Éditorial : A l´Appel de la Liberté : trois à quatre millions de oui!

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Comme il nous a d´ailleurs été donné de le constater, les 7, 8, 9, 10 et 11 janvier 2015. Semaine sanglante, semaine historique qui a vu la France passer du deuil à la fête républicaine. Les frères Kouachi, le couple Coulibaly  et leurs complices sont passés par là. Et venaient donc de sonner le tocsin.

Ainsi, les amoureux de la Liberté estimés à quelques trois ou quatre voire cinq millions, en singleton, en couple, par groupes de trois, de dix vingt, cinquante, cent, mille, trois mille,  cinquante mille…,  ont parachuté, surgi de mer, sont sortis de terre, de partout et ont convergé sur  «la grande et noble»Paris, pour parler comme Emile Zola.

C´est que, dit Marx dans le 18 Brumaire de Louis Bonaparte,  les hommes font leur propre histoire, mais ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d´un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c´est précisément à ces époques de crise révolutionnaire, qu´ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu´ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d´ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l›histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté….

Des mots qui n´ont pas jamais sonné aussi vrai que ce 11 janvier 2015. Une journée à nulle  autre pareille   qui en rappelle pourtant d´autres. En l´occurence, la journée du 18 mars 1871. Les terroristes n´étant rien d´autre que les nouveaux Prussiens et l´océan d´amoureux de la Liberté, jouant le rôle de la Garde Nationale. La part du lion revenant au lion de la République. Sauf que le second lion de la République est plus qu´Ernest Picard Ministre de l´Intérieur d´alors. François Hollande  peut donc, au nom de la République française,  pousser son cri de guerre:

«Le Gouvernement vous appellent à défendre votre cité, vos foyers, vos familles, vos propriétés.

Quelques hommes égarés, se mettant au-dessus des lois, n´obéissant qu´à des chefs occultes, dirigent  contre Paris les canons qui avaient étés soustraits aux Prussiens.

Ils résistent pat la force à la garde nationale et à l´armée. Vous voulez le souffrir?

Vous voulez, sous les yeux de l´étranger prêt à profiter de nos de nos discordes, abandonner Paris à la sédition?

Si vous ne l´étouffez pas dans son germe, c´en est fait de la République, et peut être de la France!

Vous avez leur sort entre vos mains!

Le Gouvernement a voulu que vos armes vous fussent laissées.

Saisissez-les avec résolution pour rétablir le régime des lois, sauver la République de l´anarchie qui serait sa perte; groupez-vous autour de vos chefs. C´est le seul moyen d´échapper à la ruine et à la domination de l´étranger».

Ces mots-là, s´ils sont signés d´Ernest Picard déjà cité mais aussi d´Aurelle, le Général Commandant supérieur de la Garde Nationale de la Seine, n´en disent pas moins long sur la gravité de la situation. Surtout que les balles terroristes ont fauché environ une vingtaine de citoyens. Intolérable, clame le peuple dont le cri  vient ainsi répondre à celui de François Hollande! La magie de l´instant! Et elle est à la Liberté, toute à la Liberté! Pensée émue à la veuve du Lieutenant Châtelet.

La brave venue rendre l´ultime hommage à son époux, et après un baiser suave à sa progéniture, lâche: «Souvenez-vous et criez avec moi: Vive la République! Vive la Commune!». Et, chantera notre Hugo à tous, Victor, insensé qui croit que je ne suis pas toi. Le fol amoureux de la Liberté a parlé. Le cortège républicain peut alors s´ébranler; et Place de la Liberté pour aboutir à l´Avenue de la Nation.

Et l´on entend alors, du fond des âges, Jules Leroux  se faire «la bouche du peuple», selon la belle expression d´Aimé Césaire, cet autre intrépide combattant de la Liberté; et déclamer «l’ardente prière que le peuple qui souffre, sent, et connaît, profère chaque jour:Sainte et auguste République, tiens tes promesses ; réalise parmi les hommes la Liberté, l’Égalité, la Fraternité, l’Unité; fais qu’il n’y ait plus de gens qui vivent dans l’extrême opulence et de gens qui meurent dans l’extrême misère; détruis l’inégalité, l’esclavage, la haine, non dans quelques uns de leurs effets, mais dans leurs racines les plus profondes, ou tu n’es qu’un vain nom!»

Bien sûr qu´ils voudraient, eux aussi prier, les quatre à cinq millions d´amoureux  célébrant la Liberté au coeur de Paris. Ils prient même, se recueille, écrase une larme par-ci, contient un soufle là, s´efforce de rire quelques fois. Parfois aussi, on les a vus rire, même franchement: «là où il y a tombeau, il y a résurrection», rassure un autre poète.

Mais force doit rester à la fermeté. Car l´arme terroriste plantéé dans le dos de la République l´a tirée de l´indolence. Et l´a donc propulsée sur le front de ligne. Et sur son propre sol!

C´est malheureusement cela aussi le terrorisme qui apparaît ainsi dans toute son hideur.

Hawa DIALLO

 

 

 

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