Le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille a organisé, le jeudi 26 décembre 2020, la cérémonie de lancement des 16 jours d’activisme de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Le thème national retenu pour cette édition 2020 est : Investissons dans la lutte contre les Vbg pour une participation inclusive au développement.
A l’instar de la communauté internationale, notre pays célèbre chaque année la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles. Deux dates importantes marquent le début et la fin de la campagne: le 25 novembre est la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes et le 10 décembre, Journée internationale des droits de l’homme.
Ces 16 jours d’activisme ont été lancés par Mme Bouaré Bintou Founè Samaké, ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, qui avait à ces côtés Mme Béatrice Eyong, représentante des partenaires techniques et financiers, plusieurs membres du gouvernement et des autorités coutumières.
Selon la ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, la violence à l’égard des femmes et des filles est l’une des violations des droits fondamentaux les plus fréquentes dans le monde. Elle ne connait ni frontières géographiques ni culturelles et se manifeste sous plusieurs formes.
“Les principaux facteurs de risque de la violence à l’égard des femmes et des filles, tels que le chômage, les pénuries de nourriture, l’insécurité, la fermeture des écoles, le confinement ont été exacerbés par la pandémie de Covid-19. A l’échelle mondiale, on estime qu’une femme sur trois est victime de violence physique au cours de son existence. Dans notre pays, les chiffres concernant les violences basées sur le genre sont alarmants. Les tendances des incidents de Vbg n’ont pas cessé de progresser au fil des années”, dixit Bintou Founè Samaké.
Parmi les types de Vbg rapportés, les cas de violence sexuelle prédominent, suivis des agressions physiques, aux dires de Mme le Ministre. “De juillet à septembre 2020, le nombre de cas de violences basées sur le genre rapportés s’élève à 2 033 cas dont 23% de viols, 20% d’agressions physiques, 20% de violences psychologiques, 15% d’agressions sexuelles, 12% de dénis de ressources et 10% de mariages précoces.
La prévention et la lutte contre les violences basées sur le genre sous toutes ses formes, les pratiques néfastes ainsi que la promotion de l’accès à la santé de la reproduction ont toujours été un sujet de préoccupation majeure pour mon département”, a-t-elle rassuré. Avant d’ajouter qu’elle reste convaincue que l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes passent nécessairement par l’élimination de toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles, des pratiques néfastes à leur santé, ainsi que le renforcement des capacités et l’accompagnement de qualité des victimes.
Mme Béatrice Eyong, représentante des Partenaires techniques et financiers a pour sa part souligné que la collaboration entre les Etats, le monde scientifique, la société civile et les industries a véritablement changé la donne face à la pandémie de Covid-19.
“C’est une collaboration de cette ampleur et de cette nature à cette échelle et plus encore, qui serait nécessaire pour éliminer la violence à l’égard des femmes dans tous les pays et à tous les niveaux : social, communautaire, familial et individuel.
La société civile est un partenaire clé dans cette démarche. Mais pour jouer pleinement son rôle, elle doit être dotée de ressources avant tout flexible. Et la tendance à la réduction des financements qui limitent les moyens de fonctionnement des organisations de femmes, des centres de crise, des refuses et des lignes d’assistance doit être inversée.
L’initiative conjointe de l’Union européenne et de de l’Onu, l’initiative Spotlight, ouvre la voie et d’autres similaires doivent lui emboîter le pas afin que soient mises au point des stratégies qui feront vraiment la différence. Les plans de relance de chaque pays devraient inclure des dispositions visant spécifiquement à stopper la violence à l’égard des femmes et à renforcer le financement des services sociaux, notamment pour appuyer la santé sexuelle et reproductive, qui viennent en aide aux survivants et leur permettent de se rétablir”, a-t-elle fait comprendre. A l’en croire, les femmes doivent avoir pleinement accès à la justice. Elles ont le droit de voir les acteurs des abus qu’elles subissent traduits en justice et de bénéficier d’une véritable politique de prévention à même de freiner ces crimes.
A ses dires, l’une des raisons pour lesquelles seule une minorité de femmes ose dénoncer les graves atteintes dont elles sont victimes ou sollicite une aide quelconque, est leur manque de confiance dans le système et dans les réponses apportées.
Dans ses propos, Mme Béatrice fait savoir qu’il faut enseigner dans les facultés de droit et les académies de police à reconnaître les abus, à être attentifs à la discrimination et à réagir. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra remédier à l’impunité. Pour ce faire, il convient de mettre en place des cadres juridiques et des politiques solides, de disposer de données pour suivre les progrès, pour les aider à rendre des comptes et obliger aussi les autorités à rendre des comptes.
“Les changements culturels qui doivent intervenir sont aussi importants car ils sont la clé pour conjurer la violence à l’égard des femmes. Nous devons faire évoluer les stéréotypes et les attitudes qui conduisent d’une part à perpétuer le sentiment de honte chez les survivantes, et d’autre part à banaliser le comportement des acteurs de ces crimes ou les excuser. Et nous devons rallier tout le monde à cette cause, y compris les hommes ou les garçons.
Pour aboutir, toutes ces interventions doivent être engagées simultanément, continuellement, collectivement et à grande échelle”, a signalé la représente des Ptf.
Au Mali, selon l’enquête démographique et de santé (Eds VI) réalisé en 2018, 45% des femmes de 15-49 ans ont subi des actes de violence physique ou sexuelle. 49% de 15-49 ans en union ou en rupture d’union ont subi à n’importe quel moment des actes de violence émotionnelle, physique et ou sexuelle. 55% des filles se marient avant l’âge de 18 ans, tandis que 15% sont mariées avant 15 ans.
Pour terminer, Mme Béatrice Eyong appelle tout le monde à redoubler d’efforts afin d’arriver à éradiquer ce fléau qui porte atteinte au bien-être des femmes et des filles et les empêcher de développer pleinement leur potentiel pour contribuer au développement.
Les activités des jours 16 jours d’activisme porteront sur l’information et la sensibilisation des communautés, des scolaires et des universitaires sur l’ampleur et les conséquences des violences faites aux femmes et aux filles, l’incitation des survivants et des communautés à dénoncer immédiatement les acteurs de violences, la formation et le plaidoyer à l’endroit des décideurs en faveur de l’adoption d’une loi sur les violences faites aux femmes et aux filles.
Marie DEMBELE