Décidément la caque sent toujours le hareng. En cherchant à se faire une nouvelle virginité morale après la scandaleuse affaire d’exploitation frauduleuse de bois d’ébène dont il est l’épicentre et qui est désormais de notoriété nationale, le très mal inspiré Directeur national des eaux et forêts, Alassane Boncana Maïga, vient de tomber dans un autre travers qu’un forestier digne de ce nom éviterait. Nous ne nous attarderons plus sur son fétichisme de l’argent et sa gestion paternaliste qui ne sont plus que des secrets de polichinelle. Mais, ce n’est que la face visible de l’iceberg.
Pourtant, son physique imposant et son calme insidieux qui feraient penser à un monument de vertus, couvent une véritable souillure morale qui le fait adopter des comportements impropres à un descendant de Sonni Aliber : trahison, ingratitude, fuite de responsabilité, égoïsme… Il trahit sans état d’âme ses complices et les sacrifie sur l’autel de la préservation de son trône, comme une guenon qui se sépare de son petit pour échapper à la dent d’un chien la pourchassant. Il est ingrat, car oubliant facilement ses parents ou ses amis d’hier lui ayant rendu de précieux services (to kick down the ladder : donner un coup de pied à l’échelle, comme disent les Anglais). Egoïste enfin, car il ne veut voir personne poindre, comme le démontre la réduction de ses chefs de division à leurs formules atomiques. Désabusés et désemparés, ils préfèrent tous se résigner, convaincus qu’ils n’auront aucun soutien à priori.
Point de syndicat, excepté un opportuniste de secrétaire général complice du Directeur dans les opérations de partage et autres avantages indélicats. Se mouillant dans des affaires douteuses, il a choisi d’être bonasse et conformiste comme un tueur à gages, et traiterait de «malankolown» ceux qui décrient à juste raison la mauvaise gestion du Directeur national. Soucieux de manger à plusieurs râteliers, il relègue la défense des intérêts des travailleurs au second plan. Les forestiers doivent s’en prendre à eux-mêmes, car la défense des intérêts des travailleurs requiert des qualités techniques, mais surtout morales qui ne sont pas chez lui les choses les mieux partagées. Dès lors, la solution «syndicat» est un cautère sur une jambe de bois. La grande masse des forestiers, à la recherche du quotidien, évite de mécontenter le «souverain» et préfère protester in petto. Depuis maintenant quelques temps, il fait procéder à des mises en scène comme les saisies de bois d’ébène à Kayes dont le Directeur régional de cette localité, un de ses suppôts, déclare sans se gêner que ces bois proviennent de la Côte d’Ivoire, du Burkina et de la Guinée. En tout cas, pas du Mali. Des saisies ont aussi été opérées à Siby, à Bamako… tout ça pour faire accroire sa hiérarchie.
Des choses qui méritent de retenir l’attention viennent de se passer à Sikasso
En effet, dans sa tentative de sauver sa tête, le Directeur national des Eaux et Forêts, Alassane Boncana Maïga, vient de demander au Directeur régional de Sikasso de faire blâmer certains agents et en suspendant d’autres sous le prétexte fantaisiste qu’ils n’auraient pas fait arrêter quatre camions chargés de bois frauduleusement exploités depuis Manankoro et ayant passé par Garalo, Bougouni et Kéléya. Et cela, sans leur avoir adressé la moindre demande d’explication, et encore moins, établi la moindre preuve tangible de la responsabilité des uns et des autres. Dans quel pays sommes-nous ? Le Gouverneur de Sikasso, Mahamadou Diaby, vient de signer effectivement la sanction de blâme par Décision N° 0459/2014/GR/SIK/CAB/2/BP du 24 juillet 2014 infligée à quinze agents du cercle de Bougouni, au mépris de l’article 80 du statut des fonctionnaires qui exige au préalable qu’une demande d’explication soit adressée à un agent avant de le sanctionner. Comment un fonctionnaire de ce niveau comme Alassane Boncana Maïga peut commettre de telles erreurs ? A-t-il touché des pots-de-vin pour agir de la sorte ? Cette situation ne manquera pas de provoquer des cris d’orfraie. C’est une traîtrise qui ne dit pas son nom, car tous ces agents sont ses hommes de confiance qui se sont confirmés dans la dévotion au Directeur. Le chef de poste de Kéléya, Lassana Doukara, qui s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite, en fin d’année, est un agent que le service va regretter. Assidu au travail, discipliné et courageux, qu’il trouve ici la reconnaissance des forestiers honnêtes. Ceux qui en doutent, pourront vérifier ses performances à Sikasso et à Bougouni. Cette opération de blâme est une véritable farce, car des agents pris en flagrant délit de détournement par une mission régionale n’ont pas été inquiétés et certains ont même été promus à une plus grande responsabilité. Comment le Directeur national des Eaux et Forêts justifie-t-il le maintien du chef de poste de Sélingué à sa place, malgré des malversations prouvées contre lui ? Par ailleurs, étant ingénieur, il a sa place ailleurs que dans un poste.
Sous la férule d’Alassane Boncana Maïga, des forestiers se rendent coupables d’incendie volontaire. En tout cas, il a récemment instruit au Directeur régional de Sikasso par lettre N° 2014-198/MEEA-DNEF du 7 mai 2014 de procéder à une mission dans les cercles de Kolondièba, Bougouni. L’objectif ici n’est pas de faire une exégèse du verbeux et cafouillé rapport de mission, mais plutôt de décrier la décision absurde de procéder à l’incinération des produits exploités, sous le prétexte saugrenu de décourager des fraudeurs. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un abus qui mérite une sanction. En commettant cette «bêtise» qui n’est prévue par aucune disposition réglementaire, ces forestiers fourvoyés occasionnent une perte au plan économico-financier pour tout le Mali et une augmentation du taux de carbone dans l’atmosphère à travers l’incinération. Des populations ont assisté impuissantes à ces scènes de destruction auxquelles les premiers défenseurs supposés de l’environnement se sont livrés sous les consignes d’un Directeur national mal inspiré et aux abois. Il ne reste plus qu’à sonner l’hallali.
Par ce geste, ces agents apostasient leur serment de forestiers et se disqualifient donc pour la préservation de l’environnement pour laquelle l’Etat leur consent des sacrifices. Ils démontrent aisément qu’ils n’ont aucune sensibilité forestière et ne se sentent nullement responsables de ces forêts. Ils n’auraient jamais mis le feu au bois frauduleusement exploités, selon eux, si les produits avaient été récoltés dans leurs forêts privées. Ils auraient au contraire cherché à les valoriser pour minimiser d’éventuelles pertes.
Si les différentes mairies s’étaient vues confier le débardage des produits et la recherche des fraudeurs, elles se seraient senties davantage responsables et on éviterait une perte aussi bête. Malheureusement, il ne manque pas comme eux des agents incapables d’analyses et de persuasion de leur hiérarchie pour prendre les décisions idoines. Justement, la soumission totale à l’autocrate Alassane Boncana Maïga est la condition pour se voir confier des responsabilités. Un acte est bon parce qu’Alassane le veut et non qu’il est bon pour qu’Alassane le choisisse. Dès lors, il devient aisé de comprendre que ceux qui doivent être ses conseillers le caressent dans le sens du poil, même s’il est dans l’erreur. Cette gestion autocratique tue l’initiative chez les cadres qui n’ont même plus foi en l’avenir. Les divisions forestières travaillent sans méthode, car sans objectifs clairement définis à la réalisation desquels on se donne des moyens. Le simulacre de programmation annuelle passe pour un effet de mode et les bilans présentés en fin d’année sont pour la plupart inventés.
Ce rapport de mission stipule par ailleurs que les différentes autorités ont approuvé le geste. Est-ce par courtoisie exagérée ou par insuffisance d’inspiration ? Il est tout à fait étonnant que depuis le gouvernorat de Sikasso en passant par les préfets de Kolondièba, Bougouni et d’autres cadres de la région, personne n’ait pu relever le caractère illégal, mais surtout absurde de l’incinération volontaire des produits qui auraient servi des communes. Les propriétaires de ces bois sont en droit de porter plainte. Et chacun doit faire beaucoup attention aux coups de tête d’Alassane Boncana Maïga, Directeur national des Eaux et Forêts, qui léguera sans nul doute un héritage difficile à gérer à son successeur, tant le service des Eaux et Forêts compte désormais parmi les malfamés du pays. Comme le ridicule ne tue pas, en se disant fier de son bilan, il insulte les forestiers qui auront du mal à restaurer leur prestige. Sacré Alassane !
Aminata BAGHAKHA
Une occasion en or de protester contre le journal pour calomnie, faux et usage de faux. J’aurai été à sa place que je me constituerai en demandant le franc symbolique. Par respect pour mes parents et mes enfants
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