Dans le cadre du lancement du annuel 2011 sur la situation des droits de l’Homme au Mali et conformément à ses prérogatives, la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) a jugé nécessaire de produire un rapport circonstancié suite aux événements survenus au Mali au cours du premier semestre et de leurs conséquences sur les droits de l’Homme. Ce rapport a été présenté hier mardi 2 octobre à la presse au siège de la CNDH.
Dans ce rapport circonstancié, la CNDH rappelle le contexte des événements, décrit les atteintes aux droits de l’Homme constatées ou rapportées et formule des recommandations. Il a été rédigé en deux parties. Une première partie concerne la situation des droits de l’Homme au nord du Mali et une seconde partie consacrée à celle de Bamako et dans le reste du Mali. S’agissant de la situation des droits de l’Homme au nord, le rapport révèle que depuis l’occupation des trois régions par le MNLA et des mouvements islamistes armés, le MNLA qui est aujourd’hui bouté du territoire, ont commis de nombreux crimes et atteintes aux droits de l’Homme.
Il s’agit d’atteintes à la liberté religieuse et aux droits culturels, le crime de guerre, la crise humanitaire, le terrorisme, le droit à la liberté de la presse et d’expression. Sans oublié les amputations, les châtiments corporels et les lapidations. S’agissant du dernier point, il ressort du rapport qu’à la date du 21 septembre 2012, sept personnes accusées de vol ont été amputées de la main dans les différentes villes du Nord à la suite de décisions expéditives. Toutes ces personnes sont des noirs et d’autres personnes ont reçu des coups de fouet pour adultère. Autre fait dénoncé, le recensement injustifié des femmes. Dans le rapport, un conseiller national indique que les groupes islamistes procèdent actuellement au recensement de toutes les femmes ayant obtenu un enfant hors mariage ainsi que les femmes et filles en état de grossesse hors mariage.
L’une des conséquences de la crise sécuritaire au Nord a été la mutinerie qui a engendré des atteintes aux droits de l’Homme à Bamako et dans le reste du pays. Certains ont été commises pendant la mutinerie au sein de l’armée en mars, et au cours des affrontements entre les bérets rouges et verts.
Selon le rapport, parmi ses atteintes, on peut évoquer, notamment les arrestations arbitraires, la destruction, le vol, pillage de biens publics, des exécutions sommaires, des disparitions forcées, des tortures et traitements cruels, inhumains et dégradants des détenus ainsi que les agressions physiques et intimidation des journalistes dont certains ont été enlevés, molestés et abandonnés : cas d’un Commissaire de la CNDH, Abdramane Kéïta et Saouti Haïdara, le directeur de publication du groupe SOMAPRESSE. S’y ajoute l’agression du président de la République par intérim).
Au regard des atteintes graves aux droits de l’Homme constatées au Mali et décrites dans le rapport, la CNDH a formulé une kyrielle de recommandations. Elle a souhaité la réalisation d’une enquête indépendante sur la situation des droits de l’Homme au Mali, singulièrement à Aguelhok en vue de situer les responsabilités, sanctionner les auteurs et complices de violations et dédommager les victimes ou leurs ayant-droit. Elle a également recommandé l’approfondissement des concertations engagées en faveur de la gestion apaisée de la transition, la prévention de tout cas de torture, de traitements cruels, inhumains et dégradants et le transfert immédiat de tous les détenus dans un lieu de détention conforme à la législation en vigueur au lieu d’un camp militaire.
Bandiougou DIABATE