Les membres d’Amnesty international Mali ont procédé au lancement du rapport 2015 mondial des condamnations à mort et exécutions, mercredi 6 avril 2016, à la commission des lois de l’Assemblée nationale du Mali. Il ressort de ce document que les chiffres n’ont jamais été aussi élevés depuis plus de 25 ans.
Les membres d’Amnesty international Mali estiment que l’année 2015 a été caractérisée par une envolée spectaculaire du nombre des exécutions dans le monde, le plus élevé de ces 25 dernières années. Dans son rapport sur le recours à la peine capitale dans le monde, Amnesty International a constaté que l’Arabie Saoudite, l’Iran et le Pakistan étaient en grande partie responsables de cette envolée. «Au moins 1 634 personnes ont été exécutées en 2015. Ce chiffre ne tient pas compte des milliers de personnes probablement exécutées en Chine, où les statistiques sur la peine de mort sont considérées comme un secret d’État», dénote le rapport.
Pour le Directeur exécutif d’Amnesty International Mali, Saloum Dédéou Traoré, le nombre d’exécutions a donc nettement augmenté (de plus de 5o %) par rapport à 2014, puisqu’Amnesty International en avait recensé 1061 dans 22 pays.
Même s’il déplore la hausse pour l’exécution, Saloum Dédéou Traoré se réjouit de quelques avancées constatées par Amnesty. Sur ce plan, 4 pays ont aboli la peine de mort en 2015. L’autre constat est que de 1996 à 2015, il y a une augmentation du nombre de pays abolitionnistes. «De 60 pays nous sommes à 102 pays qui ont complètement aboli la peine capitale», se réjouit-il.
Pour sa part, Mohamed Béchir, Coordinateur Juriste Amnesty International Mali, ajoute que le rapport ne parle que des condamnations judiciaires et non extrajudiciaires. Profitant de l’occasion, il affirme que c’est en 1981 que le Mali a cessé l’exécution. Pour sa réponse au caractère dissuasif de la peine de mort, il est convaincu qu’une étude scientifique du FBI démontre qu’après l’abolution de la peine de mort au Canada, il y a une réduction de 40% du taux de criminalité. En outre, il précise que les statistiques en la matière ont toujours démontré que la violence fait appel à la violence. La solution, selon lui, est que l’Etat doit prendre des mesures en amont pour empêcher la violence et non d’encourager la peine de mort. Aussi, Mohamed Béchir regrette-t-il le fait que le corps le plus décrié et gangréné par la perversion et la corruption est la justice. «On ne peut pas permettre que ceux-ci, qui sont en manque de crédibilité, aient le pouvoir de décider de la vie ou de la mort d’une personne. Même si je reconnais qu’il y a des bons juges», déplore Béchir.
A son tour, le vice-président d’Amnesty international Mali, Ousmane Konaté, a posé la question de savoir si un homme a le droit d’ôter la vie à un autre homme ? En réponse à cette question, il dira non, au motif que seul Dieu peut donner la mort.
Ibrahim M.GUEYE