Amnesty International Mali, à l’instar des autres pays, a procédé le samedi 14 mai 2011 au lancement du Rapport 2011 d’Amnesty International. C’était à la pâtisserie Amandine, en présence des responsables d’AI-Mali, notamment le Président, Makan Koné, le Directeur Exécutif, Saloum D. Traoré, les coordinateurs des projets.
Dans son discours d’ouverture, le Président d’AI-Mali a précisé que le lancement du rapport sur la situation des droits humains dans le monde, qui a lieu chaque année, est couplé cette année à la célébration du cinquantenaire d’Amnesty International. Ainsi, il a fait un rappel historique sur la création de l’organisation, son domaine d’intervention avant de faire l’état de l’abolition ou du non abolition de la peine de mort dans différents pays du monde.
Rapport 2011 d’Amnesty International
C’est un document de 502 pages qui fait l’état de la situation des droits humains dans le monde. Compte tenu du volume du document, le Directeur Exécutif d’AI-Mali, Saloum D Traoré, s’est limité a présenté les faits saillants dudit rapport.
Selon le rapport, la montée du mouvement en faveur de la liberté et de la justice au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ainsi que l’essor des médias sociaux offrent une occasion sans précédent de faire progresser le respect des droits humains.
Une bataille décisive est en train de se dérouler pour le contrôle de l’accès à l’information, aux moyens de communications et aux réseaux sociaux. Ces derniers nourrissent en effet des actions militantes que les gouvernements s’efforcent de contenir. On l’a vu en Tunisie et en Egypte : les tentatives des gouvernements de bloquer l’accès à Internet ou de couper les réseaux de téléphonie mobile peuvent avoir le résultat inverse de celui escompté. Il reste que les Etats font tout pour reprendre la main et utiliser eux-mêmes ces technologies à l’encontre des militants.
La contestation s’est propagée à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, où l’on assiste à la mobilisation des populations en faveur de la fin de la répression et de la corruption. Témoin de l’aspiration fondamentale des hommes et des femmes de vivre à l’abri de la peur et à l’abri du besoin, le mouvement permet à ceux qui n’avaient pas de voix de se faire entendre.
Le monde entier a assisté, ébahi, à la chute des dictateurs en Tunisie et en Egypte. Et maintenant on entend le mécontentement qui monte de toutes parts, de l’Azerbaïdjan jusqu’au Zimbabwe.
Cependant, malgré la détermination toute nouvelle qui se dresse face à la répression, malgré l’extension du terrain de l’action en faveur des droits humains grâce aux nouvelles technologies numériques, la liberté d’expression, droit essentiel en soi, mais aussi en tant que moyen d’accès à d’autres droits humains est battue en brèche partout dans le monde.
En Libye, en Syrie, à Bahreïn et au Yémen, les autorités n’hésitent pas à tuer, mutiler ou frapper pour se maintenir au pouvoir. Après la chute des dictateurs, il faut encore démanteler les institutions sur lesquelles ils se sont appuyés.
L’Azerbaïdjan, la Chine et l’Iran, entre autres gouvernements répressifs, font tout actuellement pour tuer dans l’œuf toute révolution analogue sur leur territoire.
Le Rapport 2011 d’Amnesty International recense des restrictions spécifiques à la liberté d’expression dans 89 pays, des prisonniers d’opinion dans 48 pays, des cas de tortures et d’autres mauvais traitements dans 98 pays et des procès inéquitables dans 54 Etats.
On retiendra aussi quelques moments emblématiques de l’année 2010, notamment la remise en liberté d’Aung San Suu Kyi, au Myanmar, et l’attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo bien que le gouvernement chinois ait tout fait pour saboter la cérémonie.
Loin des projecteurs de l’actualité internationale, des milliers de défenseurs des droits humains ont été menacés, emprisonnés, torturés et tués, notamment en Afghanistan, en Angola, au Brésil, en Chine, au Mexique, au Myanmar, en Ouzbékistan, en Russie, en Turquie, au Vietnam et en Zimbabwe.
Bon nombre de ces militants exprimaient leur position sur les questions de droits humains comme la pauvreté, la marginalisation de secteurs entiers de la société, les droits des femmes, la corruption, la brutalité et l’oppression.
Dans toutes les régions, les évènements ont montré l’importance de leur rôle ainsi que la nécessité de les soutenir grâce à la solidarité internationale
Le Rapport annuel d’Amnesty International met aussi en lumière les éléments suivants : une aggravation de la situation dans certains pays et, notamment, celle des militants en Ukraine, au Belarusse et au Kirghizistan ; l’escalade de la violence au Nigéria ; et une crise de plus en plus grave résultant des insurrections armées maoïste dans le centre et le nord-est de l’Inde.
Un certain nombre de tendances régionales, notamment l’intensification des menaces contre les populations indigènes dans les Amériques, la détérioration de la situation légale des femmes qui choisissent de porter le voile intégral en Europe, et la détermination croissante des Etats européens de renvoyer des personnes vers de pays où elles risquent d’être persécutées.
Des conflits qui provoquent des ravages en Colombie, en Irak, en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, en République Centrafricaine, en République démocratique du Congo, dans le Caucase du Nord (Russie), en Somalie, au Soudan, au Sri Lanka et au Tchad, autant de situations où les populations civiles sont bien souvent prises pour cibles par les groupes armés et les forces gouvernementales.
Des signes de progrès cependant, notamment le recul constant de la peine de mort, des situations qui s’améliorent un peu dans le domaine de la santé maternelle (par exemple en Indonésie et en Sierra Leone) et la comparution en justice de certains responsables présumés de crimes de droits humains comme dans le passé sous les régimes militaires en Amérique latine.
« Les grandes puissances ont sous-estimé l’aspiration profonde des peuples du monde entier à la liberté et la justice » a déclaré Salil Shetty.
Amnesty International estime que ces grandes puissances doivent désormais appuyer les réformes et non retomber dans leur cynique soutien politique à la répression.
Ainsi, le véritable test de l’intégrité de ces grandes puissances sera leur appui à la reconstruction d’Etats qui respecteront les droits humains mais ne seront pas nécessairement des alliés, et leur détermination, par exemple dans le cas de la Libye, a déférer les pires auteurs de violations à la Cour pénale internationale lorsque aucune autre voie de justice n’est possible.
Moussa Touré