Du 23 au 24 mai dernier s’est tenu dans la salle Wa Kamissoko du Centre international de conférence de Bamako, un atelier de validation des avant-projets de loi portant protection des défenseurs des droits humains, des victimes et des témoins de violation de droits humains au Mali. Organisée par la Coalition Malienne des Défenseurs des Droits Humains (COMADDH), la cérémonie d’ouverture de cet important atelier était présidée par le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mme Sanogo Aminata Mallé.
Dans son adresse aux participants, le président de la COMADDH, M. Mohamed El Moctar Mahamar Maïga, a remercié tous ceux qui ont fait le déplacement pour rehausser, à travers leur présence, l’éclat de ces journées. Pour lui, l’objet du présent atelier résulte de la mise en œuvre des deux dernières actions et s’origine dans la quasi absence du cadre juridique de protection et de promotion des défenseurs, des défenseurs des droits humains, des victimes et des témoins de violation de droits humains. Un atelier qui est aussi le prolongement des actions déjà menées par la COMADDH dans la perspective d’une saine distribution de la justice pour asseoir la paix et la réconciliation nationale.
Après plusieurs réflexions, la COMADDH a jugé utile d’approfondir davantage l’avant-projet de loi sur les défenseurs des droits humains. Ainsi, elle a sollicité et bénéficié de l’expérience ivoirienne.
Au nom du Service International des Droits Humains (SIDH), son Directeur Afrique M. Clémont Voulé s’est beaucoup appesanti sur l’expérience de son organisation spécialisée depuis plus de 30 ans en matière de protection des défenseurs des droits humains. Pour lui, les défenseurs des droits humains sont confrontés à d’énormes défis et la pratique est devenue une source de risque. Pour cela, il a donné le cas du Burundi qui demeure un exemple palpable où ils sont devenus des ennemis à abattre. Après la Côte d’Ivoire qui vient d’adopter la loi sur la protection des défenseurs des droits humais, la Guinée, la Mali et la Sierra-Leone sont dans le processus, a-t-il indiqué. Avant de terminer, M. Voulé a salué la tenue de cet atelier qui, a-t-il souhaité, aboutira à la validation des avant-projets de loi portant protection des défenseurs des droits humains, les victimes et les témoins au Mali.
Les défenseurs des droits humains, les victimes et les témoins sont les acteurs incontournables dans la documentation et le rapportage des cas de violations des droits humains. C’est pourquoi, le Premier ministre Modibo Kéïta a bâti sa Déclaration de Politique Générale autour de trois axes prioritaires dont la promotion de la justice et l’équité, a souligné le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mme Sanogo Aminata Mallé, dans son discours d’ouverture. Aujourd’hui, a-t-elle déclaré, l’efficacité du système judiciaire est difficilement envisageable lorsque les personnes disposant d’informations nécessaires pour la manifestation de la vérité ne coopèrent pas durant la procédure judiciaire. De crainte pour leur vie ou celle de leurs proches. A ce titre, a-t-elle martelé, il convient de rappeler que le Programme d’Urgence pour le Renforcement du Système Judiciaire de Mise en Œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, consacre une de ses composantes à la protection des droits humains, la promotion de la lutte contre l’impunité, la corruption et la délinquance financière. C’est dans cette dynamique qu’il sera procédé très prochainement à l’adoption et à la mise en œuvre du document de politique nationale de protection et de promotion des défenseurs des droits humains, a déclaré Mme le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux.
Avant de terminer, elle a appelé les organisations de défense des droits de l’homme à s’engager davantage à côté du gouvernement pour faire de la protection et de la promotion des défenseurs des droits humains, une réalité de tous les jours.
Pendant deux jours, les participants venus de divers horizons se sont planchés sur le sujet et ont procédé à la validation des avant-projets de lois après des débats houleux mais fructueux.
Youssouf SANGARÉ