Prétendues violations des droits de l’homme dans la région de Mopti : Le ministre Kassoum Tapo s’insurge

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Le ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo, était remonté contre la Minusma, la CMA et des organisations de défense des Droits de l’Homme comme Human Right Watch qui accusent les forces de sécurité du Mali de violation des Droits de l’Homme dans la région de Mopti. Après vérification sur le terrain par le ministre Tapo lui-même (qui a sillonné Douentza, Sévaré, Bandiagara et Mopti), il s’est trouvé que ces allégations étaient fausses et sans fondement. Le ministre Tapo a échangé avec la presse le mardi 26 septembre 2017 sur le compte rendu de cette mission dans la 5e région.

Dans ses propos sur sa tournée à Douentza, Sévaré, Bandiagara et Mopti, le ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo, a dit qu’ayant été saisi par la Minusma, la CMA, la Plateforme et avec la publication du rapport de Human Rights sur des cas de violation des Droits de l’Homme, des cas d’enlèvement, disparitions forcées, de tortures, de détention illégales, de meurtres collectifs, des fosses communes reprochés aux forces armées maliennes dans la région de Mopti, il a tenu à descendre sur le terrain pour enquêter sur ces allégations, même si, a-t-il précisé, le gouvernement malien n’a pas été saisi de ces rapports des organisations de défense des Droits de l’homme, contrairement aux procédures normales. A ses dires, ces rapports auraient dû être communiqués au gouvernement du Mali pour ses observations avec sa publication. Ce qui n’a pas été fait. Donc, c’est suite à ces rapports qu’il a entamé la mission à Mopti à partir du 23 septembre 2017 et ce durant trois jours.

Aux dires du ministre Tapo, la Minusma qui était dans la mission de Mopti n’a pas voulu faire le déplacement à Douentza et Bandiagara car ces zones sont classées par la Minusma. A Mopti, il s’est rendu dans les commissariats de police, dans les maisons d’arrêt et les Brigades de gendarmerie, en compagnie des autorités politiques et administratives locales, de la Minusma et des organisations de défense des Droits de l’Homme. Ce qui lui a permis de faire l’état des lieux dans les unités enquêtées et les maisons d’arrêt visitées et de la situation des Droits de l’Homme dans la 5e région.

Douentza et à Bandiagara classées ” Zones rouges ” par la Minusma

Selon le ministre Tapo, la Minusma qui était à Mopti n’a pas fait le déplacement à Douentza et à Bandiagara, des localités classées “Zones rouges” par la Minusma. Il fallait une autorisation spéciale du représentant de la Minusma pour se rendre dans ces zones. Ce qui n’a pas été obtenu. La CMA aussi n’a pas participé à cette mission au prétexte que son représentant n’a pas eu de place dans l’avion, malgré la proposition du Ministre de mettre un véhicule à leur disposition. La Plateforme a accepté cette proposition du Ministre que la CMA a donc déclinée. Ce qui fait que le ministre Tapo a effectué cette mission avec la Commission nationale des Droits de l’Homme, son Cabinet et les autorités administratives de la région de Mopti, notamment le gouverneur, les préfets et les sous-préfets.

A Douentza, première étape de la mission, le Ministre a eu une séance de travail avec les autorités administratives, notamment le préfet de Douentza et les sous-préfets de Hombori, Boni et NGouma, les localités mises en cause dans le rapport de Human Rights Watch. Selon le ministre Tapo, ces autorités locales ont affirmé qu’elles n’ont reçu la visite d’aucun enquêteur, alors qu’il était dit dans le rapport qu’ils ont interrogé l’administration et la population et des éléments des forces de sécurité.

Les sous-préfets ont indiqué que les populations sont victimes de persécutions, de violences, de la part des djihadistes qui sont dans la région. “Le sous-préfet de Boni nous a dit qu’il n’a dormi au même endroit dans la semaine, craignant d’être attaqué par les terroristes. Il était même méfiant dans la salle de conférence. Il a fallu qu’il vérifie qui était qui, qui était présent, craignant les représailles des terroristes qui s’infiltrent dans la ville et qui procèdent à des exactions, des exécutions sommaires des populations. Ces autorités ont dit qu’elles n’ont pas vu des cas de violation des droits de l’Homme de la part des forces de sécurité”, a-t-il rapporté, avant d’ajouter qu’ils ont rencontré la gendarmerie dont le commandant a dit qu’il y a plus de deux ans qu’il n’y a pas eu de cas de violation des droits de l’homme.

Dans cette ville, le Ministre a visité les cellules de détention des détenus où il n’y avait pas de prévenu.  Il a dit qu’il a été séduit par les cellules de cette gendarmerie où il y a une toilette intérieure avec douche. Interrogés sur les violations, les exactions éventuelles et les charniers évoqués, le chef de village et l’imam ont témoigné qu’ils n’ont jamais vu d’enquêteurs dans leur localité et qu’ils n’ont jamais eu vent des violations alléguées. Ils ont affirmé que c’est grâce à la présence des forces de sécurité que les populations dorment tranquilles.

Pas de détenu dans le camp de Mopti et dans le commissariat de police de Sévaré

A Bandiagara, le ministre et sa délégation ont visité la maison d’arrêt qui, aux dires du ministre, est une prison qui est à apprécier et dans laquelle il y a des douches dans la cour. La visite s’est poursuivie dans le commissariat de police de Sévaré et la gendarmerie de Mopti où il n’y avait pas de détenus. Ce qui a rassuré le Ministre. Et le commandant de la Gendarmerie a dit que le présumés terroristes qui avaient été arrêtés ont été transférés dans les 48 heures à Bamako. Il n’y avait pas de détenu à son niveau.

Au camp militaire de Sévaré, le Colonel Daou a déclaré que ce sont ses hommes qui sont chargés de traquer et d’arrêter les terroristes dans la région de Mopti. Ce colonel exemplaire a affirmé que les terroristes qui sont arrêtés sont bien traités avant leur transfert à Bamako. Et depuis deux ans, personne n’a été détenu dans la prison du camp militaire de Sévaré. Et pour leur comportement exemplaire, les gendarmes sont félicités par Human Rights dans son rapport. “Si depuis deux ans il n’y a pas eu de personne arrêtée dans le camp et ceux qui sont arrêtés sont remis à la Gendarmerie qui le transfert à Bamako conformément à la loi, j’en déduis que les gendarmes traitent normalement les prisonniers. Pour notre part, nous n’avons pas vu le moindre début de commencement de preuve de la moindre exaction contre qui que ce soit, encore moins identifier des tombes ou des fosses communes”, a précisé Me Tapo.

En compagnie du représentant de la Minusma, le ministre et sa délégation ont visité la prison de Mopti qui est un modèle dont le ministère s’est dit fier en tant qu’avocat. “En tant qu’ancien Bâtonnier, j’ai rarement vu des gens détenus dans des conditions aussi humaines. Il y a des cellules pour femmes, des cellules pour hommes, des cellules pour personnes âgées et des cellules pour mineurs, toutes ventilées avec une télévision et un semi enfermement. Les prisonniers sont dans la cour toute la journée, jusqu’au soir. Ils ne sont pas enfermés. Ce qui a été confirmé par les détenus eux-mêmes. Il faut reconnaître que ces conditions de détention ont été améliorées grâce à la Minusma qui doit être félicitée pour ça. Dans cette prison, il y a une cuisine moderne réalisée par le Cicr. Donc, la prison de Mopti est une prison moderne, humaine avec des potagers, des lieux d’embouche et une activité d’artisanat”, a reconnu le ministre Tapo qui a reçu un sac et une pochette gravée au nom de Mme Tapo.

” En tant qu’avocat, je suis personnellement scandalisé ” dixit Me Tapo

Après cette visite, le ministre a laissé entendre qu’il lui serait difficile d’entendre que le Mali est un pays de non droit où on torture, où les gens sont détenus illégalement. Car, tous ceux qui étaient dans ces prisons avaient fait l’objet de condamnations régulières. Certains ont fait appel, d’autres sont en fin de peine. La dernière structure visitée est le G5 où la délégation s’est entretenue avec le Général Didier Dakouo et son staff qui sont en train de s’installer. “Le Général Didier Dakouo nous a rassuré qu’ils veilleront scrupuleusement au respect des droits de l’Homme. Connaissant la qualité de cet officier, je n’ai aucune raison d’en douter”, a-t-il dit, avant d’ajouter que durant leur visite des postes de gendarmerie ont été attaquées avec enlèvement d’hommes et meurtre. Le poste Gourkissi a été attaqué tout juste après le passage de la délégation du ministre. “Le rapport de Human Right Watch reconnaît qu’il y a eu violation des droits de l’Homme contre les forces armées maliennes. Et le rapport dit que cela fera l’objet d’un rapport futur. Pour ma part, je trouve cela inadmissible parce que les droits humains sont indivisibles. Nos hommes ne sont pas des hommes de seconde zone. On ne peut pas documenter sur les violations soi-disantes commises par nos forces armées et dans le même rapport dire qu’il y a eu violation contre ces forces, mais qu’on en parlera plus tard. Je trouve que cela n’est pas très professionnel, n’est pas très sérieux comme ce n’est pas sérieux qu’on ne nous ait pas communiqué le rapport”.

Et le Ministre de s’insurger contre les allégations mensongères de violations de droits humains : “En tant qu’avocat, je suis personnellement scandalisé parce que je suis habitué aux règles du contradictoire. C’est la moindre des choses”, a fustigé Me Tapo qui a averti qu’il ne sera le complice de personne, que le gouvernement du Mali ne sera pas complice d’aucune violation des Droits de l’Homme au Mali.

Mais, a-t-il tenu à prévenir : “Le gouvernement malien ne tolérera pas non plus des attaques sans fondement qui sont de nature à saper le moral des forces armées qui exposent leur vie pour défendre les Maliens sur l’ensemble du territoire du Mali. Et Dieu seul sait dans quelles conditions ils vivent, mais ils sont partout sur le territoire national. Et nuit et jour, ils font l’objet de lâches attaques. Nuit et jour, nous avons des hommes qui tombent sur le champ de l’honneur. Nuit et jour, on voit des mutilés, des veuves, des handicapés et des orphelins qui nous entourent. Et si on continue à les attaquer de cette manière, cela ne peut conduire qu’à l’effet pervers. Et ça, le gouvernement malien ne l’acceptera pas. Nous sommes en train de préparer le rapport périodique qui sera présenté courant octobre à Genève”. Le Ministre s’est ensuite prêté aux questions des journalistes.

Siaka DOUMBIA

 

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