Pour ou contre la peine de mort ? : Un vieux débat qui remonte à l’antiquité

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Des traces de textes juridiques sur la peine de mort ont été retrouvées dans de nombreuses civilisations au cours de l’histoire. Les Mésopotamiens, les Grecs anciens, les Romains et les hommes du Moyen Âge appliquaient la peine de mort. Sanction universellement reconnue et appliquée il faudra attendre le XIXe siècle pour assister à une remise en cause, puis à l’abolition de cette sanction dans la majorité des pays du monde. Cependant au XXIe siècle, la peine de mort n’a pas disparu et connaît encore de nombreux soutiens.

Appliquée, au moins depuis l’Antiquité (et peut-être même avant), la peine de mort est présente dans les textes juridiques les plus anciens.

Le code d’Hammourabi (vers 1750 av. J.-C.)

En effet, la peine de mort se trouve exoplicitée dans le code d’Hammourabi (vers 1750 av. J.-C.). C’est le texte le plus célèbre de la période, qui applique la peine de mort selon la loi du Talion. Mais, ce texte est emblématique du caractère pénal de la peine de mort, mais aussi d’une division de la société en groupes sociaux, dont la vie n’a pas la même valeur. L’esclave n’étant qu’une simple marchandise, un simple remplacement suffit. Pour beaucoup de philosophes antiques, la peine de mort protège la société et répare le dommage causé.

Pour Platon, la peine de mort est un moyen de purification, car les crimes sont une souillure.

C’est ainsi que dans Les Lois, Platon juge nécessaire l’exécution de l’animal ou la destruction de l’objet ayant causé la mort d’un Homme par accident. Pour les meurtriers, il considère que l’acte d’homicide n’est pas naturel et n’est pas pleinement consenti par le criminel. L’homicide est ainsi une maladie de l’âme, qu’il faut autant que faire se peut rééduquer. Et en dernier ressort, condamner à mort, si aucune réhabilitation n’est possible.

Comme d’ailleurs le précise Jacques Follon, dans Platonisme politique et théorie du droit naturel et plus précisément dans le volume 1: Le platonisme politique dans l’antiquité : "Si la peine de mort doit être infligée par la société, c’est uniquement pour protéger cette dernière contre le criminel ou encore dans un but dissuasif: Le seul droit que Protagoras connaisse est donc le droit humain qui, établi et sanctionné par une collectivité souveraine, s’identifie au droit positif ou au droit en vigueur dans la cité. De fait, il trouve sa garantie dans la peine de mort qui menace tous ceux qui ne le respecteraient pas".

La peine de mort est nécessaire selon  Aristote

Selon Aristote, pour qui le libre arbitre est le propre de l’Homme, le citoyen est responsable de ses actes. Si crime il y a eu, un juge doit définir la peine permettant d’annuler le crime en le compensant. C’est ainsi que des indemnités pécuniaires sont apparues pour les criminels les moins récalcitrants et dont la réhabilitation est jugée possible. Mais pour les autres, la peine de mort est nécessaire selon Aristote. Cette philosophie vise, d’une part, à protéger la société et d’autre part à compenser, en vue d’annuler les conséquences du crime commis. Elle a inspiré le droit pénal occidental jusqu’au XVIIe siècle, époque où apparurent les premières réflexions sur l’abolition complète de la peine de mort.

Consolation pour les parents, selon Callistrate

Pour les romains, la peine de mort, en plus de protéger la société, devait permettre de satisfaire la victime, ainsi que dans le cas des peines exemplaires, dissuader les criminels. Cet aspect de la philosophie romaine est issu du Grec Callistrate, qui écrivait dans Digeste: «Les assassins de grand chemin subiraient la peine de la croix à l’endroit même où ils ont commis leurs crimes afin que, par ce spectacle terrifiant, les autres soient dissuadés de commettre des forfaits semblables, mais aussi, afin que cette peine, infligée sur le lieu même de l’infraction, soit une consolation pour les parents et les proches des victimes». Le rôle utilitariste de la peine de mort s’est renforcé durant les deux derniers siècles de la République.

La peine de mort, une utilité sous Les Lumières. Selon Diderot : " Le malfaisant est un homme qu’il faut détruire et non punir "

Le déterminisme humain de certains philosophes, comme Julien Offray de La Mettrie et Denis Diderot qui considèrent que puisque l’Homme n’est pas libre de ses actions (qui lui sont dictés par son environnement, sa constitution physique ou encore ses sensations), le seul aspect qui prévale dans la peine capitale est la protection de la société. À ce sujet, Diderot est plutôt clair : «Le malfaisant est un Homme qu’il faut détruire et non punir».

Pour Jean Locke : "Tout homme a le pouvoir de tuer un assassin "

Thomas Hobbes considère que le Contrat social existe pour assurer l’ordre dans la société, garantissant ainsi la conservation dans le temps de cette dernière. En rompant ce contrat, le criminel menace la société, cette dernière est donc en droit de se protéger en condamnant à mort le coupable.

John Locke insiste sur l’aspect dissuasif en écrivant que "dans l’état de la nature tout Homme a le pouvoir de tuer un assassin afin de détourner les autres de causer un dommage semblable".

A.B.N.

 

Maître Kassoum Tapo, un des grands défenseurs de l’abolition de la peine de mort :

"La peine de mort, telle que prévue dans la charia, n’est pas conforme à ce qui est appliqué par le système pénal"

Député à l’Assemblée nationale du Mali, avocat et non moins ex-bâtonnier de l’Ordre des avocats du Mali, Me Kassoum Tapo ne renonce pas à son idéal de voir la peine de mort abolie au Mali, même si des foyers de résistance continuent de s’y opposer, au nom des principes religieux. Il réclame, haut et fort, ne jamais s’opposer aux principes de l’Islam. En plus, fait-il remarquer : "Je ne suis pas un exégète du Coran pour commenter de façon pertinente, ses recommandations. Néanmoins, je fais usage de mon expérience en droit pénal et de mes convictions en matière de défense des droits de l’Homme, pour faire comprendre que la peine de mort, telle que prescrite par l’Islam, n’est pas la même chose que ce qui existe dans le système pénal".

En argument, parmi tant d’autres, qu’il tient à défendre dans le cadre d’un débat national, sans passion et sans a priori. C’est en ce sens, dit-il, que les gens finiront par comprendre. Telle est la conviction de l’honorable Me Kassoum Tapo, qui oppose le cas de la Côte d’Ivoire à ceux qui évoquent la situation au nord du Mali ainsi que l’insécurité grandissante à Bamako pour dire non à l’abolition de la peine de mort : «La Côte d’Ivoire, pays en guerre, a pourtant abrogé la peine capitale. Elle n’existe plus dans son dispositif pénal», fait-il remarquer, avant de rappeler que "l’existence ou l’abolition de la peine de mort n’a rien à voir avec la criminalité car il a été prouvé, par des études et statistiques à l’appui, qu’il n’existe pas de relation de cause à effet entre les deux."

«La population américaine est moins favorable aujourd’hui à la peine capitale»

En effet, pour lui, il n’a jamais été établi une corrélation quelconque entre la présence ou l’absence de la peine de mort dans une législation pénale et «la courbe de la criminalité sanglante. Si, en 1972, la Cour suprême des Etats-Unis a penché vers l’abolition, c’est essentiellement parce qu’elle avait constaté que 60% des condamnés à mort étaient des noirs, alors qu’ils ne représentaient que 12% de la population. En effet, aux Etats-Unis, ces dix dernières années ont été marquées par un mouvement de reflux de la peine de mort, qui se concentre au sud du pays. Les sondages montrent que la population américaine est moins favorable aujourd’hui à la peine capitale que ne l’étaient les Français en 1981.

La question du coût de la peine capitale, avec ses procédures interminables et les détentions très longues dans les couloirs de la mort, amène les Américains à s’interroger sur l’utilité véritable de la peine capitale. Alors, quelles sont les raisons qui devraient pousser le Mali à s’engager dans un processus d’abrogation de la peine de mort ? L’honorable Me Tapo renchérit : "Elles sont universelles et toutes les raisons ont été présentées à cet effet. J’ai même eu à faire venir Me Badinter pour animer des échanges avec la presse à ce sujet. Je prendrai l’exemple le plus simple, mais plus pertinent. Combien de fois a-t-on condamné des gens et après on se rend compte qu’ils ne sont pas coupables ? ".

En fait, il veut mettre l’accent sur le caractère irréversible de la peine de mort car dès que la personne est exécutée, on ne peut plus rien faire en cas d’erreur judiciaire. Ainsi renchérit-il : "Comme l’a dit Badinter, dans certains cas, la peine de mort est une loterie sanglante car il y a des gens qui n’ont pas commis de crime de sang et qui sont condamnés au même titre que ceux qui ont tué ".

Mais alors, que faire du caractère dissuasif de la peine de mort ? Me répond, en évoquant le cas Patrick Henry, ce jeune qui se trouvait dans la foule, lors d’un procès en assises, en train de réclamer la peine capitale en criant à tue-tête: "A mort ! A mort !". Quelques années plus tard, c’est ce jeune qui se retrouve devant la Cour d’assises, accusé du meurtre d’une jeune fille. Lui qui réclamait la peine de mort pour d’autres se retrouve ainsi passible de la même peine. Quel est l’effet dissuasif dont on parle ? "Il existe plein de cas étudiés un peu partout dans le monde pour prouver que le maintien ou l’abolition de la peine de mort n’a pas de relation directe avec la criminalité", précise-t-il, avant de donner l’exemple des Etats Unis d’Amérique où sont localisées les villes les plus criminogènes, malgré l’application de la mort et les exécutions médiatisées.

«Dans la charia, lorsque les parents de la victime pardonnent, on renonce à la peine de mort»

Revenant sur les arguments posés par les foyers religieux, notamment islamiques pour s’opposer à l’abrogation de la peine de mort, Me Tapo tient à préciser ceci: "Il faut, à travers un débat dépassionné, qu’on comprenne que la peine de mort, telle que prévue dans la charia, n’est pas conforme à ce qui s’applique par le système pénal. Dans le Coran, on applique la peine de mort pour quelqu’un qui a tué. Il n’y a pas de peine de mort prévue pour d’autres infractions comme le vol qualifié, puni par une amputation de la main coupable, contrairement à ce qui se fait tous les jours au niveau des cours d’assises ".  

En plus, ajoute-t-il : "Dans la charia, lorsque les parents de la victime pardonnent, on renonce à la peine de mort. Ce qui n’existe pas dans notre système pénal. Donc, ceux qui s’opposent à l’abolition de la peine de mort doivent dépassionner le débat et essayer de comprendre que notre système pénal n’applique pas la charia. De ce fait, on condamne à mort des gens qui ne devraient pas l’être et il y a des justiciables que l’on devrait absoudre par le pardon de la famille, si l’on appliquait la charia, mais qui sont, malheureusement, condamnés par le système pénal. En réalité, les gens se trompent sur leur perception car il ne s’agit pas des mêmes lois sur la peine de mort ".

A la place de la peine de mort, Me Tapo préconise, comme cela se fait un peu partout dans le monde, «la réclusion à perpétuité, qui est la sanction la plus efficace qui soit car en cas d’erreur judiciaire on peut toujours revenir sur la peine prononcée, mais en cas de peine capitale, une fois que le condamné est exécuté, c’est fini. Si c’est vraiment pour protéger la société, la réclusion à perpétuité suffit amplement».

Mais qu’adviendra-t-il du projet de loi déposé à l’Assemblée nationale, L’honorable redoute qu’il subisse le même sort que celui qui lui est réservé depuis plusieurs années.

Projet de loi initié par Me Kassoum Tapo

En effet, ceux qui pensent que cette discussion relative à l’abolition de la peine de mort est une initiative du gouvernement ATT se trompent. Selon Me Tapo: "Le projet de loi existait depuis le temps de Alpha Oumar Konaré qui avait même promis à Me Badinter, que j’avais fait venir moi-même,  de procéder à l’abrogation de la peine capitale. En lieu et place, il a appliqué un moratoire sur les exécutions, suspendant simplement l’application de la peine de mort. ".

Il a fallu attendre la première mandature du président ATT, pour que la question revienne au devant de l’actualité, à travers un projet de loi initié par l’honorable Kassim Tapo. Mais, depuis lors, le dossier est renvoyé de session en session, les députés ne semblant pas du tout pressés de se lancer dans le débat.

L’honorable Me Tapo l’a si bien compris: "En dehors de la résistance des milieux religieux, les députés aussi ne veulent pas s’engager dans le vote de cette loi, sachant que personne n’est pour l’abolition au niveau de leur base. J’ai peur que cette loi ne soit pas votée jusqu’en 2012. Mais en attendant, il faut que le débat s’instaure pour que les gens sachent que la peine de mort dont ils parlent en faisant référence à l’Islam n’est pas la même chose que ce qui est appliqué par le droit pénal".      

           A.B.N.

 

Pasteur Daniel Coulibaly de l’église évangélique :

"L’application de la peine de mort ne change rien sur la société, nous devons laisser Dieu juger tout un chacun"

Le Pasteur Daniel Coulibaly de l’église protestante de Bamako, livre son opinion sur la question, en affirmant que l’application de la peine de mort ne change rien pour la société. L’homme d’église exhorte plutôt à ne pas verser inutilement le sang.

Le pasteur Coulibaly, faisant référence à la Bible, analyse le sujet sous deux perspectives : l’ancienne et la nouvelle alliance. En parlant de l’ancienne  alliance, il cite le livre de l’Exode qui dit que: «Tu ne tueras point». Ce qui, selon lui, nous rappelle que Dieu a été clair sur la question de la peine de mort en défendant de verser le sang. Et le Pasteur Daniel Coulibaly de préciser que le sang du tueur versé ne bannira jamais les tueurs de ce monde et augmentera, au contraire, la colère de Dieu contre nous.

Le Pasteur, alors, de proposer  que ceux-ci soient jugés à une peine de réclusion, et que durant leur séjour carcéral, ils soient soumis aux conseillers pédagogiques, pour leur donner une  seconde chance en mesure de les amener à la repentance.

Le Pasteur Daniel Coulibaly se réfère, encore une fois de plus, à la Bible, en prenant l’exemple sur les villes-refuges en Israël. Des villes qui furent construites pour les prisonniers meurtriers involontaires qu’on mettait à l’abri, afin que le vengeur, échauffé de colère, ne  règle son compte. Et pour être plus précis, le pasteur Daniel Coulibaly évoque le cas d’un homme qui, après avoir passé des années en milieu carcéral pour cause de multiples crimes commis, s’est repenti et est aujourd’hui un grand serviteur de Dieu.

Dès sa sortie de prison, il a fait des études et est actuellement pasteur. Il est également le Président des églises baptistes méridionales de Bamako, membre de l’équipe des Aumôniers des centres de détentions et un des gérants du Centre de Mountougoula, dans la région de Sikasso. C’est un cas parmi tant d’autres, nous rappelle, le Pasteur.

Quant à la seconde perspective, qui est celle  de la nouvelle alliance, le Pasteur Daniel Coulibaly se réfère à la Bible, plus précisément sur la Loi du Talion, à savoir «œil pour œil, dent pour dent». En nous rapportant ce verset biblique, l’orateur veut faire une précision de taille, notamment sur la venue du Christ.

L’arrivée de Jésus Christ, a t-il dit, représente la nouvelle alliance et c’est cette nouvelle alliance qui est le chrétien d’aujourd’hui. Quand Jésus Christ arrive dans ce monde, sa première recommandation est l’amour du prochain.

Celui-ci, d’ailleurs, selon le théologien, va plus loin en nous recommandant même d’aimer notre ennemi. «Ce monde ne pourra se construire que par le pardon du péché. Jésus Christ est mort sur la croix pour nos péchés, il a été crucifié, malgré tout, il demanda à son père de pardonner à ses bourreaux»" a-t-il rappelé.

Le Pasteur, dans sa plaidoirie en faveur de l’abandon de la peine de mort, a pris l’exemple sur certaines villes arabes, qui, par le passé, ne bâtissaient leurs lois que sur le pardon. «Ayons l’esprit du pardon, ne vivons pas de rancunes, oublions l’esprit de vengeance et laissons à Dieu de juger tout un chacun» a-t-il lancé.

En conclusion, le pasteur Daniel Coulibaly, Délégué général de l’Association des églises et missions évangéliques au Mali, a fait savoir, qu’en tant que chrétiens, on ne saurait cautionner la peine de mort car, dans le livre de référence qu’est la Bible, Dieu a clairement dit que c’est à lui seul que revient «la vengeance et la rétribution».

 Ainsi, peut-il affirmer, haut et fort, que la peine de mort ne change rien sur notre société et ne fait qu’augmenter plutôt la colère de Dieu en versant davantage du sang, du sang même  de certains innocents ou de personnes pouvant encore être utiles à la société.

Clarisse P. N.

 

 

 

Chérif Ousmane Madani Haidara :

"Si jamais on abolit la peine de mort, notre pays sera  une véritable jungle, où seule va demeurer la loi de la barbarie…"

Cherif Ousmane Madani Haidara, prêcheur international, guide spirituel de l’association Ançardine et deuxième forte personnalité du HCI, soutient que l’abolition de la peine de mort ne fera qu’accroitre le taux de la criminalité et du coup favorisera les règlements de compte, car les parents et proches de la victime, ajoute t-il,  toléreront difficilement que le meurtrier soit en liberté, les mains teintées de sang, sans lui faire payer son crime.

Toute démarche  visant à l’abolition de la peine de mort est anti isdélibérément la vie à son prochain, une fois les responsabilités situées, le meurtrier est aussitôt condamné à mort par un jury. Ce qui, fera remarquer le prêcheur, est synonyme d’une exécution.

En Arabie et dans une grande partie du Moyen-Orient, précise-t-il, la tête de l’assassin était tranchée si on ne pendait pas la victime.

Les personnes prises en flagrant délit d’adultère sont également condamnées à mort.

Chérif Ousmane Madani Haidara est précis, lorsqu’il ajoute que l’exécution de la sentence d’une peine de mort est souvent liée à la nature de la mort, à ses circonstances. Comme par exemple, lorsqu’une personne est tuée, à la suite d’un accident de la circulation  que le conducteur n’a pas sciemment provoqué. La loi musulmane prévoit, en la matière, deux possibilités: soit les parents de la victime réclament en bonne et due forme un dédommagement à l’auteur, soit, c’est un jury qui sera commis pour déterminer la nature de la sentence.

Dans la plupart des cas, l’auteur de l’accident n’est pas passible d’une peine de mort. Mais si l’accident a été provoqué et que des preuves tangibles ont été établies pour situer les responsabilités, l’auteur sera jugé et condamné à mort.

Toujours est-il que, dans le registre de la peine de mort, précise Chérif Ousmane Madani Haidara, les personnes prises en flagrant délit d’adultère sont également condamnées à mort. Elles subissent la lapidation. Le pécheur est mis dans un trou creusé à hauteur de sa poitrine pour réduire toutes ses possibilités de résistance. C’est après qu’une pluie de pierres lui est jetée. Une scène qui peut ainsi continuer jusqu’à ce que la mort survienne.

En clair, pour notre interlocuteur, l’islam dont toute la pratique est basée sur l’interprétation du Coran (parole d’Allah) et la Sunna du Prophète Mahomet (PSL) ne saurait aller à l’encontre des intérêts des fils d’Adam et d’Ève. Il sait ce qu’il y a de mieux pour l’humanité. Pour Chérif Ousmane Madani Haidara, nous devons éviter de  copier le système européen.

 Ce qu’on nous demande, va non seulement à l’encontre de l’islam, mais aussi à l’encontre des valeurs fondatrices de notre société. Il nous invite à prendre l’exemple des USA, pays dans lequel la peine de mort est d’actualité. Si la peine de mort n’existait pas dans ces Etats, qu’allait-il advenir d’eux? Ne  seraient -ils pas transformés en une véritable jungle?

Par ailleurs, explique notre interlocuteur, l’abolition de la peine de mort peut être concevable chez les occidentaux qui veulent nous en imposer. Ces pays ont atteint un certain niveau de développement tel qu’ils peuvent se permettre d’obéir aux injonctions des défenseurs de droits humains.

Par contre, chez nous en Afrique et précisément au Mali, dira t-il, la criminalité est le plus souvent liée à la pauvreté, l’égocentrisme entre les hommes, le chômage. Un phénomène qui est en nette progression ces derniers temps. Les assassinats ont pignon sur rue. Et si on venait à abolir la peine de mort, le nombre de victimes ira crescendo. La seule solution, fait il constater, est de maintenir la peine telle qu’elle se trouve.

La seule présence de la peine de mort, dans nos textes, est dissuasive

Au début des années 80, rappelle Wilibali, la peine de mort a été appliquée au Mali sous la deuxième République contre des coupeurs de tête. Depuis, la série noire fut fermée pour de bon. Et personne n’en a plus entendu parler. Il n’a point été question de son abolition, ni sous la deuxième République, ni au tout début de la troisième République, sous le magistère d’Alpha Omar Konaré. Alors que, depuis le début des années 80, après l’épisode des coupeurs de tête, personne n’a été exécutée.

Nos dirigeants, soutient  le prêcheur, ne doivent pas perdre de vue que la seule présence de la peine de mort, dans nos textes, est dissuasive. Elle peut ôter l’envie à tous ceux qui peuvent être tentés de tuer.

Si jamais on abolit la peine de mort, notre pays sera  une véritable jungle, où seule va demeurer la loi de la barbarie, contrairement à tout ce que les uns et les autres claironnent pour nous brandir des avantages liés à son abolition.

Abdoulaye DIARRA

 

 

IMAM MAHAMOUD DICKO, PRESIDENT DU HAUT CONSEIL ISLAMIQUE :

"Nous sommes contre l’abolition de la peine de mort.

Notre environnement social et culturel ne s’y prête pas "

Le président du Haut conseil islamique (HCI) s’est dit farouchement opposé à une quelconque abolition de la peine de mort au Mali en ce sens que l’abolition de la peine de mort s’oppose aux recommandations de la parole d’Allah rapportée par le prophète Mahomet (PSL). Ainsi s’écrit-il : "Je le dis haut et fort, nous n’adhérons pas à cette position ".

Il s’est dit aussi opposé à toute démarche ou mesure visant à protéger les assassins au risque d’instaurer dans notre pays un cycle de violence. Mahamoud Dicko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, dira qu’il est inconcevable d’admettre qu’on peut tuer sans courir le risque de subir le même sort. "Au nom de quel principe veut – on nous faire croire qu’il faut abolir la peine de mort ", fulmine la première personnalité du HCI et, par ailleurs, secrétaire général de l’AMUPI.

" A supposer même que vous tuez mille personnes, vous ne serez pas tué, vous êtes au contraire protégé. C’est vraiment le comble ", dira t-il. La criminalité, rapporte t-il, a atteint des proportions inégalées au point qu’il y a lieu de s’interroger  sur le type de société dans laquelle nous serons amenés à vivre après, si jamais ceux qui assassinent de sang froid les paisibles citoyens sont protégés par les conventions internationales.  Abolir la peine de mort, signale Mahamoud Dicko, n’est point la solution, on aurait mieux fait de lutter pour qu’il y ait plus de sécurité et non l’inverse. Il a, en outre, ajouté que les pouvoirs publics ont intérêt à prendre une décision pour empêcher les criminels de tuer et non d’empêcher les autres de faire payer à ceux-ci leurs actes.

" Pédagogiquement,  l’abolition de la peine de mort n’est pas une bonne chose, notre environnement social et culturel ne s’y prête pas. Il ne s’agit pas seulement de prendre des lois pour espérer changer l’ordre des choses ", a relevé Mahamoud Dicko, avant d’ajouter que " ce ne sont pas avec des lois qu’on décrète un changement, qu’on arrive du jour au lendemain à une reconversion des mentalités. " Il faut qu’on nous laisse tranquille et qu’on ne cherche pas à tout remettre en cause chez nous ", a-t-il dit.

Le code des personnes et de la famille, l’excision, sont, déplore notre interlocuteur, des questions qui interviennent régulièrement dans les débats : "Tout est souvent mis en œuvre pour nous faire passer comme des barbares. Qui peut aimer nos femmes, nos enfants mieux que nous ? Qui est mieux placé pour défendre leurs intérêts que nous? Nous sommes tous au Mali héritiers d’un vieux peuple. Lequel est aussi issu d’une vieille civilisation qui a montré les preuves tangibles d’une organisation sociale irréprochable. En matière d’éducation et de  défense des droits humains, nous n’avons rien à apprendre des autres. L’abolition de la peine de mort est contraire à notre religion, notre éthique. L’islam a conçu des modèles d’organisation pour assurer la cohésion et la quiétude sociale. C’est pourquoi, pour éviter toute dérive sociale, toute déstabilisation, l’islam a voulu que tout le monde soit traité de la même façon, cela quels que soient nos niveaux de responsabilité. Un assassinat prouvé est sévèrement réprimandé par la loi ". Ce qui, poursuit notre interlocuteur, " suppose qu’à chaque fois que vous tuez, vous serez  en même temps exécuté. Il n’y a pas d’autres issues. C’est là notre façon à nous de sévir contre l’impunité".

Pour Mahamoud Dicko, la question de l’abolition de la peine de mort ne devrait pas se poser dans un pays comme le nôtre compte tenu des nombreux problèmes qui restent encore pendants. Des problèmes qui ont pour noms, la crise scolaire, le chômage, la crise économique. " Nos responsables politiques et administratifs ont intérêt à ne pas fuir leur responsabilité. Ils fuient les problèmes réels pour s’abriter derrière des considérations d’une moindre importance. Nous avons besoin à ce qu’ils s’attaquent aux problèmes réels, au vécu de leurs mandants et de fort belle manière ", a conclu notre interlocuteur.

   Abdoulaye DIARRA

 

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