Plénière ce matin à l'Assemblée nationale : Les députés aboliront-ils la peine de mort ?

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Longtemps reportée du fait des protestations venant des milieux islamistes et de certaines formations politiques telles que l’UNPR de Modibo Sangaré, la délibération sur le projet de loi portant abolition de la peine de mort est programmée pour ce matin à l’Assemblée nationale. Les empoignades verbales s’annoncent houleuses entre députés abolitionnistes et antiabolitionnistes. Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Maharafa Traoré, aura fort à faire pour convaincre les élus de la nation à adopter le texte, dans un contexte où le Code des personnes et de la famille a laissé bien des séquelles dans les consciences.

Le Mali peine à abolir la peine de mort, comme c’est la tendance dans le contexte de mondialisation dans lequel nous vivons actuellement. Quand bien même, selon les spécialistes de la question, il n’y a plus eu d’exécution d’un condamné à mort depuis bien longtemps, la peine capitale étant de fait commuée en réclusion à perpétuité, le législateur semble décidé à supprimer cette "autorisation légale à tuer un criminel".

      A l’ordre du jour sous le président Alpha Oumar Konaré sous la douce pression de Robert Badinter, l’ancien Garde des Sceaux et ministre de la Justice français, l’abolition de la peine de mort rencontre quelques réserves chez les inconditionnels du Haut Conseil Islamique. Mahmoud Dicko et ses collaborateurs n’en sont point favorables.

Appelée de tous ses voeux par le président Amadou Toumani Touré, avec une implication particulière de l’honorable Kassoum Tapo et le Gouvernement, la suppression de la peine de mort continue de rencontrer quelques réticences au sein de l’opinion nationale.

Si les musulmans en général sont souvent réservés quant à l’adoption de cette loi au motif qu’elle provoquera une augmentation de la criminalité, les milieux chrétiens l’accueillent avec enthousiasme sous le motif que nul n’a le droit d’ôter la vie à son prochain, quelle que soit la gravité de l’acte posé.

Les débats promettent donc houleux à l’Hémicycle dans la mesure où les représentants du peuple sont souvent accusés d’être en déphasage avec les aspirations profondes et les valeurs culturelles de ce peuple. Chat échaudé craint l’eau froide, le Gouvernement, à travers le ministre de la Justice, Maharafa Traoré, devra réfléchir par deux fois avant de vouloir faire passer le texte. L’épisode du Code des personnes et de la famille étant encore vivace dans les mémoires.

D’autres projets de lois sont à l’ordre du jour de la plénière de ce matin. Il s’agit  de ceux portant loi de règlement du budget 2007 et 2008, création de divers établissements comme l’Ecole Normale supérieure de Bamako, l’Université de Ségou, l’Institut Polytechnique rural de formation et de recherche appliquée de Katibougou, la Direction du sport militaire, etc.

                                          Bruno SEGBEDJI

 

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