Ce constat drastique de la peine de mort à travers le monde ressort d’une conférence de presse animée par les responsables de Amnesty International Mali à l’hôtel Wassoulou, le 01 avril dernier. Il était question ce jour du rapport de la peine de mort 2014 intitulé ‘’ Statistiques sur la peine de mort’’ ou encore ‘’ Condamnations à mort et exécutions en 2014’’.
Dans son exposé liminaire, le Directeur Exécutif de Amnesty International Mali, M. Saloum D. Traoré dira que ce rapport couvre les principales tendances dans l’utilisation de la peine de mort en 2014, y compris le nombre d’exécutions par pays et le nombre de condamnation à mort prononcé.
Ces exécutions sont dues à des raisons diverses à travers le monde. Comme le précise M. Saloum, chaque jour dans le monde, des Etats exécutent des personnes pour les punir de crimes divers-il s’agit parfois d’actes qui devraient même pas être érigés en infractions. Dans certains pays, cela peut être à cause du choix d’un partenaire sexuel tandis que, dans d’autres, ce châtiment est réservé aux actes de terrorisme et aux meurtres.
Des précisions de taille comme en témoignent ces deux cas répréhensibles cités par M. Saloum où certains Etats exécutent des personnes qui étaient âgées de moins de 18 ans au moment des faits qui leur sont reprochés. D’autres infligent la peine de mort à des malades mentaux. Avant leur exécution, les détenus passent souvent des années dans le quartier des condamnés à mort, ignorant quand leur heure viendra ou s’ils pourront voir leur famille une dernière fois.
Toute chose qui a amené M. Traoré à qualifier la peine de mort de : ‘’ cruelle, inhumaine et dégradante’’.
Hausse alarmante du nombre de condamnation à mort
Dans ce document de presse mis à la disposition des journalistes et résumé par le conférencier principal, M. Bechir Singaré, coordinateur chargé de la lutte contre la peine de mort, il est mentionné que des Etats ont recouru à la peine de mort en vue de faire face à la criminalité, au terrorisme et à l’instabilité interne. Cela semble un leurre aux yeux de Amnesty International « les gouvernements qui recourent à la peine de mort pour lutter contre la criminalité se leurrent. Aucun élément convaincant ne vient étayer l’idée que la menace d’exécution a un effet plus dissuasif sur la criminalité que d’autres formes de châtiment ». Amnesty International qualifie même ces actes de honteux.
Le nombre de condamnations à mort recensées, selon Amnesty International, a connu une nette augmentation par rapport à l’année précédente, passant de 1925 en 2013 à au moins 2 466 en 2014, une hausse de 28%. Une recrudescence due en grande partie à la hausse constatée au Nigeria et en Egypte, où des centaines de personnes ont été condamnées à mort.
Dans des contrées des Amériques ; de l’Asie-Pacifique ; l’Europe et l’Asie Centrale ; Moyen-Orient et Afrique du Nord, des peines de mort ont été recensées en 2014. Mais cinq pays occupent le devant du tableau dont : la Chine 1000 ; Iran 289 ; Arabie Saoudite 90 ; Irak 61 et les Etats Unis 35 (plus).
Des règlements de compte ?
Dans de nombreux pays, la conclusion tirée estime que la peine de mort est un instrument à des fins politiques. Les cas de l’Egypte, le Nigéria ou aussi la Chine peuvent en témoigner.
Et même au Mali, la question reste toujours d’actualité. Car l’abolition de la peine de mort n’est pas un acquis en soi. Le dossier et celui du code de la famille sont toujours sur la table de l’Assemblée sans suite favorable. Les raisons ? C’est bien la peur des religieux ; une religion derrière laquelle les politiques se cachent pour matérialiser leurs sordides missions.
Mais M. Traoré pense que l’espoir est permis : « nous sommes convaincus que, ensemble, nous pouvons faire disparaître la peine de mort, partout ».
Boubacar Yalkoué