Pour clôturer la mission internationale de contact et d’échanges sur la situation des droits de l’homme et les enjeux liés à la réconciliation nationale, à travers le programme conjoint de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (Fidh) et de l’l’Association Malienne des Droits de l’Homme (Amdh), le président de l’Amdh, Me Moctar Mariko, a animé une conférence de presse sur la lutte contre l’impunité et la réconciliation nationale, le vendredi 28 novembre 2013 au siège de son association. Il était épaulé par le directeur du bureau Afrique de la Fidh, Me Florent Geel, et la coordinatrice du groupe d’action judiciaire de la Fidh, Me Clemence Bectarte.
Dans le cadre du programme conjoint Fidh-Amdh, visant à mobiliser la société civile pour répondre à la crise des droits humains au Mali, la Fidh a mené une mission internationale à Bamako pour évaluer l’évolution de la situation des droits humains dans le pays. Cette mission a permis à l’organisation de rencontrer les autorités politiques et judiciaires ainsi que la société civile et d’échanger sur des enjeux importants tels que le renforcement de l’Etat de droit, la lutte contre l’impunité, le renforcement de la justice, la réconciliation nationale, etc…
Le président de l’Amdh, Me Moctar Mariko, a indiqué que la décision du Gouvernement de lever les mandats d’arrêts à l’encontre de certains responsables de la rébellion ouvre la voie à l’impunité. Or, soutient-il, la construction d’une paix durable et la réconciliation nationale passent nécessairement par une justice indépendante et équitable.
“En son temps, nous avons déclaré que si une solution politique doit être trouvée pour résorber les causes profondes du conflit du nord, elle ne peut se faire au détriment de victimes de la crise et de l’indépendance de la justice. Nous pensons que toute levée de mandat d’arrêt devrait être le fait d’une décision judiciaire, dans le cadre strict des enquêtes en cours, afin de ne pas engendrer une logique d’impunité”, a précisé Me Mariko.
Le président de l’Amdh souligne également que la levée des mandats contre certains responsables des groupes armés peut susciter un sentiment de frustration et de colère chez les victimes.
“Dans l’affaire des bérets rouges disparus, nous saluons les efforts accomplis par le gouvernement dans ce dossier à travers l’inculpation pour complicité d’enlèvements de Sanogo et d’autres. Cet acte constitue un pas important pour le triomphe de la vérité et de la justice. Cette arrestation démontre que personne ne peut et ne droit être au dessus de la loi. C’est une victoire pour les familles des victimes et la justice malienne dans une affaire hautement sensible. Elle est un signal fort pour la lutte contre l’impunité, qui démontre que nul n’est au dessus de la loi. La Fidh et l’Amdh qui accompagnent les victimes et qui se sont constituées en parties civiles depuis hier (vendredi 29 novembre, ndrl) à leur côté dans la procédure judiciaire, contribueront à ce que toute la lumière soit faite sur le sort réservé aux disparus”, a déclaré Me Mariko.
Il a insisté à ce que la disparition et l’assassinat de certains militaires à l’occasion de la mutinerie du 30 septembre, à Kati doivent être élucidés. Aux dires de Me Moctar Mariko, la Fidh et l’Amdh saluent les efforts du Gouvernement qui a l’intention de restructurer et de réformer la Commission Dialogue et Réconciliation (Cdr) en Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (Cdvr). Pour Me Mariko, l’absence de l’autorité de l’État à Kidal fait régner un climat d’insécurité permanent.
“Dans l’affaire des bérets rouges, 17 familles victimes ont été recensées. 18 mandats d’amener ont été délivrés par la justice. Déjà il y a eu 4 inculpations et 4 autres mandats d’amener sont en cours d’exécution”, a précisé la coordinatrice du groupe d’action judiciaire de la Fidh.
Le directeur du bureau Afrique de la Fidh, Me Florent Geel, a surtout insisté sur la réconciliation de toutes les couches sociales sur toute l’étendue du territoire national. Selon lui, l’État malien a fourni d’énormes efforts en matière de justice.
Tougouna A. TRAORÉ