Manifestations contre l’abolition de la peine de mort : l’Etat intimide

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Le bras de fer entre l’opposant Modibo Sangaré, président de l’Union Nationale pour la Renaissance (UNPR) et le pouvoir  se durcit de plus en plus. En effet, les activités de ce parti qui a demandé au Président de la République de quitter le pouvoir inquiètent les autorités. C’est ainsi que son président a été convoqué par le Gouverneur du District, le mercredi 31 octobre 2007.

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« J’ai été convoqué par le Gouverneur du District par l’intermédiaire d’un haut responsable de la police. Je l’ai rencontré à 11 heures et demi et il m’a fait savoir  ses inquiétudes quant à notre position à l’égard du pouvoir », a expliqué M. Sangaré.

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Le Gouverneur du District  a  clairement proposé au président de l’UNPR de renoncer aux activités que son parti envisage de mener dans les jours à venir. En réalité, les militants du parti, surtout les femmes, mettent la pression leur directoire et ont hâte de prendre la rue pour marcher avec des banderoles aux slogans hostiles au chef de l’État.  Ainsi, après une rencontre tenue au Centre International de Conférence de Bamako (CICB) le samedi 20 octobre dernier, l’UNPR entend organiser un grand meeting au même endroit le dimanche prochain, 4 novembre.

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 Mais les motifs de l’activisme du parti sont liés principalement au projet de loi portant  abolition de la peine de mort au Mali. Et le thème de la rencontre du dimanche prochain porte sur la reforme du code de la famille et naturellement la question de l’abolition de la peine de mort. Pour un meeting de sensibilisation et d’information, ces thèmes sont très mobilisateurs. Les échos de l’engouement populaire sont déjà partis loin, le parti initiateur ayant mené une grande campagne de proximité.

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Et c’est la peur d’un débordement de ces projets de manifestations qui a fait l’objet de la convocation de M. Sangaré au gouvernorat du District.  Le Gouverneur lui a alors demandé de renoncer à la marche, car toute manifestation politique sur la voie publique contre le pouvoir doit être soumise à une autorisation préalable des autorités selon la loi au Mali.

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Au terme de l’entrevue, le président de l’UNPR n’a pas pourtant cédé à la demande de son interlocuteur. Cependant, il veut personnellement éviter de tomber dans le piège d’une confrontation illégale, puisque son parti n’a pas l’autorisation des autorités pour des manifestations dans la rue. Mais il reste à convaincre les durs.

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 C’est pourquoi il est prêt à reconsidérer l’option de la marche de protestation. Mais, précise- t-il, « je vais soumettre la remarque du Gouverneur à mes camarades militants. C’est eux qui vont décider, pas moi ».

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Par contre, Modibo Sangaré a tenu à faire savoir au pouvoir que s’il ne veut pas d’ennuis, il doit absolument éviter de mettre des bâtons dans les roues de son parti. «Il faut qu’ils laissent les gens se défouler, exprimer leur mécontentement. Ce n’est pas moi en tout cas qui vais dire à mes militants que le meeting du 4 novembre est annulé. Il faut qu’il nous laisse tenir notre meeting », a prévenu le président de l’UNPR.

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Cette affaire est loin de nous livrer tous ses secrets. De  toute évidence, la convocation de Modibo Sangaré semble confirmer les soupçons de ce dernier. Dans « Le Républicain » du mercredi dernier, il a fait savoir que le pouvoir cherche à le faire taire. Pour mémoire, la directrice du CICB lui avait téléphoné le mardi dernier pour lui apprendre qu’il est impossible que le meeting de son parti puisse se tenir le 4 Novembre prochain bien  que la salle sollicitée ait été réservée cinq jours plus tôt. 

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A l’UNPR, les gens sont convaincus que les hautes autorités du pays ont fait pression sur la direction du Centre International de Conférence de Bamako pour que la réservation d’une salle en vue du meeting du dimanche prochain soit annulée. Le motif d’une rencontre internationale prévue à la même date au CICB n’est pas un argument valable pour les responsables du parti. D’ailleurs, Modibo Sangaré lui-même avait pu constater sur l’ordinateur, au moment de l’enregistrement de la réservation, que la salle sollicitée n’était pas attribuée.

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Sauf changement de dernière minute, la journée du 4 novembre risque d’être violente au CICB. Si, une fois sur les lieux, les militants se rendent compte que le meeting est annulé, un débordement n’est pas à exclure. Pour leur part, les responsables de la formation politique sont déterminés à y tenir leur meeting, même si c’est dans la cour.

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Soumaila T. Diarra.

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