Alioune Tine, l’expert indépendant sur la situation des droits de l’Homme au Mali vient d’achever sa sixième visite officielle dans le pays qui s’est déroulée entre le 25 juillet et le 5 août. Vendredi 6 août, il s’est dit fortement préoccupé par les défaillances remettant en cause la protection des populations. Il exhorte l’État malien à mettre fin à l’impunité. Son rapport de situation sera présenté en mars 2022 au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies.
D’humeur joviale et vêtu d’un boubou blanc, c’est accompagné du directeur de la section droits de l’homme de la Minusma, la Mission onusienne au Mali qu’Alioune Tine doit faire le point de ses 11 jours de visite dans le pays. En quelques secondes, son regard s’assombrit et c’est l’air grave qu’il entame la lecture de sa note de synthèse : « Nous sommes en face d’un état affaiblit et impuissant qui assume difficilement de protection des populations civiles face aux groupes armées qui essaiment dans tout le pays. »
« Il faut un sursaut national »
Selon ses mots, les nombreuses violations des droits humains mettent en péril la survie de l’État. Sur les trois derniers mois au moins 43 exécutions extrajudiciaires perpétrés par les forces de sécurité ont été recensées. Celles commises par les groupes armés et les milices communautaires sont au nombre de 258 en six mois. Pire encore sont les chiffres des enlèvements : 435 ont été documentés de janvier à juin soit 5 fois plus que sur toute l’année 2019.
Le sort réservé à l’ancien président Bah N’Daw et son premier ministre Moctar Ouane considéré comme des détentions illégales ont également évoqué : « Cela doit absolument changer. Il faut un sursaut national et une volonté inébranlable des autorités maliennes avec le soutien actif de leurs partenaires pour restaurer l’autorité de l’État et assurer la protection des populations civiles. »
En réponse, les autorités se sont engagées à prendre des mesures, pour combler à ces manquements. Avec pour principal remède, l’exécution du nouveau plan d’action gouvernementale voté lundi dernier.