Bon nombre de personnes pensent que l’esclavage n’existe plus au Mali, cette pratique est pourtant toujours observée dans le nord pays sous divers formes, C’est l’objectif de l’atelier organisé le samedi 28 août à l’hôtel Nord-Sud par l’association Temedt et ABA ROLI. Les participants composés d’experts mauritaniens, nigériens et maliens se sont penchés sur la question afin de favoriser la mise en place et l’adoption par notre pays une loi criminalisant cette pratique.
Rien que l’esclavage légalisé ait été aboli depuis longtemps, les pratiques esclavagistes perdurent, sous la forme de servitude pour dettes, esclavage domestique, mariages précoces ou forcés, vente d’épouses, traite d’enfants et prostitution. C’est dans le cadre de la lutte contre cette pratique au Mali que les associations ABA ROLI et TEMEDT ont organisé un atelier. Premier du genre, l’atelier a enregistré la participation des experts maliens, mauritaniens et nigériens et une dizaine d’associations ainsi que la présidente de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, Me Kadidia Sangaré. Pendant deux jours, les experts vont faire un examen sociologique approfondi des principaux facteurs de l’esclavage, l’état des différentes luttes de TEMEDT ainsi que les obstacles rencontrés, un exposé critique des différentes législations maliennes tout en montrant leur limite, sortir une loi qui doit être appliquée et adopter une législation incriminant et sanctionnant l’esclavage au Mali.
A l’entame de cette journée, le président de l’association du barreau américain (ABA ROLI) Amadou Tiéoulé Diarra, a affirmé que la consolidation, la promotion et la protection des droits humains fédèrent le combat que mène son association. Il a remercié les experts mauritaniens et nigériens qui ont fait le déplacement pour partager avec les associations maliennes leurs expériences. Il a exprimé son souhait de voir l’adoption d’une loi au Mali qui condamne cette pratique. A le croire, la quête de la dignité humaine est le plus beau des combats. Le président d’honneur de l’association TEMEDT, Mohamed Ag Arketane, a abondé dans le même sens. Il a déclaré que : " la stratégie d’intervention de Temedt est d’informer, former et sensibiliser sur toutes les questions relatives à la paix, au développement, à la promotion et la protection des droits humains au Mali et plus particulièrement dans les quatre régions du nord où sévissent les séquelles de l’esclavage ". Il a ajouté que : "malgré la ratification par notre pays des différents accords relatifs à l’abolition de l’esclavage, plusieurs milliers de personnes sont encore tenues en esclavage ou vivent dans des conditions proches de l’esclavage dans le Mali d’aujourd’hui ". L’expert malien, Naffé Keïta, professeur à l’université de Bamako, a fait l’historique de cette pratique au Mali. Selon lui, les pratiques qui existent au Mali sont des séquelles de plusieurs siècles. Il a exhorté les participants à lutter contre ce fait social par l’élaboration de textes qui seront proposés au gouvernement et soumis aux législateurs tout en prenant en compte tous les aspects de la promotion et de la protection des droits de l’homme.
Boubacar Messaoub du SOS esclavage de Mauritanie et Oumborik Boubacar, magistrat au Niger ont, tour à tour, fait l’état des luttes qui ont été menées dans leur pays et qui ont abouti à l’adoption des lois pénales incriminant la pratique de l’esclavage.Boubacar Messaoub a affirmé que seuls les témoignages des victimes peuvent aider à lutter efficacement contre cette pratique ignoble. Quant au magistrat du Niger, Oumborik Boubacar, il a affirmé que le magistrat ne peut agir que sur la base des lois. Ils ont exprimé leur souhait de voir le Mali abonder dans le même sens que leurs pays. Ces héros ont prouvé que la quête de la dignité humaine est le plus beau combat qui soit.
Moussa SIDIBE
*Stagiaire