Il y a 17 ans naissait l’Espace I ‘Interpellation Démocratique (EID) sous l’impulsion du président Alpha O konaré. Cet espace a été inspiré de la réconciliation nationale du Rwanda après le génocide de 1994. Originellement cet espace est un cadre de recours public dédié à tous les justiciables se sentant lésé dans leurs droits pour qu’ils soient mis dans leurs droits.
D’année après année, la journée du 10 décembre semble être le festival des contentieux des impuissants de la République. L’espoir qu’il aura suscité, il y a presque deux décennies ne renvoie qu’à l’image d’une journée d’expression pathétique sous le couvert d’une démocratie qui n’a véritablement pas existée. Donc, un mensonge d’état de nos politiques dont la haute de trahison vient d’être mise à nue par le coup d’état du 22 mars dernier.
L’institution sous la direction de la quelle cette journée est organisé est : le Médiateur de la République. Elle a vu quatre personnalités la diriger. Le premier Me Demba Diallo jusqu’à l’actuel Django Sissoko en passant par feue Me M’bam Diatigui Diarra et de Mme Siré Fatoumata Diakité, qui se trouve être l’une des femmes qui se distingue au FDR dans leur lutte de soit disant de la démocratie.
Si pendant 17 ans cette institution a rayonné par l’organisation de cette journée du 10 décembre (date anniversaire de la déclaration des droits de l’homme), il y va lieu de nos jours, de faire le bilan, un regard critique, loin s’en faux de remettre en cause son existence, mais plutôt de s’interroger sur ce qu’elle a été après tant d’année d’existence.
Juger le parcours de cet instrument à la portée du citoyen, sinon le plus accessible parmi tant d’autre, a révélé un bilan mitigé, parce « que très souvent, il n’ya pas un réel suivi des interpellations et recommandations des différentes éditions », pense Mohamed Touré, président du Mojid. Pour lui, il doit falloir créer une commission d’arbitrage qui sera chargé de suivre les dossiers. Et comprendre que le Médiateur de la République n’est pas une alternative à la justice mais un complément » poursuit –il. « L’espace d’interpellation démocratique est une innovation malienne, un cadre d’expression entre les citoyens et les gouvernants », explique Mamadou Blaise Sangaré président de la Convention Démocratique Sociale (CDS). « C’est une manière pour les citoyens qui ont confiance à nos gouvernants d’avoir la possibilité de juger et de sanctionner ceux qui en assurent le pouvoir. Cet espace a toute sa raison d’exister, malgré des insuffisances et limites qu’il faut améliorer avec le temps » prétend t-il.
Loin du tout, ce n’est pas ce qu’on pense du coté de l’opposition. Dr Oumar Mariko « croit que c’est un alibi pour faire plaisir à la communauté internationale, sinon il ne doit pas exister une autre forme d’interpellation que l’Assemblée nationale ou alors cet espace dénote de la carence de l’appareil judiciaire ». Selon le SG de SADI : « il faut doter la justice de toute indépendance d’un coté et prendre en compte toute les interpellations de l’Assemblée Nationale de l’autre coté ». Quoi qu’il en soit rétorque Blaise Sangaré de la CDS « la loi est dure, mais c’est la loi », il faut l’accepter comme telle ».
Outre l’AN et la justice, le Médiateur de la République a traité plusieurs dossiers où des plaignants ont défilé les uns après les autres en séances publiques retransmis en direct à la télévision nationale. Le nombre de plaignants s’accroit au fil des éditions, mais la plupart crie au fait que leur cas n’est pas pris en compte lors de la journée de l’EID. L’explication qui tient à cela est que certains cas sont jugés irrecevables par la commission qui siège à cet effet.
Est-ce une fuite en avant pour les tenants des différents régimes dans le but de protéger certaines dérives due à des affiliations quelconques ?
« Au Mali aucun instrument de ce genre n’a atteint l’objectif recherché à l’image du VEGAL et le CASCA, sans nul doute de la poudre aux yeux », pense un diplomate. « Si en 17 ans, il n ya pas d’unanimité autour de son bilan, il faille, alors faire un véritable diagnostic pour sa survie meilleure », explique cet autre haut cadre avisé. Peut être à partir de cet instrument, ou l’état a été plongé dans une rupture, cet espace s’aura trouvé une issue convenable et répondant à toutes les attentes. Sinon faut-il continuer à organiser des grandes retrouvailles qui ressemblent plutôt à des kermesses sur le dos des contribuables? Une interrogation faite par un membre de la commission et non le moindre.
Benjamin SANGALA