La salle de conférence de l’Association malienne de défense des droits humains (AMDH) a abrité, le jeudi 23 juin, une conférence de presse organisée par l’Association malienne de défense des droits humains (AMDH) en partenariat avec Wildaf-Mali, le collectif de cœur, l’AJM et bien d’autres associations de défenses des droits humains. La présente conférence de presse entre dans le cadre de la commémoration de la journée mondiale pour l’élimination de la violence sexuelle liée au conflit, célébrée le 19 juin de chaque année. Elle était animée par Maitre Moctar Mariko, président de l’AMDH, Madame Bouaré Bintou Founé Samaké, présidente de Wildaf-Mali et monsieur Al Mahady Cissé, président du collectif cri de cœur. L’objectif de la conférence de presse était d’attirer l’attention des décideurs sur les défis liés à la lutte contre l’impunité des crimes sexuels au Mali.
« Entre 2012 et 2013, de nombreux crimes sexuels ont été perpétrés au Mali pendant l’occupation du pays par les groupes armés. Il s’agit notamment des viols et autres formes de violence sur le genre », a introduit Me Moctar Mariko, président de l’AMDH. A l’en croire, les organisations de défense des droits humains ont documenté des cas de violences sexuelles pendant la libération. Les victimes de ces violences sexuelles continuent de vivre une situation extrêmement difficile et insoutenable, a-t-il souligné. Les victimes et nos associations qui les accompagnent, explique Maitre Marico, restent dans l’attente d’actions fortes et concrètes de la justice malienne, promises de façon répétée par les autorités maliennes. Ces actions doivent d’abord se traduire par une véritable politique de poursuite pénale des auteurs de ces crimes. En dépit de deux plaintes déposées en 2014 et 2015, et à l’exception d’une trentaine d’auditions faites par les juges d’instruction en charge du dossier, les enquêtes n’ont connu aucune avancée significative et certains suspects ont même été libérés, a-t- il déploré. Et Me Mariko de dénoncer le peu d’implication de l’Etat dans la lutte contre l’impunité des violences sexuelles. Pis, l’Etat ne fait non seulement rien pour les victimes mais ne fait également rien pour faire avancer le dossier, a ajouté le président de l’AMDH. « Nous voulons profiter de cette journée mondiale pour renouveler nos recommandations en matière de lutte contre l’impunité des crimes sexuels pendant le conflit », a indiqué madame Bouaré Bintou Founé Samaké, présidente de Wildaf-Mali. Les organisations de défense des droits humains au côté des victimes attendent des autorités des actes concrets en faveur de la lutte contre l’impunité des crimes sexuels, a-t-elle ajouté. Malgré la signature de l’accord pour la paix, aucune mesure significative n’a été prise en faveur des victimes de violences sexuelles. A ses dires, la protection des droits des femmes et leur prise en compte effective dans la résolution de la crise sont indispensables pour le retour à une paix durable et à l’Etat de droit. C’est pourquoi, les organisations de défense des droits humains exhortent entre autres : « allouer des ressources suffisantes pour assurer la prise en charge médicale, sociale, psychologique, judiciaire et la fourniture de moyens aux survivantes, et soutenir les organisations locales de défense des droits humains qui fournissent de tels services ; Diligenter l’ouverture de procédure contre les militaires maliens suspectés d’avoir commis des violences sexuelles ». Madame Bouaré a dénoncé le manque de volonté politique de l’Etat. Sans la justice, explique madame Bouaré, on ne pourra pas parler de réconciliation nationale. On est en train de vivre un véritable scandale au Mali, en accordant peu d’importances aux victimes, a-t-elle renchéri. « Nous allons saisir toutes les voies de recours pour nous faire entendre », a conclu madame Bouaré Bintou Founé Samaké, présidente de Wildaf-Mali.
Abdrahamane Sissoko