Amnesty International vient de publier son rapport annuel 2012. Pour la circonstance, Amnesty International Mali a organisé, le 24 mai 2012, une conférence de presse à l’hôtel Azalaï Nord Sud.
C’est en présence des ambassadeurs de la Mauritanie, de la Russie et du Maroc que les responsables d’Amnesty International Mali ont levé le voile sur le contenu du Rapport 2012 de l’organisation internationale de défense des droits de l’homme. En ce qui concerne notre pays, ce rapport a rappelé en bonne place « les exactions perpétrées par des groupes armés ».
Selon le rapport, en janvier 2011, deux personnes ont été blessées après qu’un membre d’AQMI de nationalité tunisienne a fait exploser une bombonne de gaz devant l’ambassade de France à Bamako, au moment où deux Français enlevés par AQMI à Niamey, la capitale du Niger, trouvaient la mort au cours d’une opération de sauvetage manquée à la frontière malienne. Sans en faire un point particulier, le rapport 2012 d’Amnesty International Mali confirme le payement de rançons pour la libération des otages au Mali. « En février, trois personnes enlevées au Niger en septembre 2010 ont été libérées après le paiement d’une rançon », indique le rapport 2012 de l’organisation de défense des droits de l’homme.
Elle attire l’attention de l’opinion internationale sur le fait que quatre autres personnes sont toujours détenues par AQMI dans le nord du Mali. « En novembre, cinq personnes ont été enlevées par AQMI et une autre a été tuée. Deux Français ont été enlevés dans leur hôtel à Hombori. Au cours du même mois, des ressortissants des Pays-Bas, de l’Afrique du Sud et de la Suède ont été enlevés à Tombouctou. Un touriste allemand qui avait tenté de résister à son enlèvement a été tué », a indiqué Amnesty International.
En plus de ces exactions, comme il fallait s’y attendre, l’organisation internationale de défense des droits de l’homme a retenu le cas de morts consécutives à un exercice militaire. « En octobre, cinq élèves officiers de l’École militaire interarmes de Koulikoro sont morts après un « bahutage » (bizutage) traditionnel. Trois hauts responsables de l’armée et plusieurs instructeurs permanents de l’école ont été arrêtés. Le ministère de la Défense a ordonné une enquête », indique le rapport 2012. Dans sa présentation du Rapport 2012, Saloum D. Traoré, Directeur Exécutif d’Amnesty International Mali, insiste sur le fait que dans au moins 91 pays dans le monde, des femmes et des hommes ont pris la parole dans la rue pour exiger la justice et l’amélioration de leurs conditions de vie.
Dans un communiqué de presse diffusée pour la circonstance par Amnesty international, il ressort clairement que « le courage dont ont fait preuve les manifestants au cours de l’année écoulée a été de pair avec les défaillances d’un Conseil de sécurité de l’ONU qui apparaît usé, déphasé et de plus en plus inadapté aux besoins ». En citant Salil Shetty, secrétaire général de l’organisation, le communiqué a indiqué : « La défaillance du pouvoir politique est un phénomène désormais mondial.
D’un pays à l’autre, on a vu l’an dernier des responsables politiques répondre aux manifestations par la brutalité ou par l’indifférence. Les gouvernements doivent faire montre de leur légitimité à diriger et refuser l’injustice en protégeant les plus faibles et en modérant les actions des plus puissants. Il est temps de faire passer les êtres humains avant les entreprises, et les droits avant les profits ». Dans la même vaine, le Communiqué de presse rappelle qu’ « avec les manœuvres des puissances mondiales cherchant à peser au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, on a vu bien trop souvent au cours de l’année écoulée les alliances opportunistes et les intérêts financiers s’exercer au détriment des droits humains ». Selon le secrétaire général d’Amnesty International « on sort le discours sur les droits humains lorsqu’il sert les visées des responsables politiques ou économiques, et l’on s’empresse de le ranger au placard lorsqu’il devient gênant ou qu’il fait obstacle au profit ».
Le Rapport 2012 d’Amnesty International recense des restrictions spécifiques à la liberté d’expression dans 91 pays et des cas de torture ou d’autres mauvais traitements, infligés bien souvent à des personnes en raison de leur participation à des manifestations, dans 101 pays. « Il ne suffit pas de se débarrasser de tel ou tel dirigeant, aussi tyrannique soit-il, pour instaurer un changement durable. Les gouvernements doivent respecter le droit à la liberté d’expression, chez eux et à l’étranger ; ils doivent prendre au sérieux leurs responsabilités au niveau international et investir dans des systèmes et des structures qui garantissent la justice, la liberté et l’égalité devant la loi », indique le communiqué.
Assane Koné