22 juillet 1994-22 juillet 2014, cela fait 20 ans jour pour jour que le lieutenant Yahya Jammeh a pris le pouvoir en Gambie en renversant, par un coup d’état, le président Dawda Kayraba Jawara, alors que celui-ci était en visite officielle en Grande Bretagne. Depuis son accession au pouvoir, Yahya Jammeh règne sans partage sur son pays. Son regime est régulièrement critiqué par les défenseurs des droits de l’homme.
L’opposition politique et la presse sont muselées. Les minorités sont discriminées. Aujourd’hui, de nombreuses organisations en Afrique de l’Ouest se mobilisent pour dire “Non” à la dictature. Un réseau d’Organisations Non Gouvernementales (Ong) organise des forums, des marches et des conférences de presse dans divers pays de la sous-région. C’est dans cette mouvance que Amnesty International a initié, le mardi 22 juillet 2014, une journée mondiale d’action en direction des autorités gambiennes.
Dans le cadre de cette journée d’action, Amnesty International-Mali a animé une conférence de presse, ce même 22 juillet 2014 dans ses locaux, pour dénoncer les violations des droits de l’homme en Gambie. Son secrétaire administratif, M. Salim Dédeou Traoré a déclaré au cours de ce point de presse que “depuis l’avènement de Yahya Jammeh au pouvoir, le système judiciaire gambien s’est considérablement affaibli du fait non seulement de l’ingérence récurrente de l’exécutif dans son sein, mais aussi de la législation toujours plus repressive, visant à reduire au silence les voix critiques et dissidentes”.
En effet, depuis vingt ans que Yahya Jammeh est au pouvoir, son règne n’inspire que de la tristesse. Vingt ans de violation massive des droits de l’homme. Vingt ans de baillonnement de la presse ; vingt ans de régression démocratique. Ainsi se résume le bilan très sombre du règne de Yahya Jammeh.
20 ANS DE VIOLATION MASSIVE DES DROITS DE L’HOMME
Depuis vingt ans rien ne progresse en Gambie compte tenu du fait que les populations vivent dans un climat de peur généralisée. Elles se sentent laissées à elles-mêmes par la communauté internationale et autres organisations humanitaires.
D’autre part, la justice est pratiquement inexistante, car elle fait partie de ceux-là qui découragent les initiatives d’actions internes. La peur s’est installée à tous les niveaux. La peur d’être malmené, la peur d’être torturé, d’être emprisonné ou d’être forcé à l’exil. Avec cette peur qui est devenue comme une hantise, les gens sont de plus en plus prudents et reservés. Ils n’osent pas commenter les problèmes politiques. Même au téléphone, les gens n’osent pas trop s’aventurer dans les conversations, car chacun pense qu’il est sur écoute.
Cette méfiance qui s’est installée dans la population a poussé tellement loin qu’elle se fait sentir même au niveau de la famille.
En effet, il n’est pas rare de voir les membres d’une même famille se méfier les uns des autres. Dans les bureaux et les lieux publics, les gens sont très réservés dans leurs causeries. Même au niveau de l’Université, la liberté académique n’est pas garantie. Les professeurs font attention par rapport aux cours qu’ils dispensent.
D’autre part, Yahya Jammeh gère le pouvoir de façon mystique. Il prétend avoir des pouvoirs surnaturels qui lui permettent même de guerrir le Sida. Ce sont là des comportements qui frisent le ridicule et qui ne sont pas digne d’un chef d’État.
On se souvient que Yahya Jammeh, à un certain moment, a été très actif auprès des chasseurs traditionnels africains. Il avait nourri le dessein de créer une association des chasseurs traditionnels au niveau de la sous-région ouest-africaine. Ce projet ne lui a pas réussi, car les chasseurs traditionnels (les vrais) se sont vite rendus compte que Yahya Jammeh n’avait aucun pouvoir mythique qui lui permettait d’être leur chef, au sein de cette association.
Au titre des violations des droits humains perpétrées ces 20 dernières années par le régime de Yahya Jammeh, on peut citer :
– la sanglante repression des manifestations d’élèves en Avril 2000 ;
– le meurtre, non encore élucidé, du journaliste Deyda Haydara en 2004 ;
– la disparition forcée du journaliste Ebrima Mannel ;
– la torture du journaliste Musa Saidykha en 2006 ;
– l’arrestation et la détention, pendant cinq mois au secret, du défenseur des droits humains, imam Baba Leigh en 2012 ;
– les exécutions arbitraires de neuf prisonniers en 2012.
Mais il faut dire que depuis les exécutions extra-judiciaires de 2012, les choses commencent à bouger en Gambie. En effet, de plus en plus d’organisations africaines et internationales se regroupent de façon assez concertée pour dénoncer les violations des droits humains en Gambie. De plus en plus, on voit aussi la communauté internationale s’insurger. Toutes choses qui ne se faisaient pas auparavant.
Par ailleurs, on voit aussi, ces derniers temps, des prises de décisions condamnant la Gambie. En effet, récemment, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a pris une décision très forte condamnant la Gambie et boycottant ses élections présidentielles. Donc il ya des actes forts qui sont de plus en plus posés contre le régime dictatorial de Jammeh.
Le régime d’exception entretenu par Jammeh connaitra le revers tôt ou tard, car lorsque les gens sont excédés ils cherchent infailliblement à prendre leur destin en main et à dire “non” à la dictature.
Mamadou GABA