Amnesty International vient de publier son nouveau Rapport. Son contenu a été partagé avec les journalistes le samedi 30 novembre à la faveur d’une conférence de presse animée à la Maison de la presse. L’on retiendra que le Secrétaire général d’Amnesty International a fait un éventail des exactions commises durant la grave crise qu’a traversée notre pays et demande à la Cour pénale internationale de poursuivre les auteurs de ces crimes.
«Les autorités malienne nous ont assurés qu’elle n’avait aucun enfant soldat en détention, mais il est évident que cela n’est pas vrai. Le gouvernement malien a signé en juillet 2013 avec l’Onu, un protocole visant la libération, le transfert et la protection des enfants associés à des groupes armés, et il doit respecter ses engagements», a introduit Salil Shetty, Secrétaire général d’Amnesty international. De ce fait, le rapport que vient de lancer Amnesty International, demande que les enquêtes approfondies et indépendantes soient menées sur les graves atteintes aux droits humains commises au cours des deux dernières années par toutes les parties en conflit.
Il est important de noter que depuis le début de la crise, Amnesty International a rassemblé des informations sur 14 homicides illégaux perpétrés par des groupes armés dans le nord du pays et sur d’autres atteintes aux droits humains. Le rapport fait aussi état d’exécutions extrajudiciaires dont auraient été victimes au moins 40 civils accusés d’être proches des groupes armés.
La délégation d’Amnesty International a rencontré les familles de plus de 20 soldats qui ont disparu après avoir été enlevés du camp militaire de Kati en mai 2012. Ils étaient soupçonnés d’avoir fomenté en contre-coup d’Etat le général Amadou Haya Sanogo, qui avait dirigé le coup d’Etat de Mars 2012 au Mali. De ce fait, les familles des victimes se réjouissent de la détention du général Sanogo, qui a été arrêté et inculpé de meurtres, assassinats et séquestration le mercredi 27 novembre 2013. Sagara Bintou Maïga, présidente du Collectif des épouses et parents des bérets rouge disparus, explique : «Depuis la disparation de nos fils et de nos maris, nous n’avons aucune nouvelle. Nous voulons savoir où ils sont, ce qui leur est arrivé et s’ils sont en vie ou non». Puis d’ajouter : «Nous avons finalement obtenu un rendez-vous avec le ministre de la Défense cette semaine. Nous lui avons dit que nous marcherions nues, s’il ne nous disait pas ce qui est arrivé à ceux qui nous sont chers. Il nous a donné comme date limite l’arrivée de la délégation d’Amnesty international. Il nous a dit d’être patientes et qu’il faisait ce qu’il pouvait. Le lendemain même, Sanogo a été arrête et inculpé. C’est déjà un pas».
Amnesty international demande l’ouverture d’une enquête sur les allégations de violences sexuelles, la poursuite en justice des auteurs présumés de ces faits et la mise en place de programmes d’aide afin que les victimes bénéficient d’une assistance médicale et psychologique. «La population malienne est profondément traumatisée par les événements de ces deux dernières années. Veiller à ce que l’ensemble des responsables présumés de violations des droits humains répondent devant la justice, est indispensable à la construction d’une paix durable au Mali. C’est la seule manière d’aider le pays à tourner cette page douloureuse de son histoire. La Cour pénale internationale avait annoncé en janvier 2013 qu’elle ouvrirait une enquête sur les crimes de guerres commis au cours de la dernière année du conflit au Mali. Amnesty international accueille cette décision avec satisfaction, mais exhorte le Procureur général de la CPI à s’intéresser à l’ensemble des allégations de crimes au Mali», a conclu a Salil Shetty.
Bruno LOMA