Dans le cadre de la campagne médiatique sur les droits humains initiée par ARCAD Sida, nous avons mené une enquête sur la situation des droits humains au Mali.
La constitution du Mali du 25 février 1992 garantit le respect des droits humains ; ainsi il stipule dans son préambule : ‘’le peuple souverain du Mali fort de ses traditions de lutte héroïque engagé à rester fidèle aux idéaux des victimes de la répression et des martyres tombés sur le champ d’honneur pour l’avènement de la démocratie pluraliste ,proclame sa détermination à défendre les droits de la femme et de l’enfant ainsi que la diversité culturelle et linguistique de la communauté nationale, s’engage à assurer l’amélioration de la qualité de la vie, la protection de l’environnement et du patrimoine culturel souscrit à la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 Décembre 1948 et à la charte africaine des droits et des peuples du 27 juin 1981 et consacre son titre premier dont 21 articles sur les droits et libertés inhérentes à la personne humaine ainsi que des dispositions réglementaires et autres mécanismes existant pour assurer leur respect’’. Malgré l’existence de cet arsenal juridique, les droits humains restent confrontés à des défis. La liberté d’expression reste menacée malgré la multiplication des organes de presse écrite, parlée et audiovisuelle. Ces dernières années, les journalistes sont victimes d’agression et d’enlèvement dont le dernier cas est l’enlèvement du confrère Birama Touré depuis bientôt un an.
Des cas de violation grave des droits à la vie et à l’intégrité physique ont eu lieu au centre au nord et au sud du pays, la persistance de l’impunité, de graves violations des droits humains commisses pendant la crise de 2012, toutes les victimes de viol, d’amputation et autres exaction attendent toujours que justice soit faite malgré les protestations, les marches et dépôt de plaintes de certaines organisations de défense de droits humains les autorités n’ont trouvé mieux que de libérer les présumés auteurs de graves exactions commisses sans jugement.
En ce qui concerne les droits économiques et sociaux, bien vrai que notre pays est membre signataire des traités internationaux, sur le sujet des défis restent à relever :
Sur le plan du droit à l’éducation, le système éducatif reste handicapé par le manque d’infrastructures scolaires (dans les zones rurales), de matériels didactiques et enseignants qualifiés et cette situation s’est aggravée au nord avec la destruction d’infrastructures scolaires, l’absence d’enseignants depuis le début de la crise.
Sur le plan du droit à la santé, des défis sont à relever car les hôpitaux ont montré une incompétence notoire à assumer l’obligation légale qui est de fournir des soins de santé adéquats et de qualité aux citoyens ; les conditions d’accueils et de traitement des patients et d’hygiène des hôpitaux publics et CSCOM sont mauvais.
S’agissant des droits de la femme et de l’enfant qui constituent la couche la plus vulnérable de notre société :
Les femmes constituent plus de la moitié de la population malienne selon la commission nationale des droits de l’homme (CNDH). Notre pays a ratifié tous les traités et conventions relatifs aux droits de la femme avec la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1979, les dispositions constitutionnelles et autres.
En d’épis de quelques progrès réalisés notamment l’exécution par le gouvernement du programme d’autonomisation des femmes dans le cadre de la mise en œuvre de la politique nationale du genre PNG ,l’amélioration du niveau de l’indice de condition de la femme qui est passé à 0,614 sur l’échelle allant de 0 à 1 et la récente adoption de la loi sur le quota de 30% des femmes sur les listes électorales malgré tout, des défis persistent quant à la faible représentation des femmes dans la sphère de décision avec cette supériorité numérique des hommes sur les femmes au niveau des décideurs dans les services publics, institutions sur la scène politique ( 3 femmes sur 121 dirigeants des partis politiques) à l’Assemblée nationale ( 132 hommes contre 15 femmes), s’ajoute aussi la non relecture des dispositions discriminatoires dans le code de personnes et de la famille et la persistance de la pratique de l’excision et le mariage forcé ou précoce .
Elles ont aussi des difficultés d’accès à la justice pour réclamer leur part dans l’héritage, la propriété des terres et pour dénoncer des cas de violences notamment conjugales qui ont causé beaucoup de décès ces dernières années. Elles sont aussi confrontées à des maladies comme les MST,les IST et VIH SIDA et pour ces raisons, elles sont stigmatisées dans la société et les empêchées d’accéder aux soins.
Quant aux droits de l’enfant, malgré la ratification des traités régionaux et internationaux, la situation reste préoccupante dans leur effectivité et leur protection :
Le trafic d’enfants continue, le phénomène de mendicité (jumeaux, triplés, talibés) prend de l’ampleur d’année en année dans les zones urbaines et d’orpaillage, la rupture des enfants avec leurs familles (enfants de la rue, talibés).
L’absence de juridictions pour enfants sur l’ensemble du territoire
Selon Save the children, au Mali plus de 30% d’enfants ont dernièrement subi une agression violente, 16% de jeunes filles sont mariées avant 15 ans et 76% ont subi la mutilation génitale féminine.
En plus de tout ce qui précède, la situation des droits des réfugiés et personnes déplacées reste inquiétante selon la CNDH notre pays ayant ratifié la convention de 1951 relative aux réfugiés et son protocole de 1967 ainsi que la convention de l’OUA sur la protection des réfugiés en Afrique, malgré la normalisation de la situation politico sécuritaire, le retour des réfugiés et déplacés reste toujours problématique ( 155 187 réfugiés maliens vivent dans les pays voisins et 61 621 déplacés ) dans ces localités où s’y trouvent ces réfugiés ou déplacés, beaucoup de réalisations ont été faites à leur endroit par le gouvernement en partenariat avec la communauté internationale notamment des aides alimentaires, des équipements et autres. Malgré ces résultats encourageants, des défis restent:
L’insuffisance d’infrastructures d’accueil pour les déplacées, l’insuffisance de l’assistance économique juridique médicale et psychologique, manque de possibilité d’emploi.
Face à ces multiples violations des droits humains dans notre pays, il est urgent que l’État malien honore ses engagements nationaux et internationaux en s’appuyant sur les données des organisations de défense des droits humains pour un accès pour tous aux droits mondialement reconnu .
NIMAGA