Défense des droits de l’Homme au Mali : La clinique juridique de Mopti, un cas d’école !

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L’énonciation du mot clinique au Mali (où l’écrasante majorité de la population est analphabète) renvoie à celle médicale,  pourtant à travers le pays les cliniques juridiques depuis plusieurs dizaines d’années sont en train d’apporter du soutien, en termes de défense des droits de l’homme à des milliers de personnes.

Faut-il le rappeler, c’est en 1988 que soucieuse des droits des Femmes et des enfants, ou du moins de l’Homme tout court, que l’Association des juristes du Mali a crée les premières cliniques juridiques, sur initiative des femmes juristes du Mali. Après l’occupation des régions de Tombouctou, Gao, Kidal et une partie de Mopti (Douentza et Kona) en  2012,  la clinique juridique de Mopti, ville du centre, s’est singulièrement illustrée à travers ses actions. Pour preuve, elle a accueilli des milliers de femmes et d’enfants traumatisés par l’effet du conflit. « Nous avons apporté de l’appui psychologique et médicale à environ 3000 femmes et enfants victimes du conflit armé de 2012» révèle Maïmouna Traoré, coordinatrice de la clinique juridique de Mopti.  Il s’agit des femmes victimes de violences sexuelles, des filles de 14 à 15ans mariées de force à des éléments des groupes armés, entre autres.

« En 2013, j’ai accueilli une fille de 14 ans qui avait été mariée de force à un membre des groupes armés dans la région de Gao. Elle était parvenue à s’enfuir et à son arrivée à Mopti, on l’a orienté vers notre structure. Traumatisée, elle n’avait plus confiance en personne. Je l’ai écoutée, rassurée et hébergée à la maison », témoigne-t-elle, dans une interview qu’elle a récemment accordée à l’organisation internationale, (OCHA-Mali). Avant d’ajouter que, hantée par le cauchemar qu’elle a vécu à Gao, pendant l’attaque de la ville de Kona, la fillette s’est enfuit vers Bamako. Et depuis, dit-elle, elle est restée sans nouvelle d’elle. Selon notre interlocutrice, Maïmouna Traoré, les personnes déplacées ont certes souffert mais celles qui sont restées sur place ont aussi vécu du calvaire. « Beaucoup de personnes qui sont restées sur place, n’y sont pas restées par plaisir mais parce qu’ils n’avaient pas d’autres choix  et ce sont ces personnes qui ont subi les flagellations, les amputations des pieds et des mains ainsi que d’autres exactions de la part des groupes armés», raconte-t-elle.

Faut-il le préciser, les cliniques juridiques ne s’occupent pas que des victimes des conflits armés. « Nous prenons en charge les femmes victimes de violences basées sur le genre (VBG), les filles mariées de force avant l’âge légale de mariage, entre autres » précise-t-elle.  A l’en croire, dans les cas de violences basées sur le genre, le rôle de la clinique consiste à écouter le couple pour ensuite essayer de réconcilier les parties, tout en conduisant l’homme à la raison. Mais au cas échéant, dit-elle, la clinique apporte à la victime,  son appui juridique surtout lorsqu’il s’agit de divorce, afin que tous les droits de la femme soient respectés. Car faut-il, le souligner, au Mali comme dans bon nombre de pays africains, les femmes sont souvent répudiées et laissées à leur propre sort sans défense et sans aucun droit par leur mari.

Cependant, la coordinatrice de la clinique juridique  de Mopti, souligne qu’ils sont confrontés à un certain nombre de difficultés, qui souvent entravent l’exécution de leurs missions. Au nombre desquelles, le manque de financement. Mais aussi, ajoute-t-elle, bon nombre de femmes au Mali ignorent leurs droits.   « Mais malgré tout nous ne baisserons jamais les bras, c’est un plaisir pour nous de redonner du sourire à des femmes et des enfants innocentes, qui ont été blessées et choquées au plus profond de leurs âmes » a-t-elle déclaré. Avant de poursuivre qu’afin d’informer les femmes sur leurs droits, sa structure organise, des causeries débats, des conférences débats, ainsi que des émissions sur les radios locales. Mais aussi, forme des para juristes qui à leur tour sensibilisent les populations sur les droits des femmes et des enfants.

Premier impact positif. Selon elle, les droits des femmes évoluent positivement.

 

Lassina NIANGALY

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