Débat sur la peine de mort : Modibo Sangaré en profite pour initier un parti confessionnel

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Les premiers débats sur l’abolition de la peine de mort au Mali ne se sont malheureusement pas déroulés sur les tribunes intellectuelles, mais sur le ring d’affrontement entre adversaires du projet de loi et les forces de l’ordre. La scène s’est déroulée, avant-hier, à la suite d’une marche d’incrimination avortée, mais que l’initiateur a mis à profit pour briser définitivement les frontières entre religion et politique.

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Annoncée pour drainer monde vers l’Assemblée Nationale où le projet de loi se trouve en étude, la marche de protestation initiée par l’UNPR a finalement tourné court, avant-hier mardi. Non seulement parce que les autorités n’y étaient pas assez réceptives, mais aussi parce que le président du parti n’a manifestement pu rassembler la marée attendue. Au siège de son parti où la manifestation a été finalement réduite à un simple meeting de récrimination des abolitionnistes, Modibo Sangaré s’est retrouvé avec une poignée d’adeptes ratissés essentiellement dans les rangs de la gent féminine d’associations et organisations islamiques de Bamako. Sur les banderoles brandies avec beaucoup d’enthousiasme, le président de l’UNPR et ses partisans ne se sont pas limités à marteler leur hostilité à la suppression de la peine de mort au Mali. Ils ont aussi crié haro sur le code de la famille, un projet qu’ils jugent tout aussi contraires aux valeurs religieuses de la frange majoritaire de la société malienne. Ainsi de la marche à la transformation d’un meeting en partie de prêche, il n’y a qu’une petite distance que Modibo Sangaré n’a pas hésité à franchir. Sous les invocations et les cris de dévotion au à « Allah », le public réuni autour du président de l’UNPR a eu droit à un réquisitoire sans ménagement de l’option des hautes autorités en faveur de l’abolition. Au milieu d’un auditoire dominé par les femmes en hijab et même de porteuses de minijupes tolérées pour la circonstance, M. Sangaré s’est livré à un long commentaire des préceptes religieux qui justifient le maintien de la peine de mort.

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Le président de l’Union Nationale Pour la Renaissance et sa suite s’en sont ensuite vigoureusement pris aux associations religieuses qui se sont publiquement désolidarisées de sa marche, même si elles n’étaient pas tenues de confondre causes confessionnelles et motivations politiques.

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En définitive, le rassemblement de l’UNPR, un parti sans le moindre conseiller municipal dans la commune de son siège, se serait déroulé comme un non événement si la situation n’avait dégénéré vers la fin. Hautement surveillée par les forces de l’ordre, la foule chauffée à blanc par ses théories religieuses n’a pu se disperser sans accrochages avec les agents du maintien de l’ordre positionnés au abords de la rue du siège de l’UNPR donnant sur le Boulevard de l’Indépendance. Pour se frayer un passage, les manifestants ont choisi de transpercer les rangs du GMS à coups de projectiles et de massues. Il s’en fallait naturellement de peu pour contraindre leurs adversaires à l’usage des gaz lacrymogène et à une dispersion musclée de la masse. Les paisibles populations de Bolibana en ont ainsi eu pour leur compte, mais Modibo Sangaré peut se réjouir d’être sorti de l’inconnu ou peut-être même d’arracher quelque sympathie dans les milieux confessionnels.

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  1. Keïta     
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