Intitulé “Réponse scandaleuse et inopérante de la communauté internationale aux atrocités commises par les Etats et des groupes armés”, le rapport d’étude sur la situation des droits humains d’Amnesty International Mali, présenté hier, à la Maison de la presse, est un témoignage qui met en lumière les terribles violences commises par les Etats et les organisations terroristes.
Selon le rapport, les conflits changent de nature. Ils oppriment d’abord les civils, des hommes et des femmes qui construisent des vies simples. Du jour au lendemain, ils doivent quitter leurs terres et leurs maisons. Ils vivent sous la menace d’être tués, bombardés, torturés ou enlevés par des groupes terroristes ou des Etats, selon Amnesty International.
Cette année, les images qui appuient ce constat sont nombreuses. Au Nigeria, ce sont les 276 lycéennes de Chibok enlevées par Boko-Haram et dont on est sans nouvelles. Au Moyen-Orient, ce sont les 4 millions de Syriens obligés de vivre les rigueurs de l’hiver sous les bâches de plastique de leurs abris en Turquie, en Jordanie ou au Liban.
En Europe, ce sont aussi les femmes et les hommes ukrainiens qui vivent dans des caves pour échapper aux bombes. “Le développement des groupes armés est un nouveau défi pour tous ceux qui défendent les droits humains”, a estimé Salioum D. Traoré, le secrétaire exécutif AI Mali. Et d’ajouter qu’ils peuvent avoir comme nom Boko-Haram ou Daesh. Des centaines de milliers de civils sont désormais contraints de vivre sous leur coupe.
Dans le même élan, Salioum D. Traoré a dénoncé la politique de certains dirigeants qui se battent contre ces groupes : “Ils justifient les mesures qu’ils prennent par le fait de conserver le monde sûr. Ces réactions à chaud et les lois draconiennes censées combattre le terrorisme ne servent à rien”.
Amnesty International relève l’aveu du président américain Barack Obama qui reconnaît que “nous avons torturé des gens”, l’attitude du Premier ministre israélien Netanyahou qui affirme, à propos des victimes à Gaza en juillet dernier, qu’”Israël a tout fait pour limiter au maximum les pertes civiles palestiniennes”.
Beaux discours et livraisons d’armes !
Ces millions de civils échappent aux violences et pas grand monde ne les accueille. “En trente ans, le monde n’a jamais vu un tel nombre de personnes fuyant les conflits, les atteintes aux droits humains et la guerre”, a-t-il constaté. Il a dénoncé les “beaux discours sur le sort des réfugiés” et le peu d’actions qui les suivent.
Sur le plan diplomatique, Amnesty International propose deux réformes. Son rapport demande aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de renoncer à faire usage de leur droit de veto en cas d’atrocités de masse. Cette mesure, prônée par les autorités françaises, permettrait de débloquer les décisions dans l’instance onusienne.
“L’ONG exhorte également tous les Etats à ratifier le Traité sur le commerce des armes. En 2014, d’importantes livraisons d’armes ont été effectuées vers l’Irak, Israël, la Russie, le Soudan du Sud et la Syrie, relève Anna Neistat, chez Amnesty International. Il était fort probable que ces armes seraient utilisées contre des populations civiles en situation de conflit”, a souhaité la présidente d’AI Mali, Mariam Touré.
Bréhima Sogoba