L’avocate béninoise Me. Reine Alapini Gansou, chef de la Composante Droits de l’homme de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (Misahel), a animé une conférence de presse le vendredi dernier dans les locaux de l’Institution sise à l’ACI 2000 de Bamako, non-loin de la Direction générale des Impôts. Avec les journalistes, la patronne de la Misahel a expliqué le mandat de sa mission et les activités en cours.
Il ressort des échanges qu’un deuxième rapport sera publié bientôt sur les allégations persistantes de disparitions forcées et d’assassinats à Bamako et au Nord du pays. À préciser que cette Composante intervient en application des décisions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et des instances compétentes de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), décisions inspirées par la Résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations unies. Ces décisions autorisaient, outre le déploiement des troupes /forces chargées d’assurer la sécurité, la garantie de l’intangibilité du territoire malien.
Selon Mme Reine Alapini Gansou, chef de la Misahel, la mise en place d’une composante civile au sein de la Mission, vise à documenter et rapporter les cas de violation des droits de l’Homme et du droit humanitaire perpétrés au Mali et particulièrement dans le Nord. La Composante droits de l’homme de la Misahel assure aussi le monitoring de la situation des droits de l’homme ; donne des avis et conseils aux autorités maliennes sur les voies et moyens de mieux prendre en charge les questions des droits de l’homme, de réconciliation nationale et la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle. Aussi, elle recommande à l’Union africaine les meilleures stratégies pour soutenir le Mali dans le domaine de la gouvernance et des droits de l’homme.
À retenir que la première équipe composée de neuf observateurs des droits de l’homme, est arrivée au Mali en avril 2013. Elle a été suivie d’une deuxième équipe composée de douze experts en début du mois de juillet 2013, portant ainsi à vingt-et-un le nombre des observateurs sur le terrain. Ces observateurs sont de plusieurs nationalités africaines et de profils divers (avocats, magistrat, enseignants à l’Université, responsables des institutions nationales des droits de l’homme, et d’Ong de droits de l’homme).
Ces experts des droits de l’homme ont été déployés dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal où ils suivent la situation des droits de l’homme au quotidien, assurant une présence effective sur le terrain. Une équipe est également déployée à Bamako afin de maintenir le contact avec les autorités publiques et les organisations de la société civile.
Avant leur déploiement sur le terrain, les observateurs des droits de l’homme ont suivi des briefings sur la situation politique, sécuritaire et des droits de l’homme au Mali, la situation particulière des groupes vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les personnes déplacées.
Ces observateurs des droits des droits de l’homme produisent, suivant une procédure interne, plusieurs types de rapports en relation avec la situation des droits de l’homme sur le terrain. Cependant, un rapport d’observation est produit à la fin de chaque trimestre, reprenant tous les cas de violations des droits de l’homme portées à la connaissance de la Mission. Ce rapport est soumis aux instances autorisées de l’Union africaine, assorti de recommandations sur la voie à suivre. À ce jour, un rapport est rendu disponible : celui d’avril à juin 2013 et le second est en cours de finalisation.
Les informations recueillies dans le cadre de ce rapport, à travers les moyens tels que l’observation, les dialogues communautaires, les discussions ouvertes avec des groupes, les interviews avec les témoins, le monitoring des médias, la revue des rapports journaliers, la rencontre avec les victimes, couvrent la période allant de janvier 2012 à juin 2013. L’analyse des données obtenues a été minutieusement faite en tenant compte des détails les plus subtiles et du mandat de la Mission.
En attendant la publication de son rapport d’observation, la patronne de la Composante droits de l’homme de la Misahel lance un vibrant appel aux nouvelles autorités maliennes et à tous les acteurs nationaux à s’investir dans le respect droits de l’homme afin de trouver une réponse aux allégations persistantes de disparitions forcées et d’assassinats qui sont relayées au sein de l’opinion, notamment à la suite des événements dits de Kati.
Aussi, elle lance un appel aux acteurs politiques pour qu’ils s’investissent en faveur de la consolidation de la paix, de l’acceptation de la différence et du respect des droits de l’homme dans le cadre des prochaines élections législatives.
Ajoutons aussi que la Misahel a visité la prison centrale de Bamako et des commissariats de police de Bamako pour s’enquérir des conditions des détenus.
Seyni TOURE
Cette photo est de Valerie Amos, Sous Secretaire General des Nations Unies chargee des Affaires Humanitaires. Elle est Britanique et non Beninoise.
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