Abolition de la peine capitale : Le sursis décrété par Koulouba

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Reçu à sa demande par le président de la République au palais de Koulouba le lundi 19 novembre, le Haut conseil islamique du Mali a eu l’immense bonheur d’informer nos concitoyens que le chef de l’Etat a décidé de surseoir au vote du projet de loi sur l’abolition de la mort, déjà sur la table de l’Assemblée nationale.

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Le président de la haute institution religieuse, Thierno Hady Thiam, et ses camarades présents sur le plateau de l’Ortm pour expliquer en bamanan l’heureuse nouvelle, n’ont pas caché leur satisfaction.

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D’abord, la décision prise leur semble relever d’une hauteur de vue et d’une volonté politique à même de conserver au pays la quiétude et la tranquillité nécessaires à son équilibre et à son fonctionnement.

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Ensuite, en accédant à leur requête de reconsidérer un tant soit peu un projet de loi qui heurte profondément l’opinion musulmane majoritaire au sein de la nation, Amadou Toumani Touré a fait preuve d’une capacité d’écoute et de compréhension fort appréciable et davantage honorable pour la fonction de premier magistrat de la République qu’il incarne. Car, de toute évidence, un déficit de communication officielle sur le sujet laissait à penser que le président de la République était déterminé à faire adopter coûte que coûte par le parlement le projet de loi qui lui tient à cœur. D’où les levées de bouclier des organisations musulmanes portées par d’énergiques philippiques contre le pouvoir, voire de menaces réelles d’en découdre, quelles qu’en soient les conséquences ; sans oublier une éventuelle récupération politicienne.

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Heureusement que la sagesse a prévalu en haut lieu et qu’il a été convenu, au terme de la rencontre entre ATT et le Haut conseil islamique, de mettre en place une commission ad hoc comprenant toutes les sensibilités nationales, chargée de plancher sur la question de l’abolition de la peine de mort au Mali, mais aussi de procéder à la relecture consensuelle de l’avant-projet du code de la famille qui n’a pas encore fait l’objet de transmission à l’Assemblée nationale.

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Le nouveau code de la famille dont il s’agit est issu des concertations nationales de 1997, donc en mûrissement depuis dix ans. Ainsi, l’implication du Haut conseil islamique dans sa relecture avant qu’il soit soumis à toute procédure législative, en plus des autres sensibilités nationales, procède-t-il de la volonté partagée de le dépouiller de tout ce qui peut contrarier nos us et coutumes.

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Hors antennes Ortm, on apprendra de certains membres du Haut conseil islamique qu’ils ont assuré le président de la République de toute leur disponibilité à l’accompagner dans le cadre d’une large concertation, outre les sujets de préoccupation actuels, sur tous les cas de controverse qui mettraient l’opinion nationale à rude épreuve. Ils sont d’autant à l’aise avec cet engagement que le chef de l’Etat a aussitôt, toujours selon eux, instruit au Premier ministre de ne point tarder pour la constitution de la commission ad hoc.

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Au finish, le Haut conseil islamique du Mali vient de prodiguer à la nation entière deux conseils majeurs.

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Le premier s’adresse aux intolérants de tous bords qui veulent qu’on leur concède le monopole de la vérité -religieuse, idéologique ou politique- et le droit de l’imposer par la contrainte, l’intimidation ou l’intrigue. Fanatiques et sectaires gagneront à savoir que concertation et écoute mutuelle font mieux que violence et injures.

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Le deuxième conseil est tout autant à l’attention des mêmes lobbies radicaux. Il invite à ne pas perdre de vue dans la lutte contre les idées que nous jugeons mauvaises, voire néfastes, que le meilleur moyen est de le faire par d’autres idées, l’effort de compréhension, la tolérance, jamais par l’injure, la violence, la contrainte, si ce ne sont les coups bas.

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Mais le Haut conseil islamique, par son action, a surtout fait un plaidoyer pro domo. Les anti-religions primaires auront compris que la liberté de croyance, dans certaines conditions, permet l’essor des autres libertés. Ce qui est le cas avec le problème de l’abolition de la peine de mort qui, abandonné au champ politique, aurait connu des développements inattendus, voire aurait abouti à des crises insoupçonnés. Il ne s’agit donc plus de plaider contre la religion, mais contre la persécution religieuse. Ça, c’est un grand gain pour l’islam au Mali.

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Amadou N’Fa Diallo

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