A propos de la peine de mort : Quand Tiébilé Dramé insulte son passé

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La haine rend aveugle, dit-on. Et elle peut même aller jusqu’à faire perdre à un homme ses repères et ses convictions. Comme c’est le cas du président du Front pour la Démocratie et le Progrès, et président du Parti pour la Renaissance Nationale qui, à cause de la haine qu’il nourrit contre le régime actuel, est arrivé aujourd’hui à renier ses convictions, précisément dans le débat sur l’initiative du président de la République d’abolir la peine de mort.

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En effet, le silence des opposants au président Amadou Toumani Touré est troublant, pire, c’est un soutien à l’initiative de certaines organisations islamiques. Modibo Sangaré, qui a trouvé une occasion d’être sous les feux de l’actualité et surtout de s’attirer la sympathie et les pétrodollars de pays islamiques, a le soutien du Front pour la Démocratie et la République, dont des militants étaient mobilisés mardi dernier pour participer à la marche avortée des anti-abolitionnistes. Cette attitude de Tiébilé Dramé et alliés est irresponsable à plus d’un titre, car en plus de n’avoir pas donner leur avis sur un sujet qui est du ressort de la politique, et non de la religion pour ceux-ci qui oublient que le Mali est un pays laïque, ils restent indifférents à la montée de l’intégrisme, qui ne dit pas son nom et qui tente de profiter  du  sujet de l’abolition de la peine de mort pour embraser notre pays.

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A entendre Modibo Sangaré mardi, on a l’impression d’écouter un leader dihadiste,  quand il prononce ceci : « le moment est venu pour les musulmans de rompre avec le pacifisme, qui commence  à causer du tort à notre pays. Les musulmans ont trop laissé faire. Il est temps que cette situation change. Nous devons nous montrer forts, car c’est un combat pour Dieu. Celui qui donne sa vie à Dieu, n’est pas mort pour rien. »

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Malgré ce dérapage verbal, disons, ce discours incitant à la violence, les politiques refusent de réagir. Comme nous l’avons déjà dénoncé, ils ont peur de donner leur avis publiquement, par peur d’une part, de se mettre sur le dos les pseudo-islamistes et de l’autre les organisations de défense des droits de l’homme, leurs alliés habituels dans la campagne de dénigrement du régime actuel. A plusieurs occasions, Tiébilé Dramé et compagnie se sont fait l’écho des récriminations et surtout des jugements négatifs des institutions et organismes internationaux contre le Mali. Aujourd’hui leur silence face à la montée intégriste sonne comme un soutien tacite au combat de politiciens déguisés en islamistes.

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Le silence coupable de  Tiébilé Dramé

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Le cas du président du FDR est véritablement scandaleux. Tiébilé Dramé, partageant toutes ces opinions défendues par l’ONG Amnesty international, dont il fut d’ailleurs l’un des leaders, a préféré trahir ses convictions que d’apporter son soutien à l’abolition de la peine de mort, pour laquelle il a combattu pendant une importante partie de sa vie. C’est un odieux crime intellectuel qu’il accepte aujourd’hui faire à ATT contre qui, il n’a désormais que de la haine et rien que de la haine parce que tout simplement la Justice lui a demandé des comptes sur la gestion légère des fonds publics, confiés à lui pour l’organisation du sommet Afrique-France de décembre 2005 à Bamako.

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Pourtant, il fait partie de ceux qui savent que contrairement à une opinion souvent admise, qui estime que la peine de mort a  un effet dissuasif, au Canada, l’abolition de la peine de mort, depuis 1975, a permis une chute de 40% du taux de la criminalité. Cet exemple illustre, à l’instar d’autres pays, que l’abolition de la peine de mort constitue un facteur déterminant de réduction de l’intolérance et de la criminalité. Il sait aussi que de même, proportionnellement, elle touche souvent davantage les pauvres et les membres des minorités raciales, ethniques et religieuses que le reste de la population. Enfin, il était jusqu’ici convaincu que la peine de mort, qui constitue la source des erreurs judiciaires (car l’être humain étant faillible, le risque d’exécuter des innocents ne peut être écarté), l’homme estime que la sentence de la peine de mort est un moyen de répression politique, utilisé pour faire taire à jamais les opposants ou pour éliminer les personnes « gênantes » sur le plan politique. Mais pour une histoire de vengeance, il a choisi d’insulter son passé de combat de la liberté.

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Abdoulaye Diakité

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