50 ans de violation des droits de l'homme : Le régime Alpha a monté un escadron chargé des enlèvements

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Arrivé au pouvoir par voie démocratique, le régime Alpha, lui aussi (comme ses prédécesseurs) va avoir peur pour piétiner les droits de l’homme en sévissant méchamment contre ce qu’il considère comme la source de la menace : l’opposition.

Modibo, Moussa et ATT  n’ont pas été élu démocratiquement, ils ont pris le pouvoir par la force. L’avènement de ”monsieur Konaré” est donc une première dans les anales de l’histoire du Mali. L’accession au pouvoir du fils de Dougoukolo Konaré était un peu le retour et la revanche du régime Modibo qu’il a réhabilité, du parti unique et du socialisme (quoique dans des conditions absolument différentes). L’époque (991) n’est pas la même, le Mali n’est pas le même et le monde a complètement changé.

En effet, le mur de Berlin est tombé, la notion de ”guerre froide” qui a conditionné l’après guerre (2e guerre mondiale) et l’Urss ont volé en éclat. Modibo était rompu à la politique et à l’exercice du pouvoir bien avant les indépendances et sa monté à Koulouba. Idem pour Alpha qui s’était formé dans la clandestinité avant de devenir ministre sous le régime de Moussa Traoré.

Le pouvoir de Rda à été démantelé par l’armée et elle seule. Les citoyens n’y ont pris aucune part et ils n’ont même pas été consultés (cas bien sûr pour tous les coups d’Etat). L’armée avait des risques, seule, et du coup, elle a considéré après les succès qu’elle avait ”construit son hangar pour être à l’ombre” (la formule est de qui vous savez). Le départ forcé du général Moussa Traoré est par contre l’œuvre du Mouvement démocratique (Md) et des populations réunies. Le Lt. colonel Amadou Toumani Touré et l’armée n’ont joué ici que le rôle de transformer l’essai.

La ”Transition” était une parenthèse qui a permis à la classe politique de porter le maillot et les crampons pour jouer le championnat de la démocratie, enfin, instaurée. On allait rompre avec les partis uniques (Rda et Udpm) et le pouvoir kaki le (Cmln). Deux grands partis politiques ont vu le jour : le congrès national d’initiative démocratique – Cnid Faso Yiriwa Ton (situé au centre) et l’alliance démocratique pour le Mali qui se classe à gauche.

C’est ainsi qu’à l’instar des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et d’Israël (les plus grandes démocraties au monde), le Mali était partie pour bâtir une démocratie exemplaire dynamique et stabilisante. C’était sans compter avec la nature congénitale des partis de gauche (socialistes et communistes) qui fait qu’il ne souffre aucun partage du pouvoir. Sauf quand ils n’ont pas le choix.

 

La France sous domination socialiste

En 1990, François Mitterrand est à l’apogée de son pouvoir. C’est l’année où il boucle son premier septennat pour mieux se faire élire pour sept autres années. Le premier secrétaire du Ps est tellement sûr de sa puissance qu’il largue le partenaire communiste sur la route et balance ses quatre ministres sur le bas côté ; le petit par la taille mais terrible Charles FITERMAN en tête. Il garde cependant un peu les radicaux de gauche et intègre leur chef le grand juriste, Reger. Gérard SCHWARZENBERG.

En 1990, MITTERAND reçoit les chefs d’Etats africains au sommet de la Baule (resté célèbre depuis) et leur tient un langage méprisant. Pour rappel il leur montre le chemin de la démocratie en mettant le bâton et la carotte sous leur nez et promet qu’il sera sans pitié. Trois parmi eux vont se révolter contre l’affront : Hassan II, Hussein HABRE et GMT. Au premier, MITTERAND va envoyer un chien méchant, un chien très méchant, à savoir Gilles PERRAUT, celui qui a favorisé l’abolition de la peine de mort en France avec son roman :" le pull-over rouge”. Ce terrible auteur va produire près de cinq cent pages de poison  mortelle intitulé ironiquement :”notre ami le roi”.

Sur HABRE, il va lâcher la presse française ”socialisée par force tout en balançant Idriss DEBY dans les pattes. La suite, on la connait : le coup d’Etat suivi par la chasse des chiens en robe noire et rouge. HABRE se bat toujours contre les héritiers de MITTERAND. DEBY était homme de confiance et ministre de la défense de HABRE, comme ATT, homme de confiance et rat-de-palais de Moussa. Les deux ont suivi un stage en France juste avant leur coup d’Etat. Les deux ont bénéficie du soutien total de la France de MITTERAND, son président, son argent, ses services d’espionnage et surtout ses spécialistes en subversion ; ceux qui viennent avant, salissent la réputation de Moussa, le rendre haïssable, légitimer sa mort et préparer l’opinion à accepter ça après coup.

Le grand manitou de réseau Guy LABERTY, membre du comité directeur du Ps en charge des relations avec l’Afrique francophone a coordonné les actions concertées de MITTERAND et de Alpha O. Konaré. Il était spécialement à la recherche, au sein du mouvement démocratique, de celui qui acceptait l’assassinat de Moussa comme condition de l’aide de la France à accéder au pouvoir.

La chute de Moussa devait s’accompagner le jour même d’un certains nombres d’assassinats politiques. ATT le savait, et il su manœuvrer pour les éviter. On sait que lui-même avait essuyé des tirs et qu’il avait changé certain itinéraires au dernier moment. Ce qu’il faut dire ici est que beaucoup de choses sont cachées aux Maliens alors qu’ils sont majeurs et ont droit à les apprendre. Mais nous sommes régis par la loi de l’omerta, le silence.

C’est donc MITTERAND qui a pris l’initiative de faire tomber Moussa et qui a préparé le terrain et c’est aussi lui qui a soutenu l’ADEMA pour se hisser au pouvoir au nom de leur appartenance à l’internationale socialiste. Il était tellement assoiffé de pouvoir qu’on l’avait surnommé ”dieu”. Dès son accession au pouvoir en mai 1983, il entama une chasse aux sorcières implacables contre les journalistes non classés à gaucher, d’intellectuels non classés à gauche, d’artistes non classés à gauche, etc.…

A la chute de Moussa, la presse privée est quasiment inexistante au Mali. Le régime Alpha n’a aucun souci à se faire de ce côté-là, du moins dans un premier temps. Par contre, les étudiants et le Cnid sont très puissants et Alpha ne souffre pas le partage du pouvoir. Le temps de l’Urss, à laquelle il pouvait s’adosser à l’instar des autres  forces de gauche et de subversion, est révolu, le  vent de la démocratie à soufflé le mur de Berlin et les populations ne sont plus aussi naïves qu’avant. Il tente d’abord de casser l’Aeem et la mettre au pas par la violence bête et méchante, mais use plutôt deux Premiers ministres. Il finira par passer par un amalgame de terreur d’achat de conscience et du diviser pour régner. Les meneurs étudiants qui ont accepté le deal ont bénéficié des avantages conséquents (bourses d’étude juteuses à l’extérieur, financement de projet, propositions d’emploi, grosse enveloppe, etc.). Une fois divisés et opposés, les uns contre les autres (aujourd’hui encore, ces animosités subsistent) il est devenu payant de passer par la répression aveugle, bête et méchante. Toute la gamme de la violence d’Etat est mise en branle pour réprimer et soumettre les étudiants. IBK se fera un nom à cette occasion et se verra haïr par les parents d’élèves.

Les barons du régime, venus pauvres au pouvoir, vont faire la course à l’enrichissement rapide par tous les moyens. Ils vont envoyer étudier leurs enfants à l’extérieur (canada, France, Etats-Unis) après avoir fermé les portes de l’école malienne. Combien d’avenirs innocents ont été bousillés à cette occasion ? Combien d’années de retard ont été infligées à la nation ?  Quels est le nombre de cancres, de médiocres, et d’incompétents ont été pistonnés ?  Aucune évaluation n’a été faite et aucune ne le sera.

Après les scolaires, le tour est arrivé à l’opposition démocratique qui entendait juste remplir son devoir de citoyens dans le strict respect des cadres légaux. Une répression  sans mot pour le qualifier va s’abattre sur les leaders et sur les militants. Après le pacte signé avec les touareg qui leur octroi l’ " autonomie ", le gouvernement ne peut plus utiliser les prisons et les salins du nord (Taoudéni, Kidal, etc.) où il pourrait torturer de la pire manière à l’abri des regards indiscrets.

On va donc utiliser les prisons intérieures comme celle de Kati, la quarantaine, l’isolement et l’exclusion sur l’ensemble du territoire. Des attaques ciblées qui visent les biens sont aussi pratiquées pour saccager et réduire à la misère sans oublier la mise sous surveillance permanente de la police politique, la sécurité d’Etat. Le  président du Cnid-Fyt a lui subi toute les palettes de ces pratiques : son cabinet à été détruit avec tout ce qu’il contenait, une loi non écrite interdisait de lui donner un marché, toute personne qui le fréquentait était suspectée et en subissait les conséquences, il a eu à goûter aux délices de la prison de Kati…. bref c’est une combine de l’enferment carcéral et de l’emprisonnement par isolement social, économique et humain.

Ils n’a cependant pas le privilège de ce traitement anti-droit de l’homme. Au contraire, ils et elles sont nombreux à subir des traitements inhumains qui jurent avec le respect des droits humains. Les militants de l’opposition subissaient une persécution terrible dans la ville, le village et le lieu de travail. Toutes les catégories de maliens étaient  harcelées pour rejoindre les rangs du parti qui aspire à être pratiquement unique et tout refus était férocement sanctionné (fausses accusations, licenciement abusif, torture morales sous diverses formes). Appartenir au parti de Alpha faisait de vous un Malien et éligible au bien commun et le contraire était vrai.  

Evoquons aussi l’intrusion de l’agent de la police politique à la réunion des partis opposants du Coppo au palais de la culture et sa mise à mort par la suite. L’opposition à été alors accusée suite à cette machination machiavélique et elle en a payé le prix plus fort. Quant aux élections, on sait combien elles étaient truquées. Alpha et son système en ont tellement abusé que lors de la présidentielle de 1997, il s’est trouvé seule candidat à crier partout comme une âme en peine : 11 mai, 11 mai, 11 mai… Il a du alors s’acheter un challenger, un deuxième candidat dont la qualité Alpha a fait rire tous les Maliens, y compris ceux du parti unique de fait qu’était l’ADEMA.

 

Un escadron de la mort

Le régime Alpha a monté un escadron chargé des enlèvements. Les personnes ciblées raflées dans une opération commando extrajudiciaire. Elles étaient transportées dans un endroit isolé, battues et laissées pour morts. L’avocat Cheik Omar Konaré en a goutté, et il en est devenu l’emblème. Certains accidents n’avaient d’accidents que la mise en scène savamment élaborée. Le régime était obligé de passer par mille et un stratagème pour casser l’opposant, bâillonner la liberté d’expression et pousser les ”récalcitrants” dans les bras de la pauvreté. Ce chantage a poussé beaucoup de Maliens à collaborer avec le pouvoir.

C’est sous Alpha O. Konaré que la corruption, le détournement des biens publics, l’impunité, la faillite de l’école et la régression du système de santé, etc. ont atteint ce niveau qui fait qu’il devient impossible de ne pas se mouiller. La cupidité, l’exhibition des signes extérieurs et ostentatoires de la richesse, le règne du tout-argent, le refoulement des populations dans la misère pour mieux les soumettre, le non respect de la chose publique, l’anarchie élevée au rang de démocratie, bref, c’est sous le règne des dix premières années de la démocratie maliennes, que les grands maux qui minent notre pays ont acquis leur titre de noblesse.

C’est aussi à cette période que le président de la République s’est accordé dix milliards F CFA de caisse noire. Si le ton est donné en haut lieu, qui va s’abstenir ?  La dette publique a atteint des sommets au même moment et les sommes colossales empruntées n’ont pas toutes pris le chemin des projets. Plus grave, pendant longtemps le mot vote n’aura pas un grand sens : on a fini par convaincre l’électeur potentiel que sa voix était à vendre et acheter.

Pour conclure, disons que monsieur Konaré n’a pas pratiqué la torture et l’exécution sommaire dans le décor désertique du Nord comme ses prédécesseurs. Mais il a introduit une gamme très variée de violation des droits de l’Homme. Comme il n’était plus possible de le faire à ciel ouvert, le régime a sévi avec une main de fer camouflée dans un gant blanc de velours. Une dernière constatation est que le caractère du premier régime de l’ère démocratique était tel que le parti qui le dominait, l’Adema, est à ce jour le parti politique qui a connu le plus de scissions, de départs définitifs et de va-et-vient. Mais aussi de trahison interne. Nous en donnons un seul exemple. En second tour présidentiel, l’Adema a fait campagne (sous l’eau) pour faire élire l’adversaire de l’Adema contre l’Adema. On peut en donner une valise, de cet exemple.

Amadou Tall

 

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