La tribune de l’EID a été l’occasion une fois de plus aux citoyens d’interpeller directement le gouvernement sur la gestion des affaires publiques. Le constat a été fait, lundi 10 décembre 2012 au Cicb, lors de la 17ème édition désormais appelée de ‘’session de l’espace d’interpellation démocratique’’. Cette première session organisée par les services du médiateur de la République a prévu des réformes par rapport aux précédentes éditions.
Au regard du nombre d’interpellations reçues par la commission d’organisation, il est important de souligner que l’Espace d’interpellation démocratique n’a pas perdu son engouement auprès du public comme on peut le vérifier.
A cette rencontre, le Médiateur de la république, Diango Sissoko, dans son mot de bienvenue, a mis l’accent sur les interpellations dont l’administration est le plus souvent mise en cause. «Je voudrais souhaiter que notre administration n’oublie jamais que notre système de fonction publique est défini et bâti autours de trois grandes valeurs fondamentales qui sont la probité, l’impartialité et l’efficacité. L’inobservation de l’une de ces valeurs engendre des injustices préjudiciables à la paix sociale», a-t-il souligné. A son tour, le président du jury d’honneur, Sérigne Diop a rappelé que le Mali, depuis l’élaboration de la charte de Koukanfouka, a toujours été une référence en matière de paix et de démocratie à travers le monde. Au cours de leur intervention, les représentants des Associations et Organisations des droits de l’homme ont fustigié les groupes islamistes armés qui, sont au nord et qui au nom d’une charia, se livrent à des viols et des violations flagrantes des droits de l’homme.
Rapport du dépouillement des interpellations
Le rapporteur de la commission d’organisation de dépouillement Ichaka Fofana, a reçu 110 interpellations. Après traitement, elle les a classées en trois catégories, comme d’habitude. Elle a retenu 34 interpellations à lire. En réalité il s’agit de 35 dossiers dont deux quasis identiques et qui de ce fait ont été fusionnés en une interpellation. 39 dossiers ont été logés dans la catégorie « suite à donner » et 36 dossiers ont été rejetés. Parmi les motifs de rejet, le président de la commission d’organisation cite les dossiers déjà traités devant l’EID, ceux concernant des litiges privés qui n’ont aucun caractère pédagogique, des lettres confuses apparaissant sans objet et des dossiers devant les juridictions. Toutefois tous les dossiers seront transmis intégralement aux membres du jury qui auront la latitude d’apprécier.
En faisant une analyse de la nature des interpellations, on constate que les litiges fonciers, comme d’habitude, sont les plus nombreux, il s’agit des indemnisations après expropriation. On notait aussi des interpellations relatives aux difficiles conditions de détention dans nos prisons. Enfin de nombreuses réclamations qui ont trait à la situation que connaît le nord de notre pays ont été abordées.
Particularité de cette édition
Naturellement, il y a eu des réformes par rapport aux précédentes éditions. Pour commencer, les membres du jury ont été ramenés à 7 au lieu de 9 comme par le passé. Sur ces 7 membres, 3 sont des personnalités venues de l’étranger. Ensuite, la particularité est intervenue au niveau de la composition des membres du jury. A cet effet, l’arrêté du médiateur prévoit au moins un juriste parmi eux. Cette année, le choix s’est porté sur Sérigne Diop, juriste de haut rang, ancien ministre de la Justice du Sénégal et professeur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. On notait également Catherine Choquet, de la Fidh, une ancienne de l’EID et Hamidou Traoré un compatriote qui travaille à la mairie de Paris et qui a de l’expérience en matière d’assainissement.
Ils sont complétés par quatre personnalités nationales dont au moins un juriste, une personnalité de la société civile, un membre de la confession musulmane et alternativement un membre de l’église catholique ou de l’église protestante. Les personnalités choisies sont Me Brahima Koné, président d’honneur de l’Amdh et président de l’Union inter africaine des droits de l’homme; Mme Coulibaly Salimata Diarra de l’Ascoma; le représentant du Haut Conseil Islamique, Sidy Konaté et le pasteur Marc Goïta de l’église protestante. A noter que la présidence de la commission d’organisation de cette édition est revenue au secrétaire général des services du médiateur, Founé Dembélé.
Autre spécificité, cette année la commission a décidé de réunir le jury dès le 6 décembre pour assurer à ses membres au moins trois jours pour examiner les dossiers avant le jour J. Par le passé, relève le président de la commission d’organisation, les départements ministériels se sont plaints de la façon dont les recommandations sont formulées et qui peut être liée au temps dont disposaient les membres du jury pour les formuler.
Ibrahim M.GUEYE