La 17ème édition de l’espace d’interpellation démocratique (EID) s’est tenue le lundi 10 décembre 2012 sous la présidence de M. Tiéna Coulibaly, Ministre de l’Economie, des Finances et du Budget représentant le Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Le coup d’envoi a été donné par le Médiateur de la République M. Diango Cissoko en présence de nombreuses personnalités dont Seringue Diop, Président des jurys d’honneur et certains membres du gouvernement.
Même si la concrétisation des paroles proférées lors des précédentes sessions reste un combat de tous les jours, le peuple malien reste attaché à sa tradition qui est l’organisation de l’EID chaque année. En effet, cet espace donne la latitude à chaque citoyen de s’exprimer librement pour interpeller les autorités publiques lorsqu’ils se sentent lésés dans leurs droits. C’est pourquoi, les autorités maliennes tiennent ses assises chaque 10 décembre, journée de commémoration de la déclaration universelle des droits de l’homme. C’est ainsi que souligne le Médiateur de la République, l’Etat de droit implique la construction d’un système chargé de garantir la protection des droits et respect des libertés. Pour lui, l’EID a permis de rétablir de nombreux citoyens dans leurs droits. L’édition de cette année se situe dans un contexte caractérisé par des atteintes graves aux droits humains fondamentaux. Selon Diango Cissoko, on ne dénoncera jamais assez les pillages, viols, mutilations, profanations de lieux saints et autres violations de droits humains dont est victime notre pays depuis le mois de janvier 2012. Il a noté que l’approfondissement et l’enrichissement de la démocratie et le respect des droits humains demeurent des combats permanents pour nous. Le médiateur de la République a accentué le dysfonctionnement constaté dans les services publics dont il a expliqué par le manque de professionnalisme et à la non application des lois et règlement par certains agents publics. Il n’a pas manqué d’inviter les interpellants à rester poli dans les propos lors des interventions.
En prenant la parole, M. Seringue Diop, Président des médiateurs des pays africains francophones, a, au nom de l’ensemble des membres du jury, exprimé sa solidarité avec le Mali en cette période cruciale. Pour lui, le problème du nord du Mali n’est pas seulement le problème du Mali mais de toute l’Afrique de l’ouest et nul ne peut rester en marge. Par ailleurs, il souligne l’importance d’une telle assise dans la vie d’une société démocratique.
Notons que plus de cent interpellants ont été reçus par la commission de dépouillement qui a rendu publique son rapport de 60 pages. 25 d’entre elles ont été lues dans la salle avec une grande majorité de cas liés au foncier et non exécution de décision de justice. D’autres cas tels que la lenteur administrative, le manque d’autorité de l’Etat, la maltraitance dans le milieu carcéral ont été évoqués pour mettre en relief les insuffisances du système judiciaire et le manque de protection pour les faibles.
Pour terminer, il a été souligné par le Président de la commission d’organisation que des efforts ont été fournis par certains Départements ministériels afin que les engagements pris lors de la 16ème édition soit suivis d’effet. Par ailleurs, nous regrettons que d’autres n’ont pas encore trouvé de solutions malgré le bien fondé des interpellations les concernant. A ce titre, le ministère de la Justice a été mis en cause dans l’interpellation de Madame Aïssata Sow du village SOS de Kita, victime d’une agression physique et de celle relative au cas des riverains et autres de la Rue 493 de Kalanbancoro Adeken objet de morcellement illicite. Pour cette édition, sur 32 interpellations retenues pour suite à donner, 31 ont fait l’objet de réponse de la part des Ministères concernés.
Signalons que cet espace est une tribune de consolidation des acquis de notre démocratie. Pourvu que les recommandations soient respectées à la lettre.
Mamadou BALLO