Droits humains de la femme : Quel regard de l’Islam ?

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Les Droits de l’Homme et l’Islam sont-ils compatibles ? La question mérite aujourd’hui d’être posée tant de nombreuses voix contre les droits de l’Homme, en particulier contre les droits humains de la femme. La plupart des femmes demeurent encore victimes  d’injustices comme  l’analphabétisme, l’exclusion sociale, professionnelle et politique. Au nom justement de l’islam. Quel regard porte notre religion sur les droits humains, plus particulièrement sur les droits humains de la femme ? Se référant  au Qur’an (Livre Saint des Musulmans) et au Hadîth (paroles et actes du prophète Mohammad), le Dr.Fawzia AL ASHMAWI, Professeur et Expert en études islamiques édifie sur la question.

 

 

Religion universelle révélée au milieu du VIIème siècle après Jésus-Christ, l’Islam, selon le Dr.Fawzia AL ASHMAWI, prône les principes d’égalité, de fraternité et de justice sociale, sans distinction basée sur la race, la couleur, le sexe, l’ethnie ou la nationalité. Ces principes, poursuit le Dr Fawzia AL ASHMAWI, sont les mêmes, à quelques variantes près, que les principes de la Déclaration Universelle des droits de l’homme  adoptés au cours de la session de l’Assemblée Générale de l’O.N.U. du 10 décembre 1948.  En effet, précise le Dr Fawzia AL ASHMAWI,  « trois articles de la Déclaration présentent une certaine incompatibilité avec les principes islamiques fondamentaux. L’article 2 de la Déclaration affirme que les êtres

 

 

humains sont égaux en droits (sans distinction de sexe) alors que l’Islam préconise une « complémentarité » et accorde à l’homme une pré-éminence sur la femme quant à l’héritage (la part d’un homme équivaut à celle de deux femmes) et au témoignage (le témoignage de deux femmes équivaut à celui d’un homme). L’article 16 de la Déclaration assure le droit des hommes et des femmes à choisir librement leur conjoint or l’Islam impose à la femme musulmane d’épouser un musulman alors que l’homme musulman a le droit d’épouser une non-musulmane. Enfin l’article 18 de la Déclaration garantit le droit à tout être humain de choisir sa religion et de changer de religion, quant à l’Islam, il n’autorise pas les Musulmans,

 

 

une fois convertis à l’Islam, de changer de religion. A part ces trois articles, les 27 autres articles de la Déclaration Universelle des droits de l’homme ne présentent aucune incompatibilité avec la conception islamique des droits de l’homme ». Les droits de la femme faisant partie des droits humains, on peut dire qu’il y a compatibilité entre l’Islam et les droits de la femme. Pour plus de prudence, faisons cependant appel à l’expertise du Dr Fawzia AL ASHMAWI.

 

 

De l’égalité entre l’homme et la femme selon l’Islam

Evoquant des versets, celui-ci dira que «le discours coranique est adressé à l’humanité tout entière, voire aux hommes et aux femmes, en utilisant le concept de « al-Nass » (les gens), utilisé dans le but de mettre l’accent sur l’égalité originelle de tous les êtres humains, comme il est dit dans le verset suivant:O, Les gens, Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et vous avons désignés en nations et tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Oui, le plus noble des vôtres, auprès de Dieu, c’est le plus pieux…”( Sourate 49- verset 13) Ce verset souligne l’origine commune de tous les êtres humains“un mâle et une femelle” et le but de la création qui est de vivre en nations afin de s’entre-connaître.

 

 

 S’agissant toujours de l’égalité entre l’homme et la femme selon l’Islam, l’émérite Professeur, le Dr Fawzia AL ASHMAWI insiste « … le Qur’an préconise l’égalité entre l’homme et la femme, en tant qu’êtres humains issus d’une seule âme, jouissant de la même dignité humaine, ayant les mêmes droits mais des rôles complémentaires. “ … Elles (les femmes) ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance. Mais les hommes ont cependant une prééminence sur elles” (Sourate 2, verset 228). Toutefois, note le Dr Fawzia AL ASHMAWI, «  cette prééminence n’est pas une supériorité mais plutôt le signe d’une hiérarchie dans la famille et dans la société : l’homme est le chef de famille, la femme est la gérante de la famille et les décisions familiales sont prises, après consultation et délibération, sur une base d’égalité selon le principe de la « shura » (consultation):

 

 

leurs affaires (les croyants musulmans) sont gérées selon le principe de la consultation (shura). (sourate 42, verset 38) La complémentarité de l’homme et de la femme est confirmée par ce verset stipulant que l’homme et la femme forment une véritable symbiose: “En vérité, Je ne laisse perdre l’oeuvre d’aucun parmi vous, homme ou femme, car vous êtes les uns des autres.” ( Sourate 3, verset 195).

 

 

En outre, relève le Dr, « L’Islam n’interdit pas à la femme de s’instruire, d’avoir une formation et d’exercer une activité professionnelle sans aucune restriction d’ordre religieux. En effet, selon un Hadîth du Prophète Muhammad: « L’instruction est une obligation pour tout musulman» (entendre homme et femme)

 

 

Pourtant et en dépit de ce Hadîth, soutient toujours le Dr Fawzia AL ASHMAWI, « les hommes musulmans avaient privé les femmes musulmanes de leurs droits à l’instruction et au savoir ; ils ont de tous temps veillé à reproduire dans leurs rapports avec elles, consciemment ou inconsciemment, des fonctionnements liés à la tradition, à la culture, aux moeurs et coutumes de leurs ancêtres. Ce qui explique que de nos jours le taux d’analphabétisme est très élevé parmi les femmes dans les pays dits islamiques. En dépit de toutes les affirmations solennelles du Coran en ce qui concerne les droits de la femme et l’égalité des sexes, force est de constater que dans la pratique la femme musulmane continue de subir de nombreuses contraintes en terre d’islam. A travers les siècles, les hommes musulmans ont contourné les  prescriptions coraniques à leur profit et ont privé les femmes du statut privilégié qui leur est octroyé dans le Coran ». Un autre sujet qui a retenu l’attention du Professeur concerne la question spéciale du voile.

 

 

La question spéciale du voile

Intervenant sur la question spéciale du voile, le Dr Fawzia AL ASHMAWI affirme « Quant au voile islamique et bien qu’il soit prescrit par le Coran, il ne constitue pas une condition sine qua non pour être musulmane ». De même, explique le Professeur, « le port du voile n’est pas un signe de soumission mais une prescription religieuse liée à une tradition et à un mode de vie propre aux Musulmans ». Par le voile, les « femmes musulmanes émancipées cherchent à s’épanouir dans la société, tout en restant fidèles à leurs convictions religieuses », ajoute-t-il.

 

 

En définitive, selon l’Islam, tout être humain, homme ou femme, a droit à la vie, à la dignité

humaine, à la liberté, au savoir et à l’emploi, soutient le Dr. Pour lui, les principes d’égalité, de fraternité et de justice sociale ainsi que l’élimination de toutes formes de discrimination raciale, tribale, ethnique, sexiste, de nationalité ou de couleur préconisés par le Qur’an sont des principes humanistes. Aussi, ont-ils « été appliqués par le prophète de l’Islam, Mohammad, au VIIème siècle, dans la cité de Médine. En effet, le Prophète/gouverneur, après consultation et délibération avec les trois communautés, musulmane, juive et chrétienne de la cité, a réussi à trouver un modus vivandi garantissant à tous les citoyens de Médine, Musulmans, Juifs et Chrétiens, les mêmes droits. Un document authentique et préservé jusqu’à nos jours, « Sahifat al-Madina », concrétise ces principes fondamentaux du vivre ensemble : l’équité, l’égalité et la justice sans distinction ni de race, ni de religion, ni d’ethnie ni de sexe, ni de couleur. Ce document est considéré comme la première constitution pour un véritable Etat islamique ».

 

 

En gros, « la conception des droits de l’homme et des droits de la femme préconisée par l’islam, depuis quatorze siècles, est compatible avec les principes fondamentaux des droits de l’homme tels qu’ils sont énoncés dans la Déclaration Universelle des droits de l’homme, dont nous et tels qu’ils devraient être appliqués à tous les être humains de toutes les nations du monde », conclut l’Expert en Etudes Islamiques, le Dr Fawzia AL ASHMAWI.

H. D.

 

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