La salle de conférence de la Maison de la presse a servi de cadre, hier jeudi 22 février, à la conférence de presse de lancement régional du rapport annuel 2017-2018 d’Amnesty International. C’était sous l’égide son Directeur Afrique de l’ouest, Alioune Tine.
Les droits humains se portent très mal en Afrique de l’Ouest et du Centre. Pour le Directeur régional d’Afrique de l’Ouest et du Centre, Alioune Tine la haine est passée du discours à l’acte. Suivant ces propos, l’année 2017 a été marquée par des homicides et des passages à tabac de manifestants pacifiques, des actes de torture infligés à des détenus, un recours excessif à la force, des attaques concertées contre des opposants politiques, des défenseurs des droits humains et des organisations de la société civile. « Des dirigeants d’Afrique de l’Ouest et du Centre n’ont reculé devant rien pour s’en prendre aux défenseurs des droits humains », commente-t-il.
La régression des droits humains
A le croire, dans la région, certains dirigeants ont dédaigné les droits humains avec cynisme. Parmi les signes de régression figurent l’étouffement de la dissidence et la répression des manifestations au Cameroun, au Tchad, au Togo et en Sierra Leone, notamment à travers l’interdiction illégale de manifestations, le recours excessif à la force à l’ harcèlement et les arrestations arbitraires de manifestants. L’ancien président de la rencontre africaine des droits de l’Homme (Radho) fustige le mépris cruel des dirigeants à l’égard des défenseurs des droits humains. « De nombreux dirigeants sont restés les bras croisés, mettant ainsi les personnes qui réclamaient le respect de leurs droits en réel danger » déplore l’avocat Sénégalais.
La situation au Mali
Le Mali est logé à la même enseigne. Les attaques lancées par des groupes armés contre des civils et les forces de maintien de la paix se sont propagées du nord vers le centre du pays. Le rapport informe sur les exactions perpétrées par les groupes armés, la liberté d’expression, l’impunité, les conditions de détention dans les centres de privation de liberté et enfin du droit à l’éducation.
Exactions perpétrées par des groupes armés
Les attaques, explique RamataGuissé, Directrice d’Amnesty Mali, se sont multipliées dans les régions centrales de Mopti et de Ségou. En février, des inconnus ont attaqué des Peuls, faisant 20 morts et 18 blessés. A l’en croire, la présence accrue de groupes armés et l’intensification du recrutement local ont aggravé les tensions entre différentes ethnies. « Entre janvier et septembre, la MINUSMA a dénombré au moins 155 attaques contre ses propres forces, les forces de sécurité maliennes et les militaires français de l’Opération Barkhane », a-t-elle souligné. La plupart de ces attaques ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, a précisé la directrice de l’Amnesty Mali.
Menace sur la liberté d’expression
Celle-ci a été sérieusement menacée à l’approche du référendum sur la révision Constitutionnelle. En juin, poursuit-elle, des affrontements entre des personnes manifestant contre la révision et des policiers, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques, faisant au moins huit blessés. Des menaces physiques et verbales visant des opposants au référendum ont été signalées en juillet. Le même mois, Mohamed Youssouf Bathily (dit Ras Bath), chroniqueur à Maliba FM, a été condamné à un an d’emprisonnement pour « incitation à la désobéissance des troupes » parce qu’il avait critiqué la gestion de certaines hauts gradés de l’Armée malienne. Il a été acquitté en novembre par la Cour d’appel de Bamako. La tentative d’assassinat d’un autre chroniqueur Madou Kanté a aussi été constatée au même moment.
Toutefois, tempère-t-elle, des avancées ont été observées avec le vote de la loi de protection des défenseurs des droits de l’homme en décembre 2017 et la récente création par les Nations Unies de la commission internationale d’enquête sur les violations des droits de l’homme au Mali. Cependant, l’annonce de l’élaboration d’une loi d’entente nationale demeure une préoccupation majeure partagée par l’ensemble des organisations, conclut Ramata Guissé.
Abdrahamane Sissoko