A l’instar des autres pays du monde, la Journée internationale de la femme a été célébrée au Mali mercredi dernier (8 mars 2023). Organisée au Stade Omnisports «Modibo Kéita» de Bamako, la cérémonie officielle commémorative a eu lieu en présence du président de la Transition qui a salué l’engagement des Maliennes sur les différents chantiers aujourd’hui ouverts afin de redonner au Mali sa vraie souveraineté, donc son honneur et sa dignité. Mais, à l’heure du bilan, on se rend compte que les acquis sont maigres parce que les défis au plein épanouissement (socio-économique, politique…) de la Malienne de tous les âges semblent défier le temps et la volonté politique.
«Femmes, actrices incontournables, debout pour la paix, la sécurité, la cohésion sociale et la réconciliation au Mali» ! Telle était le thème de la célébration de la Journée internationale des droits de la Femme au Mali (le thème international était : «Pour un monde digital inclusif : innovation et technologie pour l’égalité des sexes»). Un événement présidé par le président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, au Stade Omnisports «Modibo Kéita» de Bamako.
Le président de la Transition a mis en relief l’importance de la contribution des femmes à l’avant-garde du combat pour la souveraineté. Elles ont ainsi un rôle prépondérant à jouer sur les énormes et divers chantiers de la refondation. Ainsi, la réussite des réformes entreprises ou à entreprendre dépendent en partie de l’engagement de la gente féminine du pays. Profitant de la tribune du 8 Mars, le Colonel Assimi Goïta a exhorté les organisations et les groupements de femmes à inscrire désormais leurs actions dans le cadre des trois principes qui régissent désormais l’action publique à savoir : le respect de la souveraineté nationale, celui des choix stratégiques définis par les autorités et la prise en compte de l’aspiration du peuple. «Le respect de ces principes permettra à notre pays d’obtenir un avenir meilleur», leur a-t-il assuré.
Et comme d’habitude, ce fut une opportunité de baliser les défis qui entravent l’épanouissement de la jeune fille et de l’adolescente ainsi que l’autonomisation de la Femme. Le maintien de la fille à l’école, la participation des femmes dans la prise de décisions, les violences basées sur le genre sont, entre autres, les défis énumérés par le président Goïta qui a donné l’assurance aux Maliennes que «toutes ces préoccupations sont au cœur des réflexions pour trouver des solutions idoines». Les élections et les réformes à venir constituent aussi d’autres challenges qui nécessitent la mobilisation des femmes constituant plus de la moitié de la population malienne.
Quant au ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Wadidié Founé Coulibaly, elle a évoqué l’insuffisance du budget alloué à son département ; la problématique de l’accès aux intrants et aux marchés pour les femmes rurales et entrepreneures ainsi qu’à la propriété foncière ; la recrudescence des violences basées sur le genre (VBG), l’application strict de la Loi N°2015-052/ du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.…
L’impuissance de la volonté politique face aux défis de l’épanouissement de la Femme
Quand on regarde de près, il s’agit de défis bien balisés depuis toujours mais qui, inexplicablement, résistent à la volonté politique depuis des décennies. Pis, ils prennent de l’ampleur pour certaines femmes leaders de la société civile. «Après cette journée, les Maliennes doivent se poser des questions par rapport à cette situation du 8 Mars et l’ampleur du côté festif au Mali pendant que les droits des femmes restent toujours dans les tiroirs. J’avais espéré que les pancartes allaient faire ressortir la situation que nous vivons et qui prennent de l’ampleur d’année en année ? Je parle de viol sur mineur, de féminicide…», a déploré l’une d’elles !
Toutefois, le Mali n’est pas un cas isolé. En effet, selon le Secrétaire général des Nations unies, il faudrait attendre 300 ans pour atteindre l’égalité des genres au rythme actuel. Une déclaration faite le 6 mars 2023 à l’occasion de l’ouverture de la session annuelle de la Commission de la condition de la Femme. Une alerte sérieuse qui prouve que les progrès réalisés ne sont plus des acquis.
D’où la nécessité d’une mobilisation collective pour «garantir à la moitié de l’humanité les droits essentiels à sa survie et à l’épanouissement du monde». Et pour Antònio Guterres «l’inégalité entre les sexes est une question de pouvoir. Nous devons égaliser le pouvoir de 3 façons : accroître l’éducation, les revenus et l’emploi des femmes et des filles, promouvoir leur pleine participation et leur leadership dans la science et la technologie et créer un environnement numérique sûr pour tous».
En tout cas, malgré cette résistance, le Chef de l’Etat a engagé le gouvernement à maintenir la dynamique déjà amorcée en vue de ramener le bilan de la promotion de la Femme à hauteur de souhait au Mali. Le président de la Transition a rappelé que «le Mali est un pays de tradition et de civilisation qui a toujours privilégié les aspirations des femmes. C’est pour cette raison que nous travaillons à la mise en place d’un cadre juridique respectueux de nos valeurs sociales culturelles en rapport avec nos engagements régionaux et internationaux».
Mais, comme l’a dit la présidente de Solidaris223, Dicko Amina Dicko, pour les Maliennes, «la route est longue et parsemée d’embûches, mais avec la détermination on verra le bout du tunnel. A nous de changer de fusil d’épaules» ! Il le faut vraiment car une autre approche semble être indispensable pour venir à bout de ces défis qui menacent l’épanouissement et l’autonomisation de la Femme !
A noter que le 8 Mars est une journée de rassemblement à travers le monde, donc de mobilisation pour la défense des droits des femmes, notamment ceux de participer à la vie politique et économique. C’est aussi une bonne opportunité de faire un bilan sur la situation des femmes !
Naby
Encore des progrès civilisationnels à faire
Dans 3 000 ans sans doute ?
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