Drogues au Mali : Pas seulement une zone de transit

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Une vue de la drogue saisie

« Il y a la drogue dans la cité, mais elle n’est pas encore un sujet de débat public. Il est établi qu’à l’instar des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, notre pays n’est pas seulement une zone de transit de la drogue, mais aussi et malheureusement un pays où la consommation prend des proportions importantes », a déclaré Augustin Cissé, porte parole du réseau malien d’organisations de la société civile « Osons parler de la Drogue au Mali » (OPDM). Le lien entre les activités illicites de drogue et la stabilité des institutions démocratiques, le développement de la pandémie du sida, les conflits sociaux, les maladies mentales, le chômage, la criminalité organisée, la corruption, le blanchiment d’argent, le terrorisme, les atrocités de masse… est déjà établi. C’est pourquoi, on peut dire avec aise que la problématique de la drogue doit être perçue et traitée aujourd’hui comme une question de développement, a –t-il ajouté.

Une présentation de l’Office central des stupéfiants (OCS), de 2012 à 2014, la structure a saisi d’importantes quantités de drogues, à savoir : 36, 400 kilogrammes de méthamphétamine ; plus de seize (16) Kilogrammes de cocaïne ; près de dix  (10) tonnes de cannabis (chanvre indien). D’autres drogues comme l’héroïne, le crack, l’éphédrine, le diazépam, le valium, le rivotril, le  tramadol et beaucoup de produits pharmaceutiques contrefaits. « Le pari de la lutte contre la drogue ne peut être gagné que par le concours de l’ensemble des composantes de la société (pouvoirs publics, société civile, médias…) », a conclu Hamidou Kéita, conseiller juridique de l’OCS.

De nombreux témoignages au cours de cet atelier ont fait état d’un commerce florissant des drogues à Bamako et au Mali. Selon certains des rues et mêmes des maisons connues du public, en commune II du district de Bamako, et particulièrement à Bagadadji et Medina Coura, sont indexées comme étant des lieux de commerce et de consommation. Selon certains témoignages, ces lieux et ces opérations sont connues de la police et des autorités. Le manque de volonté politique a été beaucoup évoqué au cours de cette journée d’échanges. Les participants ont suggeré que la drogue cesse d’être un sujet tabou, que la sensibilisation soit accrue et qu’il y ait un numéro vert pour dénoncer les cas suspects, afin que des enquêtes permettent d’établir des preuves. Les participants ont recommandé une harmonisation des législations en Afrique de l’Ouest, afin d’éviter que le Mali qui dispose d’une législation plus tolérante, plus douce ne puisse pas drainer les drogues de la sous région et les trafiquants de tout acabit (comme ce fut le cas lorsque les pays voisin ont choisi le Mali pour venir exciser leurs enfants). Renforcer les capacités des hommes de média et impliquer les acteurs de la société civile pour crever l’abcès.

A noter que cet atelier de Bamako intervient après un atelier de deux jours sur les politiques en matière des drogues, organisé par la Commission Ouest-Africaine sur les Drogues (WACD) et le Consortium International sur les Politiques des Drogues (IDPC) du 3 au 4 juin 2015 à Hôtel Mensvic à Accra, Ghana.

L’objectif de cet atelier était de favoriser la compréhension de la véritable nature du problème des drogues dans la région, et de sensibiliser également les décideurs aux problèmes auxquels les consommateurs des drogues, les responsables de l’application des lois et politiciens font face. Cet atelier cherchait à améliorer également les compétences des journalistes dans leurs rapports sur les problèmes liées aux drogues dans la région.

Boukary Daou

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