Il y a de ces exploits qui passent comme des faits divers s’ils ne sont pas connus du public. C’était en Février 2012, que l’organisation des Nations-Unies à travers son organe dénommé ‘’ONU-Femme’’ avait organisé une compétition entre une vingtaine d’équipes d’escaladeurs venant d’une quinzaine de pays Africains et Européens pour l’ascension du Mont Kilimandjaro appelé le ‘’le toit de l’Afrique’’ haut de 5.895 m. La coopérative des moniteurs d’escalade de Siby créée en 2005 par huit jeunes au départ illettrés sans emploi avec l’appui de l’Association ‘’Karemba Touré’’(AKT) dirigée par Mme Touré Thérèse avait deux représentants parmi la vingtaine d’équipe comprenant entre autre les pays suivants le Mali, l’Allemagne, le Maroc, le Congo, l’Italie, l’Espagne, le Centrafrique, la Zambie, le Portugal, la Belgique, Hollande, la France etc., étaient appelés à grimper le Kilimandjaro. Ces deux jeunes Moussa Camara 34 ans et Soungalo Traoré 31 ans étaient les représentants du Mali. Cette coopérative est d’ailleurs la seule connue au Mali. Le programme des Nations-Unies pour le Développement à travers sa représentation du Mali a eu à organiser leur mise en route pour la Tanzanie qui abrite le Mont Kilimandjaro.
Le programme de la compétition prévoyait une visite médicale, une dotation en équipement d’ascension, quatre jours de marche dont la distance moyenne était de 23 Kms pour les 3 premiers jours et 14 Kms pour le dernier jour de marche qui permet d’atteindre le point culminant du Kilimandjaro vers le crépuscule. La vraie ascension commence alors après le diner au environ de 22 heures. Pour ce faire deux équipes ont été formées soit au total 65 compétiteurs. La première à laquelle les deux jeunes Maliens de Siby appartenaient devrait prendre le chemin où la pente est très forte. La deuxième équipe devrait emprunter le chemin ayant une pente plus douce. Dans tous les cas, les équipes devraient atteindre au plutôt le sommet couvert de neige, que nous voyons quelques fois sur les rares photos de ce sommet, à 7heures et au plus tard à 10 heures. Les deux représentants qui faisaient parti de la première équipe ont planté le drapeau Malien à 7heures le 22 Février 2012 dans le glacier au sommet du Kilimandjaro. La fixation du drapeau Malien n’a pris que quelques minutes, à cause du très grand froid sur ces hauteurs. Au mât du drapeau, ils ont accroché le médaillon portant l’effigie du Pr Dioucounda Traoré président de l’Assemblée Nationale à l’époque. Avec des bénédictions pour le Mali. Sur la vingtaine de pays représentés, le Mali a été le seul pays dont les deux représentants ont eu chacun, le diplôme d’ascension jusqu’au sommet du Kilimandjaro. Ils ont fait honneur au Mali. Ces diplômes ont été obtenus au prix d’un effort soutenu depuis 1999 où Mme Touré Therese animatrice de l’Association Karemba Touré (A.K.T) soucieuse de développer le tourisme dans les communes de l’Arrondissement de Siby à travers les nombreuses montagnes qui s’y trouvent et le fleuve Niger a rassemblé des jeunes animateurs pour cet objectif, afin de leur garantir un emploi et un avenir dans ce domaine pourvoyeur d’auto emploi mais insuffisamment exploité jusque là. Sur une quarantaine de jeunes en 1999 cinq ont été sélectionnés par les formateurs Français en escalade pour dans un premier temps, suivre une formation locale dans les montagnes de Siby et dans un second temps entreprendre une autre formation professionnelle en France dans les Alpes en 2002. A leur retour au Mali, c’est en 2003 qu’un jury international constitué de moniteurs Français, des représentants du ministère des sports, de la Mairie de Siby a procédé au dernier test de qualification du 10 au 24 Février. En 2005, Moussa Camara et Soumaila Traoré ont bénéficié de bourses de perfectionnement pour la France, notamment à Chamonie dans la région de Grenoble dans une station de sky. C’est d’ailleurs ce stage qui leur a permis de comprendre les pièges de la neige. Toutes les formations dont ces jeunes escaladeurs ont bénéficié sont le fait de l’Association Calaro-France pour la science et la Technologie dont le président était Jean Pierre Gérardieu (JPG). Celui-là même qui était au Mali comme expert en énergie solaire, dans les années 1970 à 1974 au Centre Régional d’Energie Solaire (CRES) sur la colline de Badalabougou. Malheureusement il est décédé le 26 Novembre 2017. Ce dernier très amoureux du Mali en collaboration avec l’Association Karemba (AKT) a donné un emploi sportif à des jeunes.
Notons qu’au commencement, tous ces jeunes étaient illettrés. C’est grâce à une formation accélérée que ces jeunes naviguent désormais sur internet, tiennent leur comptabilité et sont tous devenus des chefs de famille. Ils vivent du produit de leur travail d’escalade, de V.T.T, de traicking qu’ils ont développé dans la zone du Mandé. Ils ont même mis en place une petite unité de production de confiture de mangues. Ces jeunes ont reçu à siby, quelques grands champions Français, Allemands et même Italiens d’escalade.
On peut se poser la question de savoir comment ces deux jeunes ont-ils été sélectionnés pour être médaillés par le ministre des sports ? C’est à la faveur des journées du Festival International des Cauris du Mandé (Fescauri) tenu à Siby en décembre 2016 qu’ils ont expliqué au niveau de leur stand aux ministres Ramatoulaye de la culture et Nana Walet du tourisme venues assister à l’ouverture dudit Festival leur profession et les diplômes obtenus en TANZANIE, pour l’ascension jusqu’au sommet du Mont Kilimandjaro en 2012. Ces deux ministres se sont impliqués fortement afin que cet événement ne reste pas dans l’oubli. C’est après qu’elles ont entrepris des démarches auprès du Ministère des Sports afin que ces deux jeunes soient récompensés pour avoir porté le drapeau malien très haut jusque sur le toit de l’Afrique en Tanzanie. La démarche des deux ministres vient d’aboutir, car les deux jeunes, ont leurs noms sur la liste des sportifs devant être couronnés le 26 Février 2018 à Bamako. Ces jeunes accompagnés en la circonstance par Mme Thérèse Touré seront titulaires de médailles à partir de la cérémonie de distinction honorifique. Ils savent que cette distinction confère peu de droits matériels, mais beaucoup de devoirs moraux. Leur engagement doit-être avant tout civique et éthique. Les jeunes récipiendaires doivent persévérer dans cette voie afin de donner l’espoir aux autres jeunes qui n’ont pas eu cette chance.
Nous pensons que si les deux jeunes sont décorés, il y a lieu de penser à Mme Thérèse Touré de l’Association Karemba Touré (AKT) à cause de laquelle, tout cela a été possible. Elle a eu le flair de transformer des jeunes candidats à l’immigration en Europe en passant par la mer méditerranée, en cadres sportifs créateurs d’emploi local permanent. Qui peut dire mieux. Merci à Thérèse, Gerardier, Didellon, Franck, qui ont chacun en ce qui les concerne rendu possibles cette aventure de la montagne.
Seydou Diarra