Alors que leur président est engagé dans une démarche solidaire au sein du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques, une large majorité de l’ex parti présidentiel, le RPM, est passée à la vitesse supérieure. De nombreux caciques du Rassemblement Pour le Mali on a opté en effet pour l’accompagnement à visage découvert du projet référendaire initié par les autorités de la Transition. C’était le 1er juin à la faveur d’une conférence de presse dans les locaux du Centre International de Conférence de Bamako, sous la présidence de l’ancien ministre de l’Agriculture Dr Nango Dembélé. Raison principale évoquée : se mettre en phase avec leurs structures de base respectives.
Dans une déclaration lue par Mahamane Baby, le RPM justifie en clair sa position par les conclusions de la conférence de cadres du 4 septembre 2020 où le parti a décidé de soutenir les autorités de la Transition pour le retour à l’ordre constitutionnel. Toutes choses qui n’ont guère évolué, explique-t-on, en dépit de l’aventure de son président par défaut au sein du Cadre d’échange des partis et regroupements politiques.
Les justifications du soutien du RPM au projet de révision constitutionnelle ont trait également aux recommandations et conclusions du Dialogue national inclusif ainsi que des Assises nationales de la refondation. L’ancien parti présidentiel met aussi l’accent sur la nécessité de révision de la Constitution du 25 Février 1992 que traduisent les tentatives de tous les anciens présidents de la République, dont la dernière en date est celle initiée par Feu Ibrahim Boubacar Keita en 2017. Le RPM salue par ailleurs l’inclusivité dans la démarche d’élaboration du Projet de nouvelle constitution à travers la composition de la Commission de finalisation et exprime en même temps une préoccupation face à l’environnement sociopolitique difficile du pays qui commande une union et une cohésion nationales. « Nous-nous reconnaissons en grande partie dans le projet de nouvelle Constitution qui reprend les dispositions de la loi référendaire de 2017 votée par l’Assemblée nationale suite à la tentative de révision initiée par IBK», ont-ils expliqué. Il s’agit, selon Baber Gano, de l’expression plurielle des partis politiques, de la forme Républicaine de l’Etat de la durée du Mandat du Président (05) ans et de la détermination de la politique de la nation par le président de la république ainsi que le pouvoir du président de la République de démettre le 1er Ministre sans que celui-ci présente sa démission. Le RPM dit également se reconnaître dans l’avènement du Senat comme deuxième chambre du parlement, la suppression du Haut Conseil des Collectivités Territoriales et de la haute cour de justice ainsi que de la création de la cour des comptes et du maintien du mode de scrutin majoritaire à deux tours pour l’élection du président de la République et des députés. Conséquence : leurs militants et sympathisants et l’ensemble de la population malienne sont appelés à se mobiliser pour un vote massif le 18 Juin 2023 pour le « OUI ». Et, pour ce faire, les héritiers d’IBK ont demandé aux autorités de la Transition de prendre toutes les dispositions matérielles et sécuritaires pour le bon déroulement du scrutin et leur ont réaffirmé leur soutien pour la réussite de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel normal.
Le ministre Nango Dembélé a motivé sa position par le souci d’être en phase avec sa base. « Aujourd’hui ma base qui est Yorroso est pour la nouvelle constitution, je suis qui pour m’y opposé à son aspiration », a-t-il martelé avant d’engager la jeunesse à s’impliquer le jour du scrutin afin d’élever le taux de participation.
Treta saura-t-il entendre raison ?
Dépassé par le cours des événements et gêné jusqu’aux entournures par une perte progressive de contrôle sur les troupes au RPM, le président par défaut des Tisserands saura-t-il tirer les enseignements en suivant le mot d’ordre de ce qu’il convient de désigner comme la crème de son parti ? La question se pose davantage avec le revirement spectaculaire d’un de ces compagnons du Cadre, en l’occurrence Amadou Koita, qui a fini par s’aligner du côté des autorités de la Transition pour mener à bon port le processus référendaire. Il a notamment appelé les militants et sympathisants du PS Yélen Koura à se prononcer en faveur du projet constitutionnel, le 18 juin prochain. Ce virage à 190° de Koïta devrait inspirer Bocari Treta à suivre le mot d’ordre de ses camarades de lutte qui représentent pour le moins le poumon du parti. Il s’agit, tenez-vous bien, d’anciens ministres et membres du BPN comme Dr Nango Dembélé, Me Baber Gano, Frankaly Keita, Mohamed Ag Erlaf, Mahamane Baby et Alassane Ag Moussa, d’anciens députés avec à leur tête l’ancien président de la 5e législature Issiaka Sidibé, Mamadou Diarrassouba, Mohamed Ould Mataly, Yacouba Traoré de Ségou, Salia Togola, Mamadi Sidibé entres autres. Plusieurs maires et conseillers communaux dont celui de Gossi ont également répondu présents, auxquels s’ajoute la jeunesse du parti à travers le vice-président du Bureau National de l’Union des Jeunes du Rassemblement Pour le Mali (BN UJ-RPM), Demba Coulibaly. Et selon les estimations de Mamadou Diarrassouba, 33 sections des 66 sections étaient représentées. Dans les wagons du train de l’accompagne semble faire défaut, toutefois, Bocari Treta dont l’isolement a inspiré à son camarade et ami, Mamadou Diarassouba, l’appel suivant : «Nous disons à notre grand- frère , à notre camarade de lutte de redescendre sur terre pour qu’on aille ensemble pour la réussite du RPM. Le parti n’appartient ni à Diarrassouba, ni à Nango, ni à Treta ni à Baber, mais à nous tous. Après le référendum nous allons nous retrouver pour parler en famille».
Amidou Keita